Le Sommet de l’Otan à La Haye au début de l’été a été marqué par la soumission des Européens, soucieux de ne pas fâcher Donald Trump, peu intéressé par la défense de l’Europe. Le bilan est pour le moins partagé en ayant évité un retrait américain brutal, mais les dossiers brûlants comme l’Ukraine ont été à peine évoqués.
Sommet de l’Otan à La Haye 24-25 juin 2025 : l’Ukraine en sursis ?
The NATO Summit in The Hague, 24-25 June 2025: Ukraine Pushed Aside?
The NATO summit in The Hague at the beginning of the summer was notable for the submissive attitude of Europeans anxious not to upset Donald Trump, despite his scant interest in the defence of Europe. The outcome is not what had been hoped for, to say the least: although a sudden US withdrawal has been avoided, burning issues such as Ukraine were hardly mentioned.
Les communiqués de l’Otan suscitent rarement la controverse tant prévalent l’impératif du consensus et le souci de ne pas faire apparaître des divergences entre alliés. La dernière réunion au sommet de l’Otan les 24-25 juin 2025 apparaît rétrospectivement comme unique en son genre. Le nouveau Secrétaire général de l’Otan, le Néerlandais Mark Rutte, s’est avant tout employé à flatter le président Trump. Il s’agissait d’éviter que le Président américain n’ouvre un débat sur ses thèmes de prédilection comme l’attitude des Européens sur le partage du fardeau, la responsabilité « partagée » de Kiyv et de Moscou dans la prolongation du conflit ukrainien ou les « interprétations possibles de l’article 5 » concernant l’engagement américain en Europe. Ce dernier point avait d’ailleurs fait l’objet de déclarations devant les journalistes dans l’avion l’amenant à La Haye (1), semant la consternation parmi les alliés, car s’il s’agit d’une possibilité juridique, politiquement la perception est évidemment bien différente.
Le Président américain n’a évidemment pas été dupe du scénario organisé à son bénéfice, mais au sortir de la réunion il s’est félicité de l’atmosphère dans laquelle elle s’était déroulée et surtout des engagements en matière de dépenses de défense nouvellement souscrits par les Européens (2). Il a finalement marqué son nouvel intérêt pour l’Otan, pourtant vilipendé lors de ses prises de position précédentes. Pour leur part, les alliés européens, qui n’ont pas été très fiers de l’attitude du Secrétaire général, sont restés soulagés du résultat final obtenu.
Des alliés soucieux d’éviter le débat avec le président Trump
D’une durée réduite au strict minimum, tant les alliés étaient habités par la crainte que le président Trump choisisse de s’éclipser au milieu de la réunion, comme il venait de le faire dix jours auparavant lors de la rencontre du G7 à Kananaskis au Canada, le Sommet de La Haye contrastait fortement avec la rencontre précédente en 2024 (Washington) à l’invitation du président Biden. La guerre Ukraine-Russie n’est même pas mentionnée dans le communiqué final de La Haye (3). La manière dont les alliés peuvent aider militairement Kiyv et la perspective d’une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’Otan une fois le conflit stabilisé n’ont pas été évoquées, alors que ces thèmes avaient dominé les débats à l’Otan les années précédentes. Cette fois, il n’a été nullement question du conflit Israël-Iran et du bombardement des installations nucléaires des jours précédents. Ils étaient pourtant présents à l’esprit de chacun et furent longuement évoqués par le président Trump dans sa conférence de presse. Ni la Chine, ni l’Indo-Pacifique n’ont droit cette fois à une mention à la différence des sommets précédents de l’Otan et qu’il s’agissait d’une priorité américaine. Le rôle de l’Union européenne et de sa coopération avec l’Otan, alors que les Européens sont devenus face aux Américains, les premiers contributeurs d’aide à Kiyv est entièrement passé sous silence.
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