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  • Europe : fin de l'innocence stratégique – Regards du CHEM - 74e session
  • L’esprit corsaire, un modèle inspirant pour répondre aux défis contemporains (#GuerreHorsLimites, #Ruse, #Externalisation, #ÉthiqueVsRéalisme)

L’esprit corsaire, un modèle inspirant pour répondre aux défis contemporains (#GuerreHorsLimites, #Ruse, #Externalisation, #ÉthiqueVsRéalisme)

Emmanuel Mocard, "L’esprit corsaire, un modèle inspirant pour répondre aux défis contemporains (#GuerreHorsLimites, #Ruse, #Externalisation, #ÉthiqueVsRéalisme) " Europe : fin de l'innocence stratégique – Regards du CHEM - 74e session

L’esprit corsaire, figure hybride entre autonomie et loyauté, éclaire utilement les formes diffuses de la conflictualité contemporaine. À l’heure des guerres informationnelles, des ressources militaires limitées et du brouillage des lignes entre public et privé, cet article explore comment les Entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) et les réseaux civils peuvent prolonger l’action de l’État. Il ne s’agit ni de duplicité ni de privatisation incontrôlée, mais d’adopter une posture agile, encadrée et réversible, au service de l’intérêt national. Loin de la nostalgie, l’esprit corsaire devient un levier de souplesse et d’initiative dans les zones grises de la compétition mondiale.

« L’homme né pour la liberté, sentant qu’on cherche à l’asservir, aime souvent mieux se faire corsaire que de devenir esclave. »
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784)

À l’heure où les formes contemporaines de conflictualité échappent aux cadres traditionnels et où les rapports de puissance se jouent dans des arènes non conventionnelles et sur des échelles de temps étendues, le modèle du corsaire, figure singulière et ambivalente de l’histoire militaire française, offre une grille de lecture originale pour repenser les marges de manœuvre de la France. À la croisée de l’action militaire étatique et de l’engagement privé, entre autonomie tactique, ruse et loyauté envers l’État, le corsaire incarne une approche souple et hybride de la violence légitime. Dans un contexte de « guerre hors limites »  (1), où les États doivent composer avec une conflictualité diffuse, multi-domaine et souvent « déniable » (2), la figure du corsaire peut inspirer une réarticulation entre éthique, efficacité et innovation stratégique.

Ce modèle ne doit pas être convoqué sous une forme nostalgique ou romantique. Il s’agit au contraire d’identifier les ressorts d’un esprit – celui de l’adaptation créative, de l’action indirecte et de l’engagement loyal mais agile – pour nourrir une réflexion stratégique moderne. L’esprit corsaire, tel que nous l’entendons ici, se définit par la capacité d’agir dans les interstices du droit et de la guerre, d’utiliser la ruse comme levier tactique, et de mobiliser des moyens civils pour atteindre des effets militaires ou politico-stratégiques.

Nous proposons ici de revisiter l’esprit corsaire à travers trois angles complémentaires. D’abord, une relecture historique permettra de comprendre comment le corsaire incarne une forme originale d’engagement au service de l’État. Ensuite, une mise en perspective stratégique mettra en évidence la pertinence actuelle de la ruse et de la stratégie indirecte. Enfin, nous proposerons une déclinaison contemporaine de l’esprit corsaire, en analysant plus précisément deux grandes dimensions : d’une part, le recours croissant aux Entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD), qui constituent des auxiliaires potentiels de souveraineté ; d’autre part, la nécessité pour l’État de construire une stratégie hybride capable de mobiliser, de coordonner et de gouverner un écosystème élargi, au sein duquel la frontière entre public et privé, entre défensif et offensif, devient de plus en plus poreuse.

L’esprit corsaire : liberté, ruse et engagement au service de l’État

La figure du corsaire : entre légalité et autonomie

Dans la mémoire collective française, les corsaires restent des figures mythiques, incarnant à la fois l’audace, la liberté et l’engagement au service du Roi puis de la République. Héros de légende, à l’image de Jean Bart (1650-1702), qui sauva le Royaume de la famine en forçant les blocus anglais en 1693 pour ramener des navires chargés de blé, ou de René Duguay-Trouin (1673-1736), capitaine intrépide dont l’ambition était moins la richesse que les hauts faits d’armes. Robert Surcouf (1773-1827), quant à lui, incarne le panache et la témérité : on le vit combattre à un contre quatre à l’orée du XIXe siècle pour s’emparer de puissants vaisseaux britanniques, ses exploits nourrissant la chanson populaire Le 31 du mois d’août (3).

L’« âge d’or » des corsaires, au XVIIe et XVIIIe siècles, fut marqué par leur rôle central dans l’économie de guerre. Sous Louis XIV, la France fait appel à des corsaires aussi bien pour renforcer ses forces navales insuffisantes que pour frapper l’ennemi au cœur de ses échanges économiques (4). Les ports de Dunkerque, Saint-Malo ou La Rochelle deviennent alors des viviers de corsaires, intégrés à l’effort global du royaume tout en conservant leur autonomie d’action (5). Ils symbolisent cette guerre de course dont l’objectif était aussi économique que stratégique : harceler l’ennemi par des moyens non conventionnels, désorganiser ses flux logistiques, saper sa puissance sans l’affronter frontalement. Cette hybridation pragmatique, entre public et privé, institutionnel et entrepreneurial, anticipe dans une certaine mesure les débats contemporains sur l’externalisation de certaines fonctions stratégiques.

