Asie - Nouvelle tension indo-pakistanaise
L’attaque du 13 décembre 2001 contre le Parlement indien, qui a fait quatorze victimes, a créé une nouvelle crise indo-pakistanaise avec une forte tension militaire aux frontières. New Delhi a affirmé que les cinq terroristes, qui ont trouvé la mort dans cette opération, appartenaient à deux mouvements extrémistes pakistanais liés aux taliban et à Al Quaïda, et qu’ils avaient reçu le soutien des services de renseignements militaires pakistanais. Le gouvernement indien, déçu et inquiet du rapprochement entre Washington et Islamabad, a trouvé l’occasion de mettre le général Musharraf dans une situation difficile. Celui-ci, déjà en mauvaise posture sur le front afghan, doit maintenant, pour éviter un conflit armé, éradiquer les mouvements islamistes sans affaiblir la cause du rattachement du Cachemire indien au Pakistan.
Le Cachemire, cœur du problème
La tension actuelle n’est que le dernier événement fâcheux d’un conflit territorial entre l’Inde et le Pakistan sur le Cachemire. Depuis leur indépendance, les deux pays se disputent cet État, dont la population à majorité musulmane était alors dirigée par un maharadjah hindou. Deux fois, en 1947 et en 1965, le Pakistan a provoqué un conflit pour tenter de récupérer cette région qui, prétend-il, aurait dû lui revenir au moment de la partition. Après ces deux guerres, il en contrôle environ un tiers (1). Depuis, acquérir la partie indienne du Cachemire est une cause sacrée au Pakistan. Alors que l’Onu, à l’issue de ces deux conflits, a prescrit un référendum, l’Inde, qui sait que le résultat ne lui serait pas favorable, ne veut pas en entendre parler et a même obtenu d’Islamabad en 1972, après une troisième guerre, que cette question ne soit traitée que par voie bilatérale. Depuis 1989, New Delhi doit faire face à une rébellion armée à laquelle Islamabad affirme n’apporter qu’un soutien moral et politique à ceux qu’il appelle des combattants de la liberté.
Compte tenu du déséquilibre des forces armées et des poids démographiques respectifs, le Pakistan ne peut espérer qu’une médiation internationale. Or, pour des raisons politiques, culturelles ou économiques, peu de pays sont enclins à déplaire à New Delhi. Islamabad n’a d’autres moyens que de provoquer des tensions dans le but d’obliger l’Onu ou les grandes puissances à intervenir. C’est ainsi qu’en 1998, pressé de ne pas riposter d’une manière identique aux essais nucléaires indiens, le Premier ministre Nawaz Sharif a rétorqué qu’il n’y aurait aucune tension dans le sous-continent indien si la question du Cachemire était réglée. De même, en février de l’année suivante, après le sommet historique de Lahore entre les deux chefs de gouvernement — dont la déclaration finale réaffirme le principe bilatéral sur la question du Cachemire — l’armée pakistanaise, dirigée par le général Musharraf, avait provoqué une mini-guerre sur la ligne de contrôle entre les deux Cachemire, en apportant un soutien logistique, et en combattants, à la prise de position militaires du côté indien de la ligne de contrôle, dans la région de Kargill. Le sommet d’Agra, en juillet 2000, le premier entre le général Musharraf et le Premier ministre Atal Bihari Vajpayee, s’est terminé par un échec en raison de l’obstination du président Musharraf de vouloir discuter du Cachemire. Depuis, les actions armées se sont multipliées. En octobre dernier, une attaque de l’Assemblée de l’État a fait 40 morts et 80 blessés.
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