Le Sud global pourrait être considéré comme le prolongement des concepts du Tiers-Monde et des non-alignés. Aujourd’hui, il y a une méfiance des pays s’inscrivant dans cette approche autour des alliances militaires. Celles-ci peuvent être trop contraignantes, les États préférant des relations bilatérales ou opportunistes.
Les alliances militaires et le Sud global
Military alliances and Global South
Global South might be seen as the extension of third-world and non-aligned concepts. Today, though, there is a mistrust among countries which follow this approach regarding military alliances. They can be too constraining: countries generally prefer bilateral or opportunistic relationships.
En février 1998, au cours d’une interview télévisée, Madeleine Albright, alors secrétaire d’État américaine, défendit la diplomatie coercitive américaine contre l’Irak qui ne collaborait que de façon limitée avec les inspecteurs onusiens spécialistes des armes de destruction massive dans les termes suivants : « Si nous devons avoir recours à la force, c’est parce que nous sommes l’Amérique ; nous sommes la nation indispensable. Nous gardons la tête haute, nous voyons plus loin dans le temps que les autres pays et nous distinguons les dangers qui nous menacent tous (1). » C’est ainsi que l’expression « nation indispensable » est entrée dans le lexique populaire pour décrire le rôle et la fonction critiques de l’Amérique dans l’ordre international libéral d’État de droit mis en place à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, sous l’égide du président Donald Trump, les États-Unis veulent être tout sauf indispensables. Trump a été clair : à ses yeux, l’ordre international dirigé par les États-Unis est désavantageux pour les Américains. « Pendant des années, Washington a été contrôlé par un sinistre groupe de marxistes de gauche radicaux, de va-t-en-guerre et de groupes de pression corrompus qui ont épuisé nos richesses, attaqué nos libertés, détruit nos frontières et vidé notre pays de sa substance » a-t-il déclaré au cours d’un discours peu de temps après son accession au pouvoir (2). L’objectif officiel de la politique américaine n’est plus d’assurer la paix et la sécurité mondiales, comme c’était le cas depuis 1945, mais d’enrichir l’Amérique. Le président Trump veut restreindre les importations et le nombre d’immigrés, et souhaite que les alliés financent leur propre défense. Cette décision affecte différemment les pays développés du Nord et les Nations en développement du Sud. L’Europe, par exemple, s’est tournée vers les États-Unis pour sa sécurité militaire. Les pays du Sud global recherchent, quant à eux, une sécurité économique et politique, en plus des équipements et des formations militaires. La fin du rôle de garant de la sécurité mondiale de l’Amérique a des conséquences significatives pour tous ces partenaires, les riches comme les pauvres.
En 1945, les États-Unis et l’Union soviétique sont devenus les chefs de file d’un monde bipolaire. L’effondrement de l’URSS en 1991 a eu pour conséquence l’avènement d’une période unipolaire. Le concept de « nation indispensable » est le fruit de cette unipolarité. Il a eu pour corollaire certains déploiements de forces à la fois onéreux et à la productivité inadéquate, et une désillusion, pour certains Américains, face à l’idée d’utiliser des ressources américaines pour gérer l’ordre mondial. En tant que leader du mouvement des Américains désenchantés par la mondialisation, le président Trump veut plutôt conclure des accords avec des autocrates comme le Russe Vladimir Poutine ou le Nord-Coréen Kim Jong-un. Il voudrait arrêter les guerres, réduire les tensions dans les zones troublées et permettre aux États-Unis de se concentrer sur leur propre prospérité. Un tel désir n’est pas chose nouvelle en Amérique. Le président Woodrow Wilson (que Trump et ses partisans n’aiment vraiment pas) a conduit les États-Unis dans la Première Guerre mondiale avec le slogan : « Une guerre pour en finir avec toutes les guerres ». L’idée de « domination idéologique » contre le communisme post-Seconde Guerre mondiale et l’espoir, après la fin de la guerre froide, que le triomphe des libres marchés et de la démocratie pourrait marquer la « fin de l’histoire » illustraient eux aussi une même mentalité naïve quant à la marche du monde. Le président Trump va découvrir à son tour que dissoudre des coalitions et des institutions ne conduit pas nécessairement à l’issue à laquelle il aspire. En retirant les États-Unis de l’arène, il pourrait finir par précipiter l’avènement d’un monde multipolaire. Si elle diminue les dépenses des États-Unis, la réduction de l’engagement américain pourrait également amenuiser de façon conséquente l’influence américaine.
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