Analyse de la crise nord-coréenne après le récent essai nucléaire et de ses conséquences régionales en particulier sur l’alliance nippo-américaine. Tous y ayant intérêt, on peut s’attendre à une reprise du dialogue ; force étant de constater que la Corée du Nord a de belles cartes à jouer.
La crise nord-coréenne et l'alliance nippo-américaine
The North Korean crisis and the US-Japanese alliance
An analysis of the North Korean crisis after the recent nuclear test and its regional consequences, in particular with respect to the Japanese-American alliance. A resumed dialogue, which would be in the interests of all, is expected; it must be said that North Korea holds some key cards.
Dépourvue de stratégie d’expansion, mais dotée d’une forte capacité de nuisance, la Corée du Nord depuis un demi-siècle mène de père en fils une stratégie politico-militaire jusqu’au-boutiste ; et demander à Kim Jong-il de renoncer à son programme nucléaire aurait été comme demander à Staline de renoncer au socialisme. Or, celui-ci n’occupe désormais qu’une place prépondérante dans l’histoire de la guerre froide, les actes de celui-là amènent à ce qu’on s’interroge sur les objectifs poursuivis, qu’on réfléchisse à la nouvelle configuration politique et de défense du Japon. Bref, avec la nécessité surtout de comprendre dans quelle mesure cet équilibre est susceptible de se modifier et de faire apparaître des gagnants comme des perdants d’une partie de poker stratégique loin d’être à somme nulle. Reconnaissons d’emblée que, pour l’heure, la Corée du Nord a de belles cartes en main.
Une situation conflictuelle complexe
De provocation en provocation, la Corée du Nord, pays le plus fermé au monde et dirigé d’une main de fer par la même oligarchie stalinienne, se livre toujours à un chantage, que ce soit pour obtenir des aides matérielles massives, d’une part, ou des garanties de sécurité, d’autre part. Si l’on considère que ce scénario déjà joué dans le passé ne peut inlassablement être rejoué, il convient d’y ajouter une novation géopolitique majeure : la Corée du Nord est devenue puissance nucléaire en 2006. Fait notable, et dans une telle ambiance de climat post-11 septembre 2001 et sachant que les Nord-Coréens ne sont pas des saints, une présentation et réflexion de cette donne est d’autant plus nécessaire que la sémantique et la géopolitique des mots dans le cas de la Corée du Nord sont aussi plus que jamais une affaire d’histoire et sujets d’affrontement.
Les données du problème
Le manque de transparence sur les activités militaires de la Corée du Nord brouille considérablement la juste perception de son arsenal réel. Militairement parlant, les deux dossiers clés sont celui du nucléaire et celui de son programme de missiles balistiques. Très tôt, l’ancienne URSS joua un rôle majeur dans la mise en place par Pyongyang de son programme nucléaire. Opérationnelle dans les années 80, c’est en grande partie grâce à cette technologie civile, une fois détournée vers un usage militaire, que Pyongyang engageait ses efforts de retraitement à Yongbyon. Un premier contretemps intervient en 1985 lorsque, sous la pression soviétique, Pyongyang adhère au traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
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