La Belgique dépense très peu pour sa défense au risque d’être fortement critiquée par ses partenaires de l’Otan. Il y a cependant une prise de conscience pour augmenter l’effort budgétaire dans un contexte politique national complexe. De nombreuses discussions sont en cours, en attendant de vraies décisions pour répondre aux menaces russes, alors même que l’Alliance est déboussolée par la posture américaine.
Belgique et défense européenne : comment ne plus être le « passager clandestin » ?
Belgium and European Defence: How to Stop Being the Stowaway on Board
Belgium spends very little on its defence, thus risking heavy criticism from its NATO partners. This has nevertheless been taken into account for increasing the budgetary effort in a complex national political environment. Numerous discussions are underway whilst awaiting firm decisions on response to Russian threats, at the same time as NATO has lost direction as a result of the US posture.
Le débat sur le réarmement des pays européens a fini par atteindre la Belgique. Montrée du doigt comme un des derniers de la classe (1) du point de vue budgétaire (dépenses de défense et d’équipements), cette situation eut des hauts et des bas, sans toutefois atteindre le fameux objectif des 2 % du PIB consacré à la Défense (2) prévu pour 2029. La Belgique est actuellement à 1,30 % avec 8 milliards d’euros de dépenses de défense en 2024. Le nouveau chef d’état-major de la défense, le général Frederik Vansina (Force aérienne belge, FAé) est allé jusqu’à affirmer qu’un État-membre qui n’atteint pas les 2 % du PIB pour ses dépenses « ne pourra même pas entrer dans la pièce » (3), à propos du futur sommet Otan prévu du 24 au 26 juin 2025 à La Haye.
Certes sous le ministre André Flahaut (PS, 1999-2007), nous vécûmes la solidarité via l’envoi de F-16 en Afghanistan et un soutien dans un cadre bilatéral (clause d’assistance de l’Union européenne mobilisée) en zone sahélienne au profit de la France après les attentats djihadistes à Paris en 2015. Le ministre qui suivit fut Steven Vandeput (nationaliste flamand) qui déposa une Vision stratégique (4) perçue comme ambitieuse. Après plusieurs ministres éphémères (5), nous eûmes par la suite la ministre socialiste Ludivine Dedonder qui mit en œuvre son Plan STAR (6) qui allait confirmer la modernisation des grands équipements de l’armée belge : nouveaux chasseurs de mines belgo-néerlandais (construits en France) et frégates en coordination avec les Pays-Bas, construction d’infrastructures spéciales pour accueillir les F-35 (en remplacement des F-16) et les drones. De plus, le programme CaMo (Capacité motorisée) (7) en lien avec la France est en cours de montée en puissance (8).
On percevait bien cette triangulation recherchée de collaboration–coordination entre les États-Unis (F-35), les Pays-Bas (marine) et la France (véhicules blindés), une manière traditionnelle pour Bruxelles de ne pas « mettre tous ses œufs dans le même panier » tout en garantissant un équilibre relatif entre les choix communautaires au nord et au sud du pays. Les Flamands perçus globalement comme pro-américains (avec une aversion de la langue française) et les Wallons vus comme francophiles. Ces schémas, certes simplistes, furent et sont encore eux-mêmes complexifiés par la posture mouvante des partis politiques, les intérêts économiques des régions, l’idéologie, les tensions linguistiques et une histoire différente. Ceci expliquera la difficulté qu’ont eue les Français à entrer et à saisir toutes ces spécificités (9) dans le dossier du remplacement des F-16.
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