Combattant du Vercors
Il était bon que l’on rappelât le sacrifice du Vercors… comme il est toujours bon de rappeler que les grandes causes n’aboutissent point sans le martyre de quelques-uns. Mais était-il bien nécessaire que Gilbert Joseph, en distribuant les rôles de ce drame, fît une discrimination aussi manichéenne entre ses héros et leur faire-valoir. Il nous dit que la république du Vercors s’est enlisée dans l’inaction par la faute de ceux dont la vocation même était d’agir.
En avaient-ils les moyens ? Ils ne se sont pas faits faute de les réclamer à Alger comme à Londres. Pouvaient-ils, sous prétexte de « paraître », entraîner la poignée d’hommes dont ils avaient la charge dans un désastre glorieusement inutile ?
Certes les officiers d’active, issus de l’ordre, ne pouvaient rien concevoir hors de la discipline. Nés de l’organisation, ils se refusaient à l’empirisme et s’ils n’ont pas su ni voulu inventer la guérilla, c’est que la nature même de ce combat était contraire à leur éthique de professionnels des armes.
Cela n’excuse pas les erreurs et les atermoiements – et l’auteur ne se fait pas faute de les relever durement. Mais prétendre que l’engagement de ces hommes n’était dicté que par l’opportunisme ou l’intérêt est malmener, sans que quiconque y trouve bénéfice, la mémoire de ceux qui ne peuvent plus se défendre.
Au demeurant, le livre de Gilbert Joseph est d’une lecture facile. Son humour est alerte, même s’il est parfois corrosif, et son émotion est sincère. Le lecteur la partagera non sans une pointe d’agacement. ♦