La frégate Amiral Ronarc’h a rejoint Brest pour 40 ans de service, marquant une relance de la Marine nationale. Malgré une flotte réduite à 15 frégates (contre 18 initialement), son arrivée porte à 5 les unités basées à Brest. Innovante, elle répond aux défis modernes, dont les drones. Un symbole de modernisation, après six ans de chantier.
Éditorial – Un nouveau chapitre pour la Marine nationale (T 1752)
La FDI Amiral Ronarc'h (© Naval Group)
Editorial —A New Chapter for the French Navy
The frigate Amiral Ronarc'h has joined Brest for 40 years of service, marking a revival of the French Navy. Despite a fleet reduced to 15 frigates (compared to 18 initially), its arrival brings the number of units based in Brest to five. Innovative, it meets modern challenges, including drones. A symbol of modernization, after six years of construction.
La semaine dernière, la Frégate de défense et d’intervention (FDI) Amiral Ronarc’h a définitivement quitté Lorient, son berceau, pour rejoindre la base navale de Brest où elle déroulera sa vie opérationnelle jusqu’aux années 2060. Une étape décisive et attendue avec impatience par toute la communauté maritime.
La modernisation de la marine est une réalité, avec notamment pour les plus gros « morceaux », le bon déroulement du programme des Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de la classe Barracuda avec déjà trois sous-marins en service – Suffren, Admis au service actif (ASA) en 2022, Duguay-Trouin, ASA en 2024, Tourville, ASA en 2025 –, l’arrivée des Bâtiments ravitailleurs de forces (BRF) avec le Jacques Chevallier (ASA en 2024) et le Jacques Stosskopf (ASA imminente).
L’attention se porte, bien sûr, sur les navires dits de premier rang, les frégates dont le nombre a été drastiquement réduit depuis le Livre blanc de 2008 passant de 18 à 15 unités, en y incluant les frégates de la classe Lafayette (ASA entre 1996 et 2001) alors dépourvues de capacité de lutte anti-sous-marine. De plus, les cibles des nouvelles séries étaient revues à la baisse, les Frégates de défense antiaérienne (FDA) passant de 4 à 2 et les Frégates multi-missions (FREMM) initialement prévues au nombre de 17 lorsque le projet fut lancé, passant à 8 après une décision d’Hervé Morin, alors ministre de la Défense, en octobre 2009.
Huit FREMM dont deux destinées à la défense anti-aérienne sont ainsi entrées en service entre 2015 et 2023. Trois des cinq Frégates légères furtives (FLF) Lafayette ont été rénovées pour durer jusqu’en 2035 et la Marine nationale a su utiliser le principe de double équipage pour augmenter la présence à la mer de nos navires. Cependant, le durcissement opérationnel depuis 2022 avec la guerre en Ukraine exige davantage de la marine. Le format à 15 navires est désormais trop faible et ne permet pas de répondre aux besoins opérationnels croissants ; d’où la volonté exprimée de remonter à 18.
De fait, l’arrivée à Brest de la première FDI est plus qu’un symbole et traduit un début de remontée en puissance. Tout d’abord pour Brest qui voit sa flotte augmenter en passant de 4 frégates (du type FREMM) à 5 avec la nouvelle FDI.
Le concept des FDI a été figé en 2015, alors nommées Frégates de taille intermédiaire (FTI) alors que Jean-Yves Le Drian était ministre de la Défense. La découpe de la première tôle de l’Amiral Ronarc’h a eu lieu le 24 octobre 2019 et la mise sur cale en décembre 2021. La mise à l’eau est intervenue le 7 novembre 2022 mais les essais à la mer n’ont débuté qu’en octobre 2024 après une longue période de finition du chantier. La mise au point d’une tête de série très novatrice exige souvent plus de temps que prévue.
Après 6 ans de chantier, la FDI a enfin pris son envol vers son port d’attache pour finaliser les derniers réglages et participer aux opérations, notamment en Atlantique. Les FDI suivantes sont d’abord pour la marine grecque qui a commandé dans un premier temps trois bâtiments et qui a confirmé un quatrième. Quatre autres FDI sont prévues pour notre Marine nationale, en espérant que trois supplémentaires seront prévues à la suite des décisions annoncées le 13 juillet dernier lors de la présentation de la Revue Nationale Stratégique. Cela permettrait de remonter à un format de 18 navires de premier rang.
En arrivant à Brest, l’Amiral Ronarc’h ouvre un nouveau chapitre pour la marine mais aussi pour notre défense. Avec son étrave inversée, elle allie performances à la mer et capacités de combat autour de nouveaux systèmes d’armes capables de prendre en compte les menaces de demain, dont les drones.
Il reste désormais à assurer la bonne production des FDI à Lorient mais aussi à gagner des marchés à l’exportation. Paradoxalement, la Norvège, en choisissant un projet britannique moins performant et plus coûteux, rend service à Naval Group car la FDI était en tête dans les évaluations des marins norvégiens. Oslo a fait un choix politique et non opérationnel. Il reste à souhaiter que la FDI connaisse le même destin que le Rafale, aujourd’hui unanimement reconnu.
Longue vie à la FDI Amiral Ronarc’h ! ♦