La large réélection de George W. Bush a été accueillie avec scepticisme par les opinions publiques européennes qui souhaitaient un changement politique majeur à Washington. Le conflit irakien, loin de gêner le candidat sortant, a même été porteur. Les Américains ont réélu un « chef de guerre », un leader qui puisse poursuivre cette guerre ouverte un certain 11 septembre. Face à une administration républicaine forte d'une nouvelle légitimité, l'Europe et la France doivent poursuivre leurs efforts notamment dans le domaine militaire, sans pour autant couper les liens avec les États-Unis, notre allié historique. L'auteur, commandant en second du 28e Régiment de transmissions à Issoire (Puy de Dôme), a effectué plusieurs missions aux États-Unis lorsqu'il était assistant militaire au CDES.
Leçons stratégiques d'une victoire déconcertante
La réélection de George W. Bush, en ce début novembre, peut susciter de nombreuses interrogations alors même que, du moins en Europe, la plupart des grands courants d’opinions, de nombreux leaders politiques et les médias avaient choisi fermement le camp des Démocrates et de leur challenger, John Kerry. Cette victoire du camp républicain appartient certes aux États-Unis et cela est légitime, les États-Unis restant une grande et belle démocratie, mais cette élection est aussi une élection décisive pour l’ensemble de la planète.
Alors même que les nouvelles équipes ne sont pas encore constituées et qu’elles seront très certainement dans la continuité de l’actuelle Administration, il est pertinent d’analyser à chaud cette élection que le monde attendait, mais que le monde redoutait également, et d’en tirer quelques leçons stratégiques.
Déchirements
Divorce interne
Tout d’abord, il y a indéniablement un divorce interne au sein du peuple américain partagé très nettement (50/50) entre deux pôles opposés : d’une part, les États de la « vieille Amérique » encore marqués par leur longue histoire européenne et la Californie, la « nouvelle Amérique », cœur des innovations technologiques mais aussi sociétales, penchant pratiquement depuis des décennies du côté démocrate ; et d’autre part, le cœur « country » des États-Unis, le Middle West et le Sun Belt qui, sans hésitation, a choisi de rester fidèle au camp du parti républicain, du parti qui conduit la guerre depuis le 11 septembre 2001. Ce divorce interne est grave car jamais la société américaine n’a été aussi divisée depuis la guerre du Viêt-Nam, et il est difficile de voir quelles seront les évolutions possibles. On peut s’interroger sur les capacités de la future Administration à rassembler cette Amérique profondément et durablement divisée même si sur l’essentiel, les Américains seront toujours d’accord et, en particulier, dans la lutte contre le terrorisme. Il ne faut pas l’oublier, c’est une Amérique en guerre qui a voté et qui, en reconduisant le président sortant, a voulu réaffirmé sa soif de sécurité à tout prix.
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