Institutions internationales - L'euro, au mépris d'un développement équilibré - Abandonner la souveraineté pour d'autres soins
« Elle est retrouvée. Quoi ? L’Éternité », nous lance Rimbaud dans ses Illuminations. Aurions-nous retrouvé l’unité de l’Europe avec la monnaie unique et le traité d’Amsterdam ? Cette unité qu’elle affichait, il y a neuf siècles, en devenant cistercienne mais dont elle fut ensuite dépouillée par les ruptures religieuses puis politiques que lui infligea l’histoire. Serions-nous à l’aube d’une nouvelle ère d’harmonie et de grandeur ? On nous l’assure.
L’euro, au mépris d’un développement équilibré
Les titres de la presse, en ce début d’année, rivalisèrent dans la louange et la satisfaction. « La naissance d’une devise européenne unique met en cause l’hégémonie du dollar », affichait notre confrère Le Monde. Cette naissance étant annoncée, soyons soulagés que la Réserve fédérale américaine n’ait pas réagi à la manière d’Hérode en d’autres temps ! Sans doute s’est-elle abstenue par prudence autant que par tactique, sachant fort bien quelles surprises préparent en toutes circonstances les marchés des changes. À Bruxelles, M. Yves-Thibault de Silguy, chargé des affaires monétaires, peut bien avancer que la création de l’euro permettra au Vieux Continent de « participer à la reconstruction du système monétaire international », encore faudrait-il que nos partenaires souhaitent la résurrection d’un tel système mis à bas par les États-Unis en 1971 ! Or, rien n’est moins assuré, nous semble-t-il.
Outre-Atlantique, on n’estime aucunement que la baisse du dollar par rapport à l’euro constituerait une marque de faiblesse de l’économie américaine, pas plus que la hausse de l’euro n’exprimerait un regain de vitalité des pays de la zone. Wall Street, qui a en ce domaine plus d’expérience que la nouvelle Banque européenne, sait fort bien que ces fluctuations de circonstance ne suffisent pas à taxer l’une ou l’autre monnaie de fragile. De plus, nul n’osera prétendre qu’une monnaie unique constitue en soi une garantie contre la déflation. L’histoire de l’étalon-or est là pour en apporter la preuve.
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