L'auteur, docteur es lettres et sciences humaines, spécialiste de l'Afrique australe, fait maintenant le bilan de l'action cubaine en Afrique, après nous avoir informés très clairement, en février dernier, sur l'évolution de la politique soviétique à l'égard de ce continent. Ces deux textes sont liés : ils nous montrent la faillite irrémédiable du système marxiste-léniniste, là comme ailleurs.
L'action de Cuba en Afrique
L’engagement de Cuba en Afrique a modifié le paysage géopolitique d’une grande partie de ce continent à partir des années 80. Il constitue un phénomène historique étonnant en raison de sa diversité et surtout de son étendue. Motivé par des considérations idéologiques, il s’est également produit en complément de la politique expansionniste de l’URSS, au moment où le vent d’Est soufflait sur les terres africaines. À ses débuts, il a remporté des succès spectaculaires qui se sont concrétisés notamment par l’instauration de régimes marxistes (Angola). Cette action ambitieuse a cependant connu ses limites au milieu des années 80, en raison de plusieurs facteurs à caractère militaire, économique et politique : enlisement des conflits régionaux dans lesquels les soldats cubains étaient impliqués, détérioration du niveau de vie des habitants de l’île et dégradation des relations avec le grand frère soviétique consécutive à l’arrivée de M. Gorbatchev au pouvoir. Quels que soient les jugements portés sur ses résultats, l’intervention cubaine laissera pendant longtemps des traces en Afrique, bien que l’influence des coopérants de La Havane soit entrée dans une phase de déclin. Cet événement majeur doit donc être examiné en profondeur sous tous ses aspects.
Historique de la pénétration cubaine en Afrique
La pénétration de Cuba dans le continent africain date de l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro en 1959. Très marqué par l’esprit de Bandoeng, le nouveau maître de La Havane était alors convaincu que son action devait s’étendre au Tiers Monde et aux « mouvements révolutionnaires qui combattaient l’impérialisme ». La même année, Che Guevara, qui avait combattu auparavant dans la Sierra Maestra aux côtés du lider maximo pour renverser le régime de Batista et qui était devenu ministre de l’Industrie dans le nouveau gouvernement cubain, entreprit une première tournée de quatre mois en Afrique et en Asie. Il lança à cette occasion le concept de « solidarité révolutionnaire » et exprima la volonté de Cuba d’aider les organisations « anti-impérialistes » par tous les moyens, y compris la lutte armée.
En 1962, Amilcar Cabrai, le leader du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée (1) et du Cap-Vert (PAIGC) sollicita de Cuba une aide militaire pour lutter contre la colonisation portugaise ; elle se traduisit par l’envoi de conseillers et la fourniture d’armements. Che Guevara se rendit encore en Afrique en 1965 pour y déployer son prosélytisme révolutionnaire. Il visita ainsi plusieurs pays qui s’étaient engagés dans la voie du socialisme. Parmi ceux-ci le Mali, la Guinée, le Ghana, le Congo et la Tanzanie d’où il prononça cette phrase célèbre : « Après m’être entretenu avec les dirigeants de plusieurs pays africains, je suis convaincu qu’il est possible de créer un front commun de lutte contre le colonialisme, l’impérialisme et le néocolonialisme » (2).
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