Une analyse économique de la gestion du service de défense requiert deux investigations préalables. La première consiste en une définition conceptuellement rigoureuse, et opérationnelle, de ce que l’on entend par défense nationale ; la seconde, dans l’élaboration d’unités de coût pertinentes et de critères acceptés permettant d’évaluer l’efficacité de ces services. En d’autres termes, la pénétration de l’analyse économique dans ce domaine exigerait la construction d’un système de comptabilité originale qui ne pourrait être le fruit que d’une élaboration lente et difficile.

Aux problèmes traditionnels posés à l’économiste pour les biens non marchands, la défense tire de son caractère propre des difficultés supplémentaires. On se contentera ici d’en mentionner deux pour les plus caractéristiques. La première concerne l’appréhension du risque international que le système de défense a pour finalité de garantir ⁽¹⁾. La seconde tient aux liens particuliers existant entre le système de défense et le tissu industriel national à travers le rôle économique spécifique joué par l’industrie d’armement ⁽²⁾.

Faute d’avoir posé clairement ces problèmes théoriques et de disposer d’instruments comptables économiquement significatifs, l’approche macro-économique de la défense se trouve contrainte jusqu’à présent, d’une part à prendre comme donnée de base les chiffres du budget du ministère de la Défense ou, dans une perspective prévisionnelle, ceux de la loi de programmation militaire, et de se cantonner d’autre part dans des comparaisons aussi arbitraires que hasardeuses : pourcentages du budget du ministère de la Défense par rapport au budget national total pour les dépenses militaires ainsi évaluées dans le PIB, comparaisons internationales entre ces différents ratios.