La réforme du maintien en condition des matériels terrestres ne doit pas être appréhendée par la seule restructuration qu’elle entraîne, principalement au sein de l’Armée de terre. Pour atteindre effectivement son but de modernisation dans un contexte opérationnel et économique exigeant, elle suppose de relever le double défi d’un partenariat industriel innovant et d’une approche financière dépassant les limites de la segmentation budgétaire que la mise en œuvre de la Lolf n’a pas fait disparaître.
Matériels terrestres : des années décisives
L’évolution du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres sera un axe essentiel de la période de réforme et de restructuration ouverte en 2008. L’approche interarmées qui va être développée ne doit pas faire oublier que ce domaine restera toujours fortement structuré par les problématiques liées aux systèmes d’armes mis en œuvre par l’Armée de terre (1). Ainsi, avant même la démarche de RGPP, c’est la synthèse de ces problématiques qui a conduit l’Armée de terre à s’engager dès 2005 dans un projet dont le détail de la mise en œuvre fait l’objet d’un autre article de cette revue.
Pour les prochaines années, l’Armée de terre est en effet confrontée, simultanément, à une intensification de son emploi opérationnel sur un mode que l’on pourrait qualifier de « corps expéditionnaire disséminé et polyvalent » ; au renouvellement de ses équipements, lequel porte à fois sur leurs technologies, leurs quantités et leur mode de répartition ; et à l’obligation de placer l’optimisation de l’emploi des ressources au rang de « processus métier », donc de l’intégrer dans son modèle de fonctionnement opérationnel.
Ces problématiques contraignantes étaient donc l’occasion pour revoir en profondeur le modèle d’allocation, d’emploi et de maintenance des équipements. C’est dans cette perspective que la politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP) a été conceptualisée, et que s’y adaptent désormais le système de soutien et les structures de maintenance. L’effet majeur de la réforme est donc à rechercher, non dans la réalisation d’objectifs de court terme, qui ont certes leur priorité comme les opérations en cours ou la réduction du poids des soutiens, mais dans la constitution d’un système robuste, capable de soutenir au cours des quinze prochaines années les parcs modernes en cours d’acquisition, dans le contexte opérationnel et économique cadré par le Livre blanc de 2008. Les enjeux fondamentaux des prochaines années ne résident donc pas tant dans la conduite des restructurations internes, que dans la réalisation d’une ingénierie industrielle et budgétaire, constitutive de la robustesse du modèle visé.
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