L'auteur nous livre une courte étude sur cette « nouveauté stratégique » qu'est la guerre « zéro mort », principe lancé par les médias américains avec l'adhésion totale de l'opinion publique, qui ne s'est pas encore libérée du « syndrome vietnamien ». Dans le monde perturbé qui se dessine actuellement, un tel concept a-t-il vraiment sa place ? Est-il seulement réaliste ?
La guerre « zéro mort » : un rêve américain ?
Louis XI disait qu’il préférait perdre dix mille écus plutôt que le dernier de ses archers. Celui qui fut l’un des plus grands de nos rois ne fut pas, pour autant, un initiateur de ce que certains nomment aujourd’hui la guerre « zéro mort », mais un négociateur de premier ordre qui avait compris que, pour un pays, il n’y a pas, en définitive, de « bonne » guerre.
Le concept de zero death war, la guerre « zéro mort », est récemment apparu dans les médias américains. Comme on le sait, il s’agit de mener un type de guerre pour un coût minimal, voire nul, en vies humaines, du côté ami s’entend, bien sûr. Toutefois, ce concept peut être interprété de deux façons différentes.
Deux conceptions de la guerre zéro mort
Pour les uns, en effet, c’est « la transcription, en une formule péremptoire, de l’écart infranchissable qui sépare désormais un État, doté de la panoplie complète des moyens scientifiques et techniques de la puissance militaire, de tous les autres, quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent... C’est le mot d’ordre naturel d’une puissance hégémonique qui se donne à elle-même pour mission et pour devoir de mettre en œuvre tous ses moyens matériels de manière à réduire, si possible, ses pertes humaines à rien » (1). C’est la conception que l’on peut qualifier d’« impériale » de la guerre zéro mort.
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