Institutions internationales - La péninsule ibérique et l'alliance atlantique - Nouvelles difficultés pour les Européens - Une menace sur les institutions internationales
Le titre d’un des rapports présentés lors de la 21e session de l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale (UEO), à Paris fin novembre, est significatif d’une des grandes préoccupations des Européens : « L’évolution de la Péninsule ibérique et l’Alliance atlantique », rapport présenté par M. Critchley. C’est qu’en effet l’unité géographique de la péninsule prend aujourd’hui une dimension politique, et bien que la situation de Madrid ne soit pas celle de Lisbonne, rien de ce qui se passe à Lisbonne ne peut rester sans répercussions à Madrid et par conséquent dans le bassin occidental de la Méditerranée.
À l’issue de ses entretiens avec M. Bourguiba début novembre, M. Giscard d’Estaing a laissé entendre que la France souhaitait que, selon une formule tunisienne, la Méditerranée devienne un « lac de paix », ce qui sous-entend le départ des forces navales américaines et soviétiques. Pour le président de la République, un développement de la coopération régionale entre les pays riverains de la Méditerranée permettrait de déplacer vers le sud le centre de gravité de l’édifice européen. Ce n’est pas là une idée nouvelle. Avant le général de Gaulle et M. Pompidou, M. Félix Gaillard avait, en 1957, suggéré la signature d’un « pacte méditerranéen ». Mais la Méditerranée n’est plus aujourd’hui pour personne mare nostrum, et M. Bourguiba a reconnu lui-même qu’il n’avait pas les moyens d’en faire partir les flottes américaines et soviétiques au moins, dans l’hypothèse la plus optimiste, tant que le conflit du Proche-Orient ne sera pas réglé. Au surplus, l’affaire du Sahara espagnol a prouvé que la solidarité maghrébine est plus illusoire que jamais. La Méditerranée n’est pas le « lac de paix » dont rêvent les Tunisiens, et il ne semble pas qu’elle soit à la veille de le devenir.
Nul ne peut dire ce que sera l’avenir de la Péninsule ibérique ; l’Italie est en crise chronique ; à Belgrade des procès vont être engagés contre des « kominformistes » alors qu’il y a quelques mois, les attaques visaient les « déviations nationales et libérales » ; la question de Chypre n’est pas réglée ; la Grèce n’a pas nettement défini sa politique étrangère : la Turquie est amère malgré la levée partielle de l’embargo américain sur les ventes d’armements : les Balkans restent ce qu’ils ont toujours été. une poudrière ; nul ne songe à demander à l’Union soviétique de respecter à la lettre la Convention de Montreux… De Lisbonne à Ankara, c’est toute l’Europe méditerranéenne qui est en crise, ce qui ne peut manquer de développer d’importantes conséquences politiques et stratégiques.
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