L'avenir
Les interventions de ce matin nous font porter un regard différent sur l’avenir. La capacité à préparer ce dernier s’appuie, chacun le sait, sur l’aptitude à prendre la mesure des problèmes que l’on voit, à pressentir ceux qui peuvent surgir, à agir en projetant dans le futur un éclairage alimenté à ces deux sources. Il ne faut se tromper ni sur le format, ni sur la profondeur du champ. C’est de ce point de vue que les travaux de la matinée nous conduisent à retenir que le concept de défense recouvre, dans une séquence logique et cohérente, une série de défis liés, dont l’évaluation en termes d’enjeux, d’information, de moyens, d’interactions détermine les exigences d’une société en ce qui concerne la sécurité. M. Riolacci nous l’a opportunément montré, et la description des situations auxquelles nous pourrions avoir à faire face, seuls, en fonction de nos spécificités nationales, ou avec d’autres avec lesquels nous avons des intérêts liés, est fort instructive.
On part de la sécurité intérieure, problème majeur, complexe, pour rejoindre les « crises de proximité » avec les risques qu’elles comportent pour des pays comme les nôtres, si proches de possibles foyers de trouble. On a évoqué aussi l’évolution démographique et ses conséquences sur les conditions de gestion des sociétés, sur leur stabilité, sur leur avenir. Il y a les éruptions apparemment locales, mais dont l’effet potentiel peut affecter le système international : tous éléments qu’il faut intégrer pour définir un concept d’ensemble.
Il suffit de regarder la carte pour douter de cette fin de l’histoire qu’évoque M. Fukuyama. L’histoire renaît ou se prépare en bien des lieux. C’est ainsi que l’image jusqu’ici communément reçue de l’Orient proche, moyen ou extrême est en train de se modifier. Les données géopolitiques nouvelles font surgir dans la région, sans que les contours en soient bien clairs, de nouvelles zones d’influence ou d’interaction. À côté du Proche-Orient du pétrole, qui peut être détonateur, voici celui où se croisent Iran et Turquie, turcophones et persophones, laïques et islamistes. La chaîne des républiques d’Asie centrale y borde la Russie et rejoint la Chine. Le sous-continent Indien, de son côté est en pleine mutation. La Chine, l’Association des États du Sud-Est asiatique, avec le jeu subtil des diasporas, surgissent avec vigueur, et nous n’avons encore ni perçu, ni vécu tous les effets, y compris politiques, de ce formidable mouvement.
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