L’évolution des forces est en cours, c’est-à-dire leur modernisation et l’adaptation de leurs capacités aux engagements réels et les plus probables à un horizon de quinze ans. Cette nécessaire évolution vise des forces terrestres bâties autour d’un système de contact plus compact et multirôles, dans lequel la dimension logistique sera intégrée. Dotées de capacités offensives puissantes et maîtrisées, fondées sur des combinaisons adaptées à chaque engagement, elles seront plus protégées et auront une mobilité tactique accrue, notamment avec le NH90. Enfin, par la numérisation des unités jusqu’au plus bas niveau tactique, elles seront d’emblée d’une plus grande efficacité opérationnelle dans des contextes toujours plus changeants qui imposent une adaptabilité permanente des forces et une réversibilité des modes d’actions.
L'évolution des forces terrestres : s'adapter aux enjeux
Evolution in ground forces: meeting the challenges
Changes are under way in the ground forces, in terms of their modernisation and the adaptation of their capabilities to the current and most probable future commitments on a 15-year timeframe. These required changes are aimed at creating ground forces with a more compact, multirole architecture, and with an integrated logistic element. With more powerful and controlled offensive capabilities, based on combinations adapted to each engagement, they will have better protection and improved tactical mobility, particularly with the NH90. And with digital information systems down to the lowest tactical level they will have greater operational effectiveness in a context that is constantly changing, and which demands permanent flexibility and the ability to change direction.
Véritable plan de manœuvre, le projet de l’Armée de terre est à la fois un objectif capacitaire à long terme (horizon programmatique 2020-2025) et un processus d’adaptation, des capacités des forces terrestres aux exigences des engagements réels et les plus probables, à partir de l’existant et dans leur environnement interarmées. Prenant en compte la nouvelle donne géostratégique, les nouvelles menaces et les contraintes économiques et sociales auxquelles la communauté internationale doit faire face, ce projet intègre les évolutions majeures de la technologie (miniaturisation, numérisation, propulsion) et de l’emploi des forces (importance des zones urbanisées, de la population et de la phase de stabilisation dans la conduite des opérations). Il tient compte de la complexité des fonctions d’environnement et de soutien de la manœuvre tactique, notamment la logistique et l’information opérationnelle.
Un contexte qui conditionne l’évolution des capacités militaires
La probabilité d’occurrence d’une guerre classique impliquant des nations industrialisées de même pied s’estompe. En effet, dans un système mondial de plus en plus interconnecté, les ressources qui seraient consacrées à une telle guerre, et les destructions redoutables qu’elle provoquerait, tant chez le vainqueur que chez le vaincu, épuiseraient les protagonistes en même temps qu’elles engendreraient des désastres insupportables, sans commune mesure avec les résultats attendus. En outre, la dissuasion nucléaire continue à jouer le rôle fondamental d’abaissement des niveaux de conflictualité classique. Toutefois, ce constat rationnel n’efface pas l’éventualité d’un conflit asymétrique, et la mise en sommeil de la guerre classique ne suppose pas que la nation abandonne les capacités minimales de la faire.
La nature des affrontements actuels (projection de forces, interventions d’urgence, périodes prolongées de stabilisation et enlisements locaux), implique de raisonner différemment la finalité militaire. L’affrontement classique à grande échelle (projection de puissance, concentrations blindées et mécanisées lourdement appuyées, etc.) laisse la place à des types d’actions où il importera davantage de dissuader, de surveiller, de contrôler un milieu et des populations dans la durée que de viser la destruction méthodique et globale de forces adverses (militaires ou autres). Ces actions seront caractérisées par la saisie puis l’exploitation d’opportunités tactiques très fugitives dans un environnement de grande insécurité. Pour gagner, il faudra savoir créer les conditions favorables au retour à la paix, dans la durée et dans un milieu complexe et changeant.
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