Outre-mer - L'URSS et l'Afrique - Madagascar devient une République démocratique - L'Éthiopie : un pays disponible pour toutes les stratégies
Depuis quelques mois, et plus particulièrement depuis que la décolonisation des territoires portugais s’est accélérée, l’URSS paraît avoir abandonné la réserve qu’elle a observée à l’égard des pays africains à partir de 1962. À la suite de la crise survenue au Congo et des déceptions qu’elle avait rencontrées en soutenant des rébellions armées contre les gouvernements en place dans certains États nouvellement indépendants, les Soviétiques s’étaient alors rendus compte que les populations africaines n’étaient pas encore préparées à se plier à toutes les obligations du marxisme. Il fallait donc prendre pied dans chaque pays quel que fût son régime, favoriser le développement économique, attendre une transformation de la société pour qu’une deuxième génération, instruite en URSS ou dans les capitales occidentales, fût capable de construire un État socialiste.
En conséquence, Moscou, en tant que grande puissance, noua progressivement des relations diplomatiques avec la plupart des capitales du continent, ne se manifesta plus par une aide intempestive à des formations qui se réclamaient du marxisme et accepta de cohabiter, même de coopérer, avec les pays occidentaux pour promouvoir le développement. Néanmoins, l’Union soviétique continua de soutenir les mouvements de libération dans des territoires encore soumis à une administration coloniale ou ségrégationniste. On pouvait croire que lorsque ceux-ci seraient parvenus à l’indépendance, l’URSS adopterait à leur égard la discrétion qu’elle avait observée dans les autres parties du continent. Ce n’est pas exactement le cas.
En Guinée et au Cap Vert, deux États dont le même parti pro-soviétique dirige les gouvernements, l’URSS cherche surtout à s’opposer à la pénétration chinoise sans trop faire obstacle, pour le moment du moins, à l’influence de l’Occident ; elle agit ainsi sans doute parce qu’elle craint les réactions des États modérés de l’Afrique de l’Ouest qui accepteraient difficilement un tel ostracisme. Au Mozambique, en revanche, elle est obligée de cohabiter avec la Chine, qui dispose d’alliés solides dans le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), mais cherche à limiter la présence des pays occidentaux ; le rôle indispensable qu’y joue encore l’Afrique du Sud pour des raisons économiques paraît être, aux yeux des Soviétiques, une ouverture suffisante vers le monde libre.
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