Après avoir rappelé rapidement la fin de l’ère Tudjman, les premiers atermoiements européens et le « tournant » des élections de janvier 2000, cet article s’attachera à analyser les principaux dossiers qui conditionnent l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne : minorité serbe, privatisations, arrestation des criminels de guerre, coopération judiciaire avec le TPIY.
La Croatie vers l'Union européenne (1992-2007)
Croatie
Croatia's moves toward the EU (1992-2007)
After briefly summarising the end of the Tudjman era, initial European procrastination and the ‘swing’ of the January 2000 elections, this article attempts to analyse the main issues on which Croatia’s entry into the European Union depends: the Serbian minority, privatisation, the arrest of war criminals, cooperation with the International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia (ICTY).
Appuyée par l’Autriche, son « parrain » au sein de l’Union, la Croatie reçoit enfin le feu vert des autorités européennes le 4 octobre 2005, pour l’ouverture des négociations d’adhésion. En juin 2006, Olli Rehn, commissaire européen à l’élargissement, déclare qu’elle devrait être, après la Roumanie et la Bulgarie en 2007, le prochain pays à rejoindre l’Union européenne à l’horizon 2010.
La longue et cahoteuse marche des Croates vers l’« Europe » est conditionnée par des dossiers épineux sur lesquels Zagreb et Bruxelles peinent à trouver un terrain d’entente : traitement de la minorité serbe, coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye au sujet des criminels de guerre croates, relations bilatérales avec la Serbie, privatisations. S’y ajoute le virulent nationalisme croate, échappé de la Fédération yougoslave dominée par les Serbes, et qui pourrait peut-être mal s’accommoder du fonctionnement « crypto-fédéraliste » de l’Union européenne.
Premiers mirages européens
Le 15 janvier 1992, après six mois de résistance courageuse à l’agression serbe, la Croatie est reconnue par la Communauté européenne, bientôt suivie d’une trentaine de pays. Beaucoup d’observateurs estiment que le chemin européen de la Croatie est tout tracé : perçue comme plus riche et plus stable que les autres anciennes républiques yougoslaves, elle bénéficie de la caution allemande et autrichienne, largement fantasmée (et erronée), notamment dans la lunette française (1).
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