Diplomatique - Vers l'armistice en Corée - Londres et le Caire restent sur leurs positions - Le discours de Sir Winston Churchill - Activité diplomatique de Bonn
À Pan Mun Jom, les négociations entre les représentants des Nations unies et ceux des Sino-Coréens ont, en mai, évolué favorablement. Le 7, on avait appris que les Sino-Coréens renonçaient à leur exigence antérieure du transfert physique dans un pays neutre des prisonniers qui auraient à choisir entre le rapatriement et la libération pure et simple. Après qu’un nouveau plan ait été soumis aux communistes, les négociations furent suspendues le 16, puis reprises à huis clos le 25. Pendant ce temps, le Gouvernement britannique intervenait à Washington avec l’appui des autres membres du Commonwealth pour demander que les ultimes propositions des alliés ne soient point différentes, sur l’essentiel, de celles que l’Inde avait fait accepter à la quasi-unanimité par les Nations unies.
Pendant que les négociations semblaient ainsi sortir de l’impasse, un conflit dont les phases demeuraient secrètes s’était ouvert entre le gouvernement des États-Unis et celui de la République de Corée. Le Président Syngman Rhee s’insurgeait en effet contre la perspective d’un armistice qui ne pouvait faire autrement que laisser la Corée coupée en deux, telle, à peu de chose près, qu’elle se trouvait avant l’ouverture des hostilités en 1950. Sans des garanties permanentes de la part des États-Unis, le président refusait d’accepter une situation qui, en fait, sinon en droit, reconnaissait l’existence de deux Corée. M. Syngman Rhee allait jusqu’à laisser dire qu’il se faisait fort de remonter avec ses seules forces jusqu’au Yalu, réalisant ainsi ce qu’il n’avait jamais cessé de réclamer, l’unité sous sa direction de toute la Corée. Aux États-Unis même, le sénateur Taft apportait à M. Syngman Rhee l’appui de son autorité en déclarant, le 27 mai, que « même le meilleur armistice en Corée serait, dans les circonstances actuelles, très peu satisfaisant ». L’administration du président Eisenhower s’est donc trouvée dans l’obligation de tenir compte des positions énergiquement affirmées de son allié coréen soutenu par l’aile droite du parti républicain en même temps qu’elle devait aligner sa politique asiatique sur celle des autres membres des Nations unies et tout particulièrement du Commonwealth. À M. Taft qui réclamait que Washington affirme une plus grande indépendance à l’égard des Nations unies, le Président Eisenhower a répondu que, malgré leur puissance, les États-Unis ne pouvaient se passer d’alliés.
Londres et Le Caire restent sur leurs positions
Les conversations anglo-égyptiennes reprises au Caire à la fin d’avril ont été suspendues dix jours plus tard. La pierre d’achoppement, comme lors des entretiens précédents, fut le dispositif propre à assurer le fonctionnement technique normal de la zone du canal de Suez au cas où les troupes britanniques en seraient progressivement retirées. Cette question dont l’importance ne peut être sous-estimée, étant donné la place que tient le canal dans les communications maritimes des nations occidentales, est évidemment étroitement liée à la question plus générale des rapports de l’Égypte et des autres pays arabes avec les commandements régionaux de l’Otan. Au moment où s’interrompaient les négociations du Caire, le secrétaire d’État des États-Unis, M. Foster Dulles s’envolait avec M. Stassen, directeur de l’Agence de Sécurité Mutuelle, pour un voyage d’information dans le Proche-Orient et dans l’Inde. Si l’objet de cette randonnée était d’apporter au collaborateur direct du président Eisenhower une vue plus concrète de la situation internationale en Proche-Orient, le secrétaire d’État y trouvait également l’occasion de renseigner ses interlocuteurs sur les intentions réelles du Gouvernement américain. Au Caire notamment, M. Dulles put informer le général Neguib de ce que l’Égypte était en droit d’attendre des États-Unis et des limites que l’intervention américaine en faveur de l’Égypte ne saurait franchir. Le Caire a peut-être trop misé sur une divergence de vues entre Londres et Washington sur la question de l’évacuation de la zone du canal.
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