Marine - Jauger une marine
Les nations rivales sur mer ont cherché très tôt à mesurer les chances de succès de leurs opérations. Pour définir les moyens d’une politique navale, les marins se sont donc efforcés de déterminer un étalon de la valeur intrinsèque de leurs flottes permettant des comparaisons.
Du nombre des navires au nombre des projectiles
Le premier critère qui vint à l’idée était celui du nombre. De même qu’il était aisé de compter des fantassins ou des cavaliers et de les comparer à la masse ennemie, on compte galères et nefs. S’agissant d’objets de valeur militaire équivalente quel que soit le camp, ce nombre était effectivement significatif de la valeur globale des flottes. Seule la qualité tactique pouvait avoir raison du nombre, et c’est ce qui fit la gloire de Thémistocle dont les 380 navires mirent en déroute à Salamine les 600 trirèmes de Xerxès (480 avant J.C.).
Les navires se diversifiant, le nombre perdit sa signification absolue : il fallait tenir compte des capacités de l’ensemble des navires engagés avec leurs possibilités particulières. Dès l’emploi des armes de jet, le nombre et la masse des projectiles devinrent des facteurs déterminants. La bataille de l’Écluse (1340), au début de la guerre de Cent Ans, a été perdue par les Français à cause de la faible cadence du tir des arbalétriers embarqués sur nos navires en regard de celle des archers anglais, l’immobilité de nos navires entravés aggravant la défaite.
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