Acteur majeur dans les domaines de l’aéronautique, de la défense et de la sécurité, Safran a fait des choix stratégiques fondés sur la maîtrise des technologies et sur la dualité. Principe vertueux et facteur de développement, la synergie technologique entre les applications civiles et militaires apporte des avantages considérables à l’État comme aux entreprises. Elle a pour corollaire la maîtrise des technologies-clés, qui doit être soutenue dans le cadre d’une stratégie industrielle de défense française et européenne.
La technologie : un impératif stratégique pour la France
Technology: a strategic imperative for France
Safran is one of today’s leading players in the aerospace, defence and security markets. Its strategic choices are based on technological expertise, including dual technologies. The technological synergies between civil and military applications, a key development factor and part of a virtuous circle, deliver considerable advantages to the State and industry alike. Underlying these synergies are the understanding and application of key technologies, which must be supported within the scope of a proactive defence industry strategy in France and across Europe.
Safran est un Groupe de haute technologie centré sur l’aéronautique, la défense et la sécurité. Il est composé d’une quinzaine de sociétés principales, organisées en quatre branches : propulsion aérospatiale, équipements aéronautiques, défense sécurité et communications. Présent dans plus de trente pays sur les cinq continents, il emploie 57 000 personnes. Son chiffre d’affaires 2007 atteint 12 Md€, dont 24 % sont réalisés dans les activités de défense et de sécurité. Le Groupe est fortement exportateur : plus de 95 % en aéronautique civile, 57 % en défense, en moyenne de 2001 à 2006. Relativement modestes en volume, les activités de défense de Safran sont néanmoins essentielles, pour différentes raisons. En premier lieu, pour le pays, parce que le Groupe est un contributeur de la souveraineté et de l’autonomie de la France, grâce à ses technologies, notamment dans les domaines de la propulsion, de la navigation et de l’imagerie infrarouge. Celles-ci irriguent tout un ensemble de programmes majeurs de défense apportant au pays un avantage stratégique et tactique indéniable. En deuxième lieu, pour Safran, parce que ces activités permettent à l’entreprise de réaliser des percées technologiques qui lui procurent un avantage concurrentiel parfois décisif sur les marchés civils. En retour, les volumes atteints sur les marchés civils financent les investissements et frais fixes et pérennisent ainsi les outils industriels et compétences-clefs nécessaires au militaire. Une dualité stratégique qui s’applique à la majeure partie des technologies et des produits au sein du Groupe Safran.
La dualité, levier réellement stratégique
La dualité est souvent comprise comme la simple utilisation par les entreprises, pour leurs produits civils, des technologies obtenues dans le cadre des développements militaires. C’est là une vue réductrice d’un processus plus profond, qui mérite qu’on explore sa vraie dimension. D’abord, la recherche et développement (R&D) dans le domaine de la défense est un impératif pour une nation souhaitant conserver ou acquérir son autonomie de décision en matière de capacités de défense à caractère stratégique. À défaut, de nombreux pays doivent faire appel pour leur défense à des technologies qu’ils ne possèdent pas eux-mêmes, avec toutes les limitations que cela induit. Dans ces conditions, abandonner la maîtrise d’une technologie de défense revient, pour un État, à abandonner la part de souveraineté que celle-ci lui garantissait. La recherche de l’avantage stratégique ou tactique conduit à vouloir conserver une avance technologique. Les progrès qui en découlent n’auraient probablement pas vu le jour, ou pas aussi vite, sans l’aiguillon des programmes de défense. Il est certain que les avancées obtenues bénéficient à terme aux matériels civils et profitent à l’industrie. À l’inverse, le marché civil apporte des avantages dont bénéficient les militaires. Sur un marché totalement ouvert à une rude compétition internationale, seuls les meilleurs survivent. Aussi, les entreprises qui remportent des appels d’offres sur les marchés civils sont-elles performantes, capables d’appliquer leur savoir-faire en matière de compétitivité aux matériels de défense. De plus, en Europe, les volumes de production civile sont sans commune mesure avec ceux, très faibles, des matériels militaires. Ces derniers profitent donc pleinement des investissements réalisés pour le civil en matière de productivité, de réduction des coûts, et d’adaptation des charges des bureaux d’études, en fonction des différents cycles. Enfin, les deux domaines d’activité se nourrissent des améliorations technologiques qui se croisent et s’additionnent.
Le CFM56
Un premier exemple des apports mutuels entre le civil et le militaire est celui de la percée stratégique réussie par General Electric et Snecma avec les moteurs CFM56. Ce partenariat emblématique s’est traduit par un succès mondial sans précédent : avec plus de 17 000 moteurs en service, c’est la flotte de moteurs civils la plus importante au monde. Les commandes annuelles ont encore atteint un nouveau record en 2007 avec plus de 2 700 moteurs. Au départ du programme CFM56, Snecma était essentiellement un motoriste militaire, et le franchissement de la barrière d’accès n’a été possible que parce que chacune des deux sociétés disposait des savoir-faire et outils industriels appropriés, issus de leurs activités de motoristes militaires ; le corps haute pression apporté à l’origine par General Electric étant d’ailleurs étroitement dérivé de celui du moteur des bombardiers B1. Aujourd’hui, la production des CFM56 s’établit à plus de 1 200 par an. Sans elle, Snecma ne pourrait assurer la production à faible cadence (30 à 40 par an) du moteur du Rafale. Relevons que le CFM56, conçu pour les avions commerciaux — les B737 et A320 sont ses principaux utilisateurs — s’est trouvé parfaitement adapté pour remotoriser les avions ravitailleurs KC-135 de l’US Air Force, premier client de CFM International avec plus de 2 000 moteurs ! Une carrière militaire brillante s’est alors ouverte à ce moteur civil : ravitailleurs, Awacs, et même le dernier modèle de patrouilleur maritime de Boeing, le B737 MMA, en sont équipés.
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