Politique et diplomatie - La diplomatie préventive
Toute diplomatie est, semble-t-il, par nature, préventive. N’est-elle pas l’art d’éviter les guerres, de maîtriser les conflits ? Mazarin, Metternich, Bismarck, Kissinger furent des orfèvres dans ce domaine ; leur préoccupation n’était certes pas d’éviter la guerre (Bismarck n’a pas hésité à la faire contre le Danemark, puis contre l’Autriche, enfin contre la France ; Kissinger ordonna de bombarder le Nord-Vietnam pour contraindre ce dernier à accepter l’accord sur le Sud-Vietnam), mais d’atteindre leur objectif au meilleur coût. La diplomatie, comme, d’ailleurs, la guerre, n’est qu’un instrument au service de la politique. Alors pourquoi, en ces années 90, l’apparition de ce pléonasme : diplomatie préventive ?
Toute expression nouvelle est le produit de l’air du temps, de la mode. De ce point de vue, la diplomatie préventive est bien l’un de ces termes qu’appelle notre époque, caractérisée par une contraction formidable de l’espace et du temps du fait, notamment, de l’omniprésence des médias. La Terre étant sous la surveillance permanente des télévisions, toute crise prend des proportions planétaires, au moins pendant la brève période où elle se trouve dans le champ des caméras. Avec de telles capacités d’informations, les hommes devraient être en mesure de déterminer les tragédies en gestation et de se mobiliser pour empêcher qu’elles ne se développent.
Cependant, toute mode exprime toujours quelque chose de profond. La notion de diplomatie préventive ne prend pas forme par hasard, elle est le fruit de plusieurs évolutions de fond du système international. De plus, elle est déjà une réalité ; mais son utilisation comme pratique méthodique requiert une adaptation de l’ensemble des mécanismes et des réseaux internationaux. Alors surgit la question, sans réponse satisfaisante : la diplomatie préventive est-elle une panacée, permettant une maîtrise sans précédent des risques d’affrontement ? Évidemment non, elle ne saurait être qu’un moyen, dont l’efficacité est limitée et réclame, de la part des acteurs, une volonté de jouer le jeu. Elle ne promet en rien un monde où le recours à la force deviendrait superflu.
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