Asie - Corée du Nord : Kim Jong-il, nouveau « grand dirigeant »
Depuis le décès, le 8 juillet 1994, de son fondateur Kim Il-sung, la république populaire démocratique de Corée a connu un vide politique de plus de trois ans, et la situation dans la péninsule Coréenne reste l’une des plus préoccupantes en Asie. En succédant officiellement à son père, Kim Jong-il comble ce vide et passe du statut de « cher dirigeant » à celui de « grand dirigeant ». Pour la première fois dans l’histoire du communisme, on assiste à une succession dynastique après trois ans d’un deuil confucéen. Pourquoi tant de temps pour cette relève annoncée de longue date ? Aucune explication n’est parfaitement convaincante. Va-t-on assister à un changement de politique comme semblent le croire certaines chancelleries ? Le comportement de la Corée du Nord depuis la mort de Kim Il-sung ne le laisse guère augurer, tandis qu’un nouveau culte de la personnalité, encore plus outrancier, est en train de prendre forme.
Bien que né le 16 février 1942 à Khabarovsk (URSS), la propagande voudrait que Kim Jong-il soit né sur les flancs du mont Paekdu, montagne sacrée des Coréens que les nordistes appellent le « pic du maréchal » (Changgunbong). Apparemment peu désiré par sa mère, Kim Jong-suk, décédée peu après sa naissance, il grandit dans l’ombre de son père et dans une hostilité ouverte envers sa belle-mère et ses demi-frères. En 1950, et pendant toute la guerre de Corée, il est envoyé, avec sa sœur, en Chine. Il obtient son diplôme en science politique, à l’université Kim Il-sung, en 1964. Il occupe ensuite divers emplois dans les organes gouvernementaux.
En septembre 1973, il est élu secrétaire du parti, chargé de l’organisation, de la propagande, ainsi que chef du département de la direction. Le 11 février 1974, il entre au bureau politique du comité central. Son père, pour la première fois, le présente comme son futur successeur. À l’occasion du sixième congrès du Parti des travailleurs (10-14 octobre 1980), il accède au présidium du bureau politique, au secrétariat et à la commission des affaires militaires. Le 24 décembre 1991, il est nommé chef suprême des forces armées, puis, le 9 avril 1993, président de la commission nationale de défense. Après le décès de son père, le 8 juillet 1994, il reste plus de trois ans en période de deuil, n’apparaissant que rarement, principalement à l’occasion de cérémonies militaires. Il cherche alors visiblement l’appui de l’armée. Ainsi, en 1996, sur les cinquante visites qu’il a effectuées en province, trente-trois l’ont été dans des unités militaires. Il est officiellement élu secrétaire général du Parti des travailleurs le 8 octobre 1997. Cette nomination a été précédée de manœuvres de propagande cherchant à recréer à son profit un culte de la personnalité digne de celui qui entourait son père. Comme chacun a pu le constater, les cerisiers ont refleuri en octobre pour saluer la splendeur de l’événement.
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