Bien que la défense soit l’affaire de tous les citoyens, cette responsabilité régalienne est le plus souvent occultée par d’autres préoccupations plus immédiates et par des enjeux plus perceptibles. La complexité de ses problématiques en fait un domaine de réflexion réservé à quelques autorités et experts. Et la grande majorité de nos compatriotes, politiques compris, se cantonne dans un vague consensus, fruit de la méconnaissance et de l’indifférence plus que de l’adhésion à une politique claire et déterminée. Il en résulte une absence totale de débat de fond dans les grands médias nationaux, qui au mieux n’abordent les questions de défense que sous l’angle de l’événementiel, du sensationnel et du compassionnel. Or sans médias, il n’est pas d’opinion publique et le citoyen demeure donc, quel qu’en puisse être son désir, sans capacité de réflexion propre sur ce qui est pour lui la « boîte noire » défense.

Et pourtant l’importance du sujet, alors que s’esquisse une actualisation du Livre blanc de 2008 et que se rapproche l’échéance de l’élection présidentielle, capitale dans la V^e République, devrait retenir l’attention de tous ceux qui se sentent concernés par l’avenir de notre communauté nationale. Car nous savons tous que nous sommes en train de quitter définitivement l’univers du XX^e siècle pour un monde plein d’inconnues, en recherche de nouveaux équilibres, dans lequel d’inéluctables surprises stratégiques remettront en question acquis et certitudes tandis que vacillent les concepts d’État, d’indépendance nationale ou encore de supériorité technologique et que s’effiloche le tissu des « valeurs » occidentales qu’il convenait jusqu’à peu, de faire partager, voire d’imposer à tous ceux qui, sur la planète, n’avaient pas eu la chance d’être bien nés.

Il est donc urgent et nécessaire de s’interroger, sans entrer dans les arguties d’expert mais en endossant le personnage de Candide, sur l’avenir de notre politique de défense et de sécurité.