La pensée militaire française : méthode pour un projet d'anthologie (mai 2009)
L’édition française est relativement pauvre en publications anthologiques, en particulier dans le domaine de la défense. Il est vrai que l’élaboration d’une anthologie sur quelque sujet que ce soit est une tâche complexe et, toujours, le fruit de choix nécessairement subjectifs.
Ce principe élémentaire étant posé, fort de son expérience de publication d’une anthologie des textes fondateurs de l’armée française depuis ses origines (que l’on peut fixer au début du XIVe siècle, le premier texte choisi date de 1317) (1), le Centre d’études d’histoire de la Défense (CEHD) et son équipe de chercheurs ont décidé de poursuivre cette expérience et de préparer une anthologie… des stratèges ? Des stratégistes ? Des penseurs de la guerre ? Ou des penseurs militaires ? La différence est loin d’être négligeable et il ne fut pas aisé de trancher car de ce choix dépendaient largement la nature et l’ampleur de l’exercice. C’est la dernière solution qui a été retenue en ce qu’elle permettait d’inclure aussi une dimension non stratégique dans la réflexion globale sur la défense.
Ce genre d’exercice conduit également à se poser une autre question concernant l’économie générale d’un tel projet : convient-il de suivre un plan strictement chronologique ou bien d’envisager une approche thématique abordant les différentes conceptions de l’emploi de la violence armée et ses représentations en cercles successifs que constituent la réflexion sur la guerre, la stratégie — grande ou petite — la bataille, l’outil militaire, le lien au politique ? Le choix chronologique l’a finalement emporté car lui seul permet une réelle lisibilité de l’évolution de la pensée sans exclure pour autant, à l’intérieur de certaines périodes, des subdivisions plus thématiques. Enfin, à partir de quand peut-on raisonnablement parler de « penseurs militaires » et a fortiori de stratégistes. Même si le projet envisagé ne se limite pas à la seule stratégie dans le sens que nous lui donnons aujourd’hui, il a été convenu de présenter des auteurs postérieurs à la fin du XVIIIe siècle coïncidant avec la naissance du terme même de « stratégie ».
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