Des grands thèmes de notre société sont actuellement évoqués, car celle-ci a changé en bien des domaines. Cette valeur fondamentale qu’est la citoyenneté nécessite ainsi une sorte de « mise à jour », et même, diront certains, une nouvelle définition. Le général Paris, ancien commandant de la 2e DB, animateur d’un club de réflexion politique, nous apporte une réponse personnelle en liant étroitement la défense à la citoyenneté, et en prônant le retour de l’instruction civique, sous une nouvelle forme, dans les établissements de l’éducation nationale.
Citoyenneté et défense
Longtemps, citoyenneté et défense ont été notamment liées par l’existence du service militaire : était réputé citoyen à part entière celui qui l’avait accompli. L’extension en service national comprenant donc des formes civiles ne changeait rien à cette conception. En quelque sorte, il y avait la majorité légale reconnue à 21 puis à 18 ans, et celle de citoyen donnée par le service national. Un tel concept est d’ailleurs discutable, car il y a toujours eu des dispenses et des réformes médicales, mais il n’en traduisait pas moins un autre concept fondamental : la nation, composée de citoyens, avec son expression juridique et législative qu’est l’État, doit être défendue. C’est là un impératif. Qui donc est l’acteur de la défense de la nation, sinon le citoyen ? Là est le lien.
Peu à peu, ce dernier se distend entre citoyenneté et défense, au lendemain de la Première Guerre mondiale et encore plus de la Seconde. La disparition de la conscription, à la suite des réformes militaires officialisées le 22 février 1996, vient couper le dernier lien matériel entre défense et citoyenneté. Reste le lien moral, mais il faut bien constater qu’il s’affaiblit considérablement.
Le péril est mortel pour une démocratie. Les relations internationales continuent à être marquées par des rapports de force, dont la force militaire est une composante, et non la moindre. Elle est toujours l’ultima ratio regum, jusqu’à ce que l’homme soit bon naturellement. Rousseau l’écrivait pour le souhaiter, il y a plus de deux siècles. Peut-être avait-il raison ? mais dans une lointaine perspective, étant donné les massacres que l’on persiste à perpétrer à la fin du XXe siècle. Or, une démocratie ne se conçoit pas sans démocrates, sans citoyens ; et si ceux-ci se désintéressent de la défense militaire de la démocratie, de leur défense, alors la démocratie est condamnée à mort : elle périra sous les coups d’un adversaire employant la force des armes, sinon la simple menace de leur emploi. Une autre forme de mort est la marche vers la dictature. Celle-ci survient dès que les citoyens se désintéressent de la chose publique dont fait partie la défense : c’est le panem et circenses qui annonce la chute de Rome. Les deux formes de désintérêt se rejoignent d’ailleurs par leurs conséquences. Il y a donc lieu de se pencher sur le problème, en premier lieu en analysant les raisons de la rupture entre citoyenneté et défense ; en second lieu, en examinant les possibilités de rétablir ce lien.
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