La sécurité-sûreté doit être aujourd’hui globale et subtile. Ce constat impose d’en déduire des conséquences pour l’orientation des activités de formation. Il est dorénavant indispensable de transmettre des connaissances précises sur le fonctionnement des différentes fonctions de l’entreprise (production, marketing, finance, communication, ressources humaines, juridique…) pour permettre aux spécialistes de la sécurité de proposer des dispositifs opérationnels compatibles avec le but premier d’une société : améliorer sans cesse les résultats financiers. Il importe également de faire concevoir les systèmes globaux de sécurité comme des équilibres temporaires perpétuellement perfectibles. Enfin, sécurité doit rimer avec compétitivité non seulement pour le secteur privé mais également pour le public : ce dernier est en effet un acteur déterminant de la sécurité des entreprises.
La formation au management de la sécurité des entreprises
Training in company security management
Security/safety today has to be global and subtle, which requires the consequences for the orientation of training to be taken on board. It is now essential to pass on detailed knowledge on the working of the various functions of a company (production, marketing, finance, communication, human resources, legal affairs, etc.) to allow security experts to suggest working arrangements that are compatible with the primary goal of any company: continual improvement of its financial results. It is also important for overall security systems to be seen as temporary arrangements that can always be improved. Lastly, security must chime with competitiveness, not only in the private sector but also in the public, the latter being a decisive actor in businesses’ security.
La problématique de la sécurité débute par l’élucidation d’un paradoxe : celui qui veut qu’elle témoigne d’un univers clos et replié sur lui-même alors même qu’elle se pose avec davantage d’acuité et de pertinence aux sociétés ouvertes, totalement immergées dans la modernité. Sécuriser ne signifie plus pour nous empêcher les flux, les échanges, mais les rendre possibles et pérennes en les organisant. Protéger, diminuer l’occurrence et la gravité des risques conditionne aujourd’hui le développement durable (cette notion ne se résumant pas à sa dimension écologique).
L’œuvre de formation en ce domaine prend dès lors un tout autre relief. Elle exige premièrement des ressources humaines adaptées : le niveau monte radicalement en matière de sécurité et de sûreté ; le gardiennage ne les résume plus. Les risques et les menaces sont à la fois plus immatériels et plus variés qu’au début des années 90. Il est devenu indispensable de considérer les vulnérabilités de n’importe quelle organisation sous un angle systématique qui réclame des capacités d’anticipation et d’abstraction certaines. Bien entendu, cela va de pair avec la préservation et même l’accroissement de l’aptitude à gérer l’opérationnel et même à maîtriser des crises qui tendent à devenir des situations récurrentes pour de nombreux acteurs, institutionnels ou privés.
Former à la sécurité implique encore d’accepter l’effort conséquent, en termes d’apprentissage, que constituent la recherche de la transdisciplinarité, le décloisonnement des savoirs et le croisement des expériences et expertises. Sans prétendre à l’exhaustivité, on constate aisément que la liste des compétences et acquis théoriques réclamées par la fonction sécurité-sûreté se révèle chargée : bonne connaissance des fonctions de l’entreprise (notamment production, R&D, marketing, financière, administrative, juridique, communication…) et de son fonctionnement global ; familiarité avec les principes, méthodes et outils du management (y compris la conduite des projets et du changement) ; assimilation des méthodes de la prospective destinées à repérer les menaces émergentes ; capacité affirmée au management des crises ; bonne compréhension de l’analyse et des mécanismes de la décision stratégiques, maîtrise des enjeux, méthodologies et principaux outils de l’intelligence économique ; et bien évidemment, expertise fine des techniques de la sécurité physique (des biens et des personnes) et de la protection du patrimoine immatériel de l’entreprise… Autant dire que l’apprentissage des métiers de la sécurité-sûreté requiert du temps, de l’énergie et de la persévérance, ainsi qu’une grande curiosité d’esprit et une disponibilité intellectuelle de tous les instants ! Cet investissement, une fois consenti, doit s’articuler sur une aptitude à mettre en œuvre des solutions concrètes, adaptées et souvent fortement contraintes par une logique de coûts.
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