Au-delà de l’épopée, le corsaire fascine par son statut juridique et opérationnel. Ni pirate, ni militaire d’État, il incarne une délégation partielle et contrôlée de la violence légitime. Armateur ou capitaine civil, le corsaire agit sous l’autorité d’une lettre de marque qui lui confère un mandat de guerre économique contre les navires d’une puissance ennemie. Il ne bénéficie pas du statut militaire, mais n’est pas non plus un hors-la-loi.

Enfin, l’esprit corsaire repose sur une dynamique psychologique : un goût du risque, une capacité d’innovation tactique, une volonté de s’insérer dans des marges d’action délaissées par les grandes structures militaires conventionnelles. Cet esprit est tout autant une posture mentale qu’une forme organisationnelle. Il cultive la liberté d’initiative sous responsabilité, une loyauté non pas de sujétion mais d’allégeance raisonnée.

Ruse, audace et loyauté : les ressorts d’un modèle

L’esprit corsaire repose sur trois piliers. D’abord, la liberté : le corsaire choisit son engagement, recrute ses hommes, organise ses campagnes, souvent avec plus d’efficacité et de réactivité que la flotte régulière. Ensuite, la ruse : ses succès reposent sur la surprise, la mobilité, la dissimulation, le contournement – autant de traits que valorisent les théories indirectes. Le corsaire incarne une certaine éthique de la guerre indirecte : il privilégie la ruse à la force brute (6), l’économie de moyens à la puissance de feu, et l’agilité à la rigidité des flottes de ligne. Enfin, la loyauté : bien qu’animé par l’appât du gain, le corsaire ne combat pas pour son seul intérêt ; il le fait au nom d’un État et souvent pour une cause qu’il juge juste. Certains d’entre eux, comme René Duguay-Trouin ou Jean Bart, furent d’ailleurs intégrés à la hiérarchie de la Marine royale, sans jamais renier leur esprit d’initiative (7).

Ce triptyque – autonomie, ruse, loyauté – offre un modèle inspirant qui combine efficacité et légitimité.

De la guerre de course à l’hybridité : continuités stratégiques

La guerre de course, pratiquée jusqu’au XIXe siècle, visait à frapper l’adversaire dans ses flux économiques, en attaquant ses navires marchands pour en affaiblir la puissance sans s’engager dans des batailles frontales. Il s’agissait donc d’une guerre économique, indirecte, asymétrique, cherchant un fort rendement stratégique.

Cependant, déjà au XVIIIe siècle, la guerre de course fut l’objet de critiques croissantes : l’extension des attaques aux navires neutres soupçonnés de transporter des biens ennemis conduisit à la création de la Ligue de neutralité armée en 1780, sous l’impulsion de la Russie et d’autres puissances, pour défendre le principe du libre commerce en temps de guerre. À travers ces contestations, apparaissait la difficulté persistante pour les États de contrôler la violence privée qu’ils avaient eux-mêmes déléguée. Le Traité de Paris de 1856, qui abolit la course (8), traduisit ainsi la volonté de réaffirmer la primauté d’un ordre étatique sur des pratiques jugées incontrôlables et délétères…

Néanmoins, depuis le début du XXIe siècle, la multiplication des zones grises, la montée des conflictualités hybrides et le besoin de moyens agiles remettent à l’ordre du jour ces logiques. Le recours à des navires civils à des fins militaires (comme les milices maritimes chinoises), l’usage de Sociétés militaires privées (SMP), ou encore les opérations d’influence menées par des Organisations non gouvernementales (ONG) proches de certains gouvernements s’inscrivent dans cette continuité (9). Ainsi, la logique de désorganisation de l’adversaire par des moyens non frontaux que nous utilisions jadis est aujourd’hui mise en œuvre par nos compétiteurs (c’est-à-dire Russie, Chine, Azerbaïdjan) : saturation des réseaux, harcèlement juridique, désinformation, pression économique (10).

À l’aune de cette relecture, le corsaire n’est plus seulement une figure du passé. Il devient une clé d’interprétation des formes émergentes de conflictualité et une source d’inspiration pour redéfinir des outils d’action plus souples et innovants. Néanmoins, renouer avec cet esprit suppose de relever un double défi : exploiter son potentiel de liberté stratégique sans reproduire les dérives éthiques qui avaient conduit à son interdiction.

