La protection des infrastructures critiques, élaborée aux niveaux national et européen, consacre une planification de sécurité intégrée. Elle exige, de la part des grands opérateurs de réseaux, de mettre en place les dispositifs opérationnels leur permettant de prévenir, de circonscrire et de réagir à toutes menaces. De tels programmes, qui reposent sur un partenariat public-privé, impliquent de fait, l’acculturation des entreprises à une mission quasi régalienne.
Le rôle des opérateurs privés dans la protection des infrastructures critiques
The role of the private operator in the protection of critical infrastructure
Organising protection of critical infrastructure on a national or European level requires an integrated approach to security planning. It also requires the major network operators to set up operational arrangements to allow them to foresee, avoid if possible, or at least react to any threat that might face them. Where such planning depends on a public-private partnership, the achievement of success supposes that private companies accept that their mission relates more to their nation than to their business world.
Qu’il s’agisse d’une panne d’électricité généralisée, de la pénurie prolongée de carburant dans des stations service ou encore de l’indisponibilité des établissements bancaires, ces événements majeurs sont susceptibles d’affecter la vie et la sécurité des populations. À terme, ils compromettent aussi la stabilité économique de la Nation. Chacun d’entre eux est présumé résulter de la défaillance d’une infrastructure dite critique. Le concept d’infrastructures critiques vise ces systèmes complexes dont il convient d’assurer la continuité, dans la mesure où la moindre interruption d’activité ou dégradation de service génère des impacts préjudiciables pour le système et ceux qui en dépendent.
Mobilisés dans la réponse à donner à des phénomènes de large ampleur tels que la pandémie grippale ou l’hyperterrorisme, les pouvoirs publics ne pouvaient se désintéresser de cette vulnérabilité. Aussi ont-ils conçu un dispositif ambitieux, qui repose sur une doctrine établie. La « sécurité des activités d’importance vitale » (SAIV) développée par le SGDN (1) et la « protection des infrastructures critiques » mise en œuvre par la Commission européenne, recouvrent effectivement des objectifs assez similaires, même si leurs méthodologies respectives présentent quelques spécificités.
Si les autorités ont initié de tels projets, il revient aux opérateurs, publics et privés, d’engager sur le terrain leur mise en œuvre opérationnelle. Certes, les entreprises qui exploitent ces infrastructures sont, pour la plupart, dépositaires d’un héritage de service public : grandes institutions financières, gestionnaires d’eau potable, sociétés de raffinage et de transport de pétrole, etc. Il n’empêche qu’elles répondent désormais à des stratégies nouvelles définies selon des logiques business qui leur sont propres. Ainsi la thématique des infrastructures critiques questionne la réalité même du « partenariat public-privé », en le mettant au cœur des enjeux de sécurité.
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