La Chine a mis du temps à s’implanter en Afrique. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour voir un accroissement de la présence chinoise tant sur le plan économique que diplomatique. Avec le président Xi Jinping, des projets inédits, notamment les Nouvelles Routes de la soie, ont été lancés. La dimension sécuritaire s’est accrue afin de protéger les intérêts de Pékin.
La Chine en Afrique : une lente implantation
China in Africa: a Slow but Sure Establishment
China has taken its time to establish itself in Africa. It was not until the end of the 20th century that we saw an increase in Chinese presence, both economic and diplomatic. Under Xi Jinping’s presidency completely new projects have been undertaken, the new Silk Routes in particular. The security aspect has been boosted in order to protect Beijing’s interests.
En 2024, les échanges entre l’Afrique et la Chine s’élèvent à 295,5 milliards de dollars américains (USD), soit une augmentation de 6,1 % par rapport à 2023. Malgré cette augmentation, le continent africain reste pour la Chine loin derrière l’Asie qui comptabilise 6 016 Mds USD d’exportations chinoises. A contrario, la Chine est son premier partenaire commercial depuis quinze années consécutives (1). Indéniablement, les interactions sino-africaines se sont accrues depuis ces dernières décennies, même si elles sont souvent surévaluées (2). Si la présence chinoise dans cet espace est aujourd’hui importante, multiscalaire et multi-acteurs, l’Afrique n’a occupé que tardivement une place de choix dans l’agenda diplomatique des autorités de Pékin (3). D’espace peu accessible entre 1945 et 1970, l’Afrique est brièvement courtisée par la République populaire de Chine (RPC) au cours de la décennie suivante. Elle occupe, à partir des années 1990, une place privilégiée dans l’expansion internationale chinoise et devient aujourd’hui aussi une source de nouveaux enjeux pour la Chine.
De timides relations sino-africaines (1945-1990)
La Conférence de Bandung (1955) n’accueille que cinq pays africains, peu d’entre-deux sont alors indépendants, et elle ne permet pas aux autorités communistes chinoises de nouer les contacts préalables nécessaires à la mise en œuvre d’une véritable diplomatie africaine. C’est à partir de son ambassade du Caire que la RPC approche le continent, qui reste encore le domaine d’influence des puissances européennes. Quand elle établit ses premières relations diplomatiques avec le Maroc (1956), le Soudan (1956) et la Guinée (1958), elle n’est pas encore en mesure d’assumer l’élaboration d’une solide politique étrangère africaine. Les relations sino-soviétiques se dégradent rapidement et, de fait, Moscou est un obstacle pour Pékin, comme l’illustre le rapprochement des nouveaux dirigeants algériens du Front de libération nationale (FLN) avec les Soviétiques, alors que jusqu’en 1962 les autorités chinoises les avaient soutenues. Par ailleurs, la situation économique chinoise est laminée par l’échec du « Grand Bond en avant » (1958-1961) (4), empêchant ses dirigeants de mener une politique de coopération de grande envergure à l’égard des États africains, à l’inverse du gouvernement nationaliste de Taïwan.
Pékin se fournit en produits agricoles à des prix plus élevés que celui du marché auprès de certains États africains (Ghana, Soudan), poursuit une coopération technico-médicale et accueille des étudiants africains boursiers. C’est naturellement avec des États socialistes ou marxistes que Pékin noue des contacts plus tangibles, comme la Guinée de Sékou Touré. La coopération sino-guinéenne connaît un premier point d’orgue en 1968 avec la construction d’une ligne ferroviaire Guinée-Mali. Le dirigeant socialiste de la Fédération du Mali, Modibo Keita, reconnaît le gouvernement communiste chinois en 1960. Parallèlement aux relations bilatérales, la RPC soutient, via son ambassade de Guinée, plusieurs mouvements révolutionnaires comme l’Union des populations du Cameroun (UPC) dirigée par Félix-Roland Mounié ou l’Union nationale démocratique au Mozambique (UDENAMO) ainsi que des mouvements de guérilla, comme la Zimbabwe African National Union (ZANU) en Rhodésie du Sud (futur Zimbabwe).
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