En fixant à 2 400 le nombre des vecteurs stratégiques des deux Grands, l'accord de Vladivostok conclu en novembre dernier n'a pas réussi à stopper la course aux armements. Il a laissé toutes possibilités aux deux partenaires-adversaires de perfectionner leurs arsenaux stratégiques surabondants. L'auteur, officier de l'État-major des armées (EMA), retrace l'évolution ayant conduit à cet accord, en fait le bilan et en tire la philosophie.
L'accord stratégique de Vladivostok, tentative de mesure dans la démesure
Le 11 février dernier, M. Schlesinger s’adressant au Congrès insistait sur la détermination des États-Unis de ne pas se laisser ravir la suprématie militaire et, « en l’absence de solides preuves d’une modération soviétique », d’accroître quantitativement et qualitativement les forces stratégiques dans les limites autorisées par l’accord de Vladivostok.
Cette déclaration montre le souci du secrétaire d’État à la Défense de faire cesser les controverses américaines nées de la signature de cet accord auquel la plus large publicité avait été donnée. Les conclusions divergentes qu’ont pu en tirer les observateurs, de même que les fluctuations de température que subirent les relations USA-URSS avant et après cet accord laissent une impression incertaine. Il paraît donc utile de l’analyser en recherchant comment il s’insère dans la logique des conversations SALT. Ceci nous permettra d’essayer d’en dégager la portée réelle et de réfléchir sur le fond même du dialogue entre les deux Grands.
Depuis 1963, les États-Unis et l’Union Soviétique conversent sur le thème de la limitation des armements stratégiques (SALT). La crise de Cuba avait en effet démontré la fragilité de la paix basée sur l’équilibre de la terreur et la nécessité d’ouvrir un dialogue pour éviter de perdre le contrôle d’une nouvelle crise éventuelle. À cette époque, Américains et Soviétiques s’étaient déjà dotés d’un arsenal stratégique important. La portée des missiles balistiques s’était accrue et il devenait possible de frapper le territoire adverse sans être dans l’obligation de s’approcher de ses frontières.
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