Cet article aborde un sujet en fait mal connu et qu'on évoque toujours de façon floue, d'autant plus que nous avons du mal à imaginer l'état réel de délabrement matériel et moral dans lequel se trouvent la Russie, son peuple et son économie.
L'essor du crime organisé dans la Russie postcommuniste
Société en mutation, la Russie offre un contraste frappant entre l’héritage de près d’un demi-siècle d’économie planifiée et les signes annonciateurs d’un capitalisme déjà vivace. Alors que le processus de privatisation, présenté comme le principal succès de la transition russe vers l’économie de marché, n’entraîne souvent que des changements formels, l’économie privée en marge de la légalité se développe dans une fièvre affairiste, en dehors des cadres légaux existants.
Bien que toutes les activités commerciales illégales ne puissent être assimilées au crime organisé, celui-ci se développe rapidement et apparaît comme une force structurée face à un pouvoir déliquescent et à un appareil policier largement corrompu. L’implication de l’administration russe et de l’ensemble de la classe politique dans des affaires douteuses rend la lutte contre les structures criminelles ardue et souvent inefficace.
Les débordements du capitalisme sauvage n’iront vraisemblablement pas sans une aggravation du chômage d’une part et une dégradation des fonctions sociales et éducatives d’autre part. À terme, l’écart des revenus pourrait provoquer des révoltes sociales et une mobilisation populaire sur un projet de rétablissement de l’ordre. Rien ne permet, cependant, de croire que l’arrivée au pouvoir d’un régime autoritaire pourrait éviter la dérive mafieuse de la Russie. Quelles que soient ces évolutions, les pays occidentaux devront veiller à protéger leurs intérêts et leur économie moderne contre les projections extérieures, parfois violentes et de plus en plus nombreuses, du crime organisé russe.
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