L’Afghanistan est aux antipodes des conflits pour lesquels l’Alliance a été créée et pour lesquels ses forces ont été construites et entraînées. Déjà engagée dans les Balkans, l’Otan a cependant su montrer une capacité encore supérieure d’adaptation pour répondre aux besoins de cette opération. Aujourd’hui, l’Alliance est à la recherche d’un nouveau souffle, d’une nouvelle stratégie face à la complexité de la situation et pour terminer sa mission sans remettre en cause la confiance que ses membres lui accordent. Elle y joue son avenir.
L'Otan en Afghanistan
NATO in Afghanistan
The operation in Afghanistan is the exact opposite of the conflicts for which the Alliance was created and its forces structured and trained. Despite being already involved in the Balkans, NATO has shown an even greater ability to adapt to this new operation. Even so, today it is seeking fresh inspiration, a new strategy to handle what is a complex situation and complete its mission without denting the confidence of its member nations. Its future is on the line there.
L’Otan est condamnée à gagner en Afghanistan. Toutes les questions, toutes les réflexions, toutes les stratégies qu’elles soient d’approche ou de sortie ramènent à cette terrible constatation. Comment en est-on arrivé là, quelles sont les conditions d’environnement qui ont creusé le lit de ce conflit, quelles sont aujourd’hui les aspirations du peuple afghan et quel rôle l’Otan a-t-elle joué et peut-elle encore jouer dans cet engagement opérationnel ? Y répondre en si peu de pages constitue une gageure bien entendu et le sujet risque d’être bâclé à force d’être simplifié ; mais tirer les leçons, ou simplement lister les faits qui font de ce conflit à la fois un engagement atypique et un enjeu stratégique majeur, et ouvrir des voies porteuses d’espoir pour l’avenir, peut se révéler intéressant pour bien mesurer le rôle qu’a joué ou que pourra jouer l’Otan dans l’avenir ; et ce à la veille de son soixantième anniversaire.
Un pays rude, un peuple fier et farouche
Incontestablement, l’Afghanistan est un pays rude ; un vaste territoire coupé en deux par la chaîne himalayenne de l’Indu Kush, qui culmine à l’est sur sa frontière avec la Chine à plus de 6 000 mètres d’altitude, où les voies de communication ne facilitent pas les échanges ; des conditions climatiques très difficiles, alternant rigueur de l’hiver où tout s’arrête, et canicule de l’été où le soleil brûle tout ; des terres arides, peu de sources d’énergie. Le pays est superbe, mais très difficile à vivre. L’agriculture suit les cycles des sécheresses (elles durent généralement sept ans d’après la tradition locale), la production industrielle n’existe pratiquement pas ou si peu. Bref une économie à la dérive, sous perfusion de la communauté internationale.
Pourtant, il y a une réalité en Afghanistan : un peuple multiethnique, très attaché à sa terre, fier de ses origines et de son héritage historique, de sa culture de tradition médiévale et de son passé guerrier. Quatre principales ethnies cohabitent en Afghanistan : les Pachtounes, présents dans le Sud du pays, ce que l’on appelle le Pachtounistan, coupé en deux par la ligne Duran qui fixe arbitrairement la frontière avec le Pakistan ; les Tadjiks, principalement le long de la frontière avec le Tadjikistan ; les Ouzbeks au contact de l’Ouzbekistan ; et les Hazaras, considérés comme les parias de la société, dont les principaux foyers se situent à l’ouest du pays. Peu sont évolués au regard de la tradition occidentale, et la culture évolue lentement dans ce pays enclavé, fermé aujourd’hui aux échanges avec l’extérieur et aux influences de l’Occident, mais véritable plaque tournante de cette partie de l’Asie.
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