Le colonel Pierre Brière nous livre une analyse de l’ouvrage de Georges Fleury, On l’appelait le « Crabe-Tambour » - Le destin du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume, paru aux Éditions Perrin en 2006.
Parmi les livres - Le « Crabe-Tambour » : parcours d'un officier hors-norme
Immortalisé par le cinéaste Pierre Schoenderffer sous le surnom de « Crabe-Tambour », c’est une existence éminemment romanesque qu’a menée cet officier de marine hors-norme. Pierre Guillaume est né le 11 août 1925, troisième de quatre enfants, à Saint-Malo dans la demeure ancestrale des Kératry, sa famille maternelle. Un de ses aïeux tua en duel le marquis de Sabran qui avait osé se moquer des Bretons lors des États-généraux de la noblesse à Rennes en 1735. Son père, d’une famille lorraine, sorti major de Saint-Cyr en 1908, sert dans les Tirailleurs et les Goumiers avant d’être aide de camp de Lyautey de 1912 à 1916. C’est ensuite l’enfer de Verdun ; en 1918, il est chef de bataillon, chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de six citations. De ces deux ascendances, le jeune Guillaume a hérité d’un sens de l’honneur extrêmement pointilleux en même temps que d’un esprit libre, indépendant des pressions politiques ou autres.
En 1942, à Paris, il a dix-sept ans et rejoint un organisme de secourisme pour relever morts et blessés lors des bombardements alliés. Son père, promu général de brigade, a été chargé par le maréchal Pétain de s’occuper des travailleurs nord-africains, émigrés en Île-de-France, pour leur éviter de partir en Allemagne dans le cadre du STO. Cette activité vichyste lui vaudra d’être arrêté en novembre 1944 et écroué à Fresnes d’où il sortira en mars 1945. Dans la famille, on n’est pas gaulliste !
Parallèlement à ses activités, Pierre, après sa scolarité dans un pensionnat religieux de Saint-Malo, a préparé Navale à « Ginette », chez les Jésuites de Versailles. Il est reçu et rejoint l’École, à Pont-Réau, au sud de Rennes, le 1er octobre 1945. « Presque rouquin, grand et étroit d’épaules », il fait ses premiers pas dans la Marine, aidé par sa bonne connaissance de la mer, acquise lors de ses années malouines. En décembre 1947, il termine sa croisière d’application sur la Jeanne d’Arc et demande à servir en Indochine. Début 1948, il débarque à Saigon et est affecté sur l’aviso Commandant de Pimodan où il reçoit la responsabilité de l’unité de débarquement. D’abord dans le Mékong, il rejoint ensuite les côtes cambodgiennes où il connaît son baptême du feu au cours d’un débarquement-assaut contre des positions « viets ».
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