Défense dans le monde - L'Europe de la défense après Washington et Cologne
Au printemps dernier, les événements du Kosovo ont quelque peu occulté deux importantes réunions internationales. À Washington, les 23 et 24 avril, l’Alliance atlantique a tenu un sommet, comme elle le fait à peu près tous les trois à quatre ans. À Cologne, les 3 et 4 juin, le Conseil européen a siégé sous présidence allemande. Ces deux conférences ont été l’occasion de faire avancer significativement le concept d’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD).
À Washington, la défense européenne s’émancipe
Les travaux du sommet de l’Alliance atlantique ont surtout été marqués par les tentatives de règlement de la crise du Kosovo. Cependant, un certain nombre de documents préparés de longue date ont été approuvés par les chefs d’État et de gouvernement. Dans la perspective de l’Identité européenne de sécurité et de défense, deux textes retiennent particulièrement l’attention. Ils doivent être lus en même temps pour avoir une vue globale des prises de position de l’Alliance sur l’Europe de la défense.
Le Communiqué du sommet de Washington, sous-titré « Une Alliance pour le XXIe siècle », passe en revue l’ensemble des dossiers traités par l’Otan. Il consacre ses paragraphes 9 et 10 à l’Identité européenne de sécurité et de défense (IESD). Les dirigeants atlantiques approuvent ses développements récents, posent le principe d’une consultation et d’une coopération entre l’Otan et l’UE et annoncent que, moyennant quelques conditions formelles, ils sont prêts à permettre l’accès aisé de l’Union européenne aux moyens et capacités de l’Alliance. Cette dénomination vise les moyens des planifications de défense et opérationnels ainsi que ceux de commandement. La dernière phrase du paragraphe 10 est particulièrement intéressante. On y lit : « Nous demandons au Conseil (de l’Otan) de garder constamment à l’examen ces mesures, en tenant compte de l’évolution des arrangements pertinents au sein de l’UE ». On ne peut plus nettement faire dépendre l’évolution de l’IESD des évolutions internes de l’UE et non plus de celles de l’Otan comme cela avait été établi à Berlin en 1996. L’Otan devra désormais s’adapter aux évolutions communautaires. À l’avenir, le tempo sera donné par l’Union européenne. Il existe donc une IESD en dehors de l’Alliance, affirmation qui aurait paru impie il y a seulement six mois.
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