L'élargissement de l'Alliance atlantique : une révolution stratégique ?
Dès le début des années 90, à la logique des blocs antagonistes a succédé celle de la coopération. Il en avait déjà été ainsi à l’issue des grands conflits de ce siècle et la fin de la guerre froide n’a pas échappé à la règle. À défaut de traité de paix ou de plan Marshall, il y eut des ouvertures successives de l’Alliance à l’Est, sous la forme du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA/NACC), puis du Partenariat pour la paix (PPP/PFP). Le temps de l’élargissement est maintenant arrivé ; avec lui l’idée d’une charte Otan/Russie chemine qui permettra de mieux organiser les relations Est-Ouest en Europe.
Parallèlement depuis cinq ans, la CSCE ne cessait d’accueillir de nouveaux membres, issus pour la plupart de la dislocation soviétique et s’institutionnalisait en OSCE à 55 ; l’Union européenne, quant à elle, passait de 12 à 15 et se préparait à engager des négociations d’adhésion avec une dizaine de prétendants dans l’esprit de Maastricht ; l’UEO n’était pas en reste et de ses 9 membres pleins originels passait à 10, s’enrichissait de 3 autres statuts, les membres associés, les associés partenaires et les observateurs : les 13, les 18, les 27.
Autant dire qu’après la guerre froide, des mécanismes variés se mettaient en place pour relier étroitement les États de l’Europe centrale et orientale à ceux de l’Europe de l’Ouest. C’est donc dans un contexte de normalisation et d’ouverture qu’il faut placer l’élargissement de l’Alliance. Ce mouvement irréversible et global constitue en soi une véritable révolution stratégique en Europe ; il contient en germe tout à la fois le processus de réunification de l’Europe et celui de rééquilibrage de la donne russo-américaine.
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