Le Moyent-Orient connaît un nouveau théâtre de conflit. Depuis une semaine, les bombardements israéliens sur l'Iran et iraniens sur Israël recentrent, plus que jamais, l'actualité internationale dans cette région. De nombreuses questions accompagnent ces événements, de l'ouverture du conflit à sa résolution. L'ambassadeur Bertrand Besancenot donne ses premières impressions sur ce conflit qui risque de plonger le Moyen-Orient, l'Occident voire le monde entier dans l'incertitude sécuritaire, politique et économique.
Middle East Chronicles —First comments on the war between Israel and Iran
The Middle East is experiencing a new theater of conflict. For the past week, Israeli bombings of Iran and Iranian bombings of Israel have refocused international news on this region more than ever. Many questions accompany these events, from the outbreak of the conflict to its resolution. Ambassador Bertrand Besancenot offers his initial impressions of this conflict, which threatens to plunge the Middle East, the West, and even the entire world into security, political, and economic uncertainty.
Le conflit n’est pas terminé et il est donc difficile de faire des prévisions sur son issue. La vraie question est la suivante : l’argument israélien du risque posé par le développement du programme nucléaire iranien (poursuite de l’enrichissement de l’uranium à des taux « non civils » et dissimulation de sites) est-il recevable ? Tout le monde en convient. Toutefois, l’opération militaire israélienne en cours est-elle la bonne réponse ? Quel est l’objectif de cette intervention ?
S’il s’agit d’annihiler les capacités nucléaires iraniennes, la plupart des experts estiment qu’il est peu probable qu’Israël y parvienne seul. Même si Banjamin Netanyahou parvient à entraîner les États-Unis – qui disposent des bombes lourdes pénétrantes – les bombardements ne réussiront qu’à retarder le programme iranien, car on ne peut pas détruire le savoir-faire. En revanche, cela pourrait conduire les autorités de Téhéran à opter définitivement pour l’arme nucléaire, comme moyen ultime de préserver le régime (comme en Corée du Nord).
Si l’objectif israélien est précisément de renverser le régime iranien – comme le laissent à penser la décapitation de la direction militaire iranienne et les appels répétés de Banjamin Netanyahou à un soulèvement populaire en Iran – il s’agit là d’un pari qui peut être sanglant et qui pourrait embraser la région du Moyen-Orient. En effet, personne ne doute de la capacité de nuisance de ce régime et il est clair que la plupart des gens en Iran (et ailleurs) se réjouissent de son affaiblissement. Est-on sûr, cependant, que les opérations militaires actuelles parviennent à susciter une révolution intérieure ? Il est vrai que la majorité de la population iranienne, notamment la jeunesse, s’oppose à ce régime oppressif, incapable d’assurer le développement du pays. Les Gardiens de la révolution ne se laisseront toutefois pas faire car ils ont trop à perdre. Le régime dispose encore apparemment de suffisamment de moyens pour frapper Israël et causer d’importants dégâts ailleurs, notamment dans le Golfe. Benjamin Netanyahou a-t-il suffisamment mesuré ces risques ?
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