Année 2030 : 2 milliards de musulmans. L’islam progresse inexorablement, en s’appuyant sur une démographie galopante. Ce chiffre, approché certes, donne la mesure de son importance dans le monde de demain. Faut-il pour autant en avoir peur ? Norman Mailer, écrivain reconnu outre-Atlantique, disait en mai 1991 à propos de la nation arabe : « Nous nous trouvons en présence d’une mentalité, au sens géopolitique du terme, plus nocive que toutes celles que nous avons connues jusqu’ici ». Dans l’inconscient collectif occidental, l’univers arabo-islamique représente une menace pour les années qui viennent. Les attentats de certains groupuscules islamistes déstabilisent régulièrement notre société, comme pour nous rappeler l’existence de ce vaste ensemble de pays qui s’étend du Nigeria au Kazakhstan et de l’Indonésie à la Bosnie. Au-delà des schémas réducteurs, quelle est la cohérence politique de ce monde de l’islam ?

À la lumière des travaux des spécialistes et des derniers événements, nous étudierons dans un premier temps les facteurs d’unité, pour ensuite analyser les défauts structurels et les points de contradiction qui empêchent la réalisation d’une véritable oumma politique.

Fondements et réalité de l’islam politique : de Médine à l’islamisme

Le terme d’islamisme désigne les mouvements politiques radicaux qui veulent établir un État islamique, par opposition à l’État de type occidental. Olivier Roy donne une acception plus large en le définissant comme le mouvement contemporain qui pense l’islam comme idéologie politique. C’est celle que nous retiendrons.