L’entrée en 2004 de l’Union africaine (UA) sur la scène géopolitique dans le domaine de la gestion des crises a conduit à la mise en place d’une nouvelle architecture de paix et de sécurité en Afrique. Le partenariat UE-UA, dans ce domaine, est à la fois naturel et porteur d’espoirs, mais la nature du lien qui s’établit depuis 2004 laisse planer quelques doutes et réserves quant aux résultats à attendre pour la sécurité sur le continent africain. L’affichage résolument multilatéraliste des 25 cache mal les enjeux du partenariat UE-UA, qui n’apparaît pas comme étant le cadre idéal pour prévenir et gérer les conflits sur le continent africain.
Les limites du partenariat Union européenne-Union africaine dans la gestion des crises
Limits to the European Union-African Union crisis management partnership
The entry of the African Union (AU) onto the geopolitical stage in the crisis management area has led to the setting up of a new peace and security architecture in Africa. The EU-AU partnership in this area is both normal and promising but the nature of the link established since 2004 leaves room for certain doubts and reservations about the expected results for security on the African continent. The resolutely multilateralist label attached by the 25 does little to conceal the problem areas in the EU-AU partnership, which would not appear to be the ideal framework for crisis prevention and conflict management on the African continent.
En 2005, au moins vingt pays africains étaient touchés par des conflits armés ou traversaient une phase d’instabilité politique et économique. Décrétée « année de l’Afrique » par les présidences britanniques de l’UE et du G8, 2005 a été marquée par des initiatives occidentales visant à rénover les outils de lutte contre la pauvreté et l’insécurité : annulation de certaines dettes nationales, mesures en matière de lutte contre l’immigration clandestine, soutien à l’établissement d’un nouvel ordre sécuritaire en Afrique.
Parallèlement, on y assiste incontestablement à la construction d’une nouvelle architecture de paix, centrée notamment sur l’émergence de l’UA, nouvel acteur obligé de la géopolitique du continent. Or, étant entendu aujourd’hui que « l’avenir de l’Europe passe par l’Afrique » (1), l’UE, malgré les difficultés institutionnelles, se doit de trouver sa place dans cette nouvelle architecture. D’où l’apparition de la question du partenariat entre les deux organisations continentales, pleinement prise en compte par les Européens dans leur nouvelle stratégie pour l’Afrique, adoptée par le Conseil de l’UE en décembre 2005 (2).
En écho logique aux orientations multilatéralistes des 25, la relation UE-UA s’est rapidement développée au centre du jeu politico-militaire en Afrique au cours de ces deux dernières années : la nature et l’environnement géostratégique de la crise au Darfour ont particulièrement favorisé cette évolution. Néanmoins, cette relation n’est pas sans susciter interrogations et doutes quant à sa prétendue efficacité dans la lutte pour la paix sur le continent africain, en raison de nombreux enjeux sous-jacents et complexes, qui peuvent tempérer l’optimisme de certains. En effet, même s’il est encore trop tôt pour dresser un véritable bilan du partenariat UE-UA (3), celui-ci cache de nombreux enjeux pour lesquels les intérêts nationaux, souvent égoïstes, ont toujours leur place, en Afrique comme en Europe. Finalement, le partenariat UE-UA, qui s’appuie certes sur des fondements historiques et politiques solides, n’est pas forcément, dans son appréhension exclusive, l’outil le plus efficace permettant aux Européens d’occuper la place qui leur revient dans l’architecture de paix en Afrique.
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