Stratégies indirectes et guerre hors limites : redécouvrir la ruse comme levier stratégique

Dans l’environnement stratégique contemporain, la surprise, la dissimulation et l’action indirecte sont redevenues centrales (11). Les avancées technologiques et l’hybridation des menaces imposent une logique de ruse active, qui brouille les seuils entre le légal et l’illégal, entre le visible et le dénié. L’esprit corsaire se prête particulièrement à cette grammaire stratégique. Alors que les démocraties se dotent d’armées transparentes et, partant, prévisibles, certains adversaires font de la ruse une doctrine. Refuser d’entrer dans ce champ, c’est risquer la sidération, l’impuissance ou le contournement permanent.

La guerre cognitive – qui vise à influencer les perceptions, à manipuler l’information, à fausser l’interprétation des intentions – repose sur la capacité à surprendre, à feindre, à masquer (12). La ruse y devient la forme d’intelligence la plus précieuse, car elle permet d’échapper à la supériorité matérielle adverse, de créer des fenêtres de vulnérabilité et d’inverser temporairement le rapport de force. La pensée française doit donc se réapproprier cet outil, non comme une duplicité honteuse, mais comme une ruse loyale, conforme aux exigences du droit et de l’intérêt national. À ce titre, la ruse devient une forme de vertu stratégique. À l’étranger, plusieurs modèles s’inspirent de cette grammaire. Les Israéliens ont depuis longtemps intégré le leurre et la déception dans leurs opérations (13). Les Russes manient avec brio les opérations masquées ou la création d’incertitudes (14). Même les États-Unis, dans leurs doctrines d’Information Warfare ou de Multi-Domain Operations (MDO), insistent sur la nécessité d’intégrer des actions non cinétiques et la déception dans leur stratégie globale. En France, des avancées sont perceptibles, notamment avec la doctrine des opérations de déception (15) ou la montée en puissance des « unités de veille et d’action numérique » (16). Cependant, le cadre reste morcelé, peu consolidé doctrinalement, et la culture dominante demeure méfiante vis-à-vis de tout ce qui ne relève pas de l’action ouverte et conventionnelle.

La ruse stratégique devrait pourtant faire l’objet d’un effort de normalisation, de formation et d’acceptabilité. Il s’agit de doter les forces armées, les diplomates, les acteurs hybrides de méthodes, d’outils, de récits permettant d’agir dans la subtilité, la temporalité longue et la maîtrise de l’ambiguïté. L’esprit corsaire – avec ses diversions, sa rapidité d’action et son insaisissabilité – constitue une source précieuse d’inspiration pour bâtir une doctrine de la ruse opérative, pensée dans un cadre démocratique et pilotée stratégiquement.

La guerre hors limites et la stratégie indirecte

Le concept de « guerre hors limites » (17), développé par les colonels chinois Qiao Liang et Wang Xiangsui, exprime la mutation radicale de la conflictualité à l’ère de la mondialisation : dilution des seuils, brouillage des acteurs, décloisonnement des domaines d’action. La guerre ne se limite plus à l’affrontement militaire mais s’étend aux domaines économique, juridique, informationnel, technologique ou culturel. Les militaires ne sont plus les seuls protagonistes. Cette approche rejoint les théories stratégiques du général André Beaufre ou de l’historien et stratégiste britannique Basil Henry Liddell Hart sur la stratégie indirecte et la « grande stratégie » (18) ou « stratégie totale » (19) – où l’ensemble des moyens (économiques, moraux, sociaux, diplomatiques) sont mis en synergie pour affaiblir l’adversaire et atteindre un objectif politique limité.

Le corsaire s’inscrivait déjà, à sa manière, dans cette logique de décloisonnement : commerçant et combattant, marin libre et instrument de souveraineté, il anticipait les réalités du « flou stratégique » actuel. L’esprit corsaire témoigne d’une capacité d’adaptation précieuse face à des guerres aux formes diffuses, qui échappent aux cadres fixés par le droit westphalien.

La ruse dans la tradition stratégique

Dans ce cadre élargi, la ruse retrouve toute sa légitimité. Longtemps marginalisée dans la pensée stratégique française, elle s’impose comme une réponse pertinente à l’asymétrie des rapports de force et à l’hybridité des conflits. La ruse n’est ni perfidie, ni trahison : elle repose sur la surprise, la feinte, le leurre et désorganise l’adversaire sans recourir à la force brute. Des classiques comme Sun Tzu (20) aux modernes comme Rémy Hémez (21), la ruse est valorisée comme multiplicateur d’effet et levier stratégique. Dans une conflictualité de perception, elle devient un outil clé de la guerre cognitive.

Pourtant, la culture stratégique française demeure méfiante à l’égard de la ruse. Héritière du panache napoléonien et d’un modèle de guerre frontal, elle peine à assumer cette composante essentielle de la stratégie indirecte. La phrase attribuée au comte d’Anterroches lors de la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745 – « Messieurs les Anglais, tirez les premiers » – illustre cette préférence nationale pour l’honneur apparent. Elle peut certes être relue comme un calcul tactique habile, mais son inscription dans l’imaginaire collectif français tient surtout à sa dimension chevaleresque, souvent valorisée au détriment de l’efficacité stratégique. Il est donc nécessaire de déconstruire cette opposition trompeuse entre ruse et éthique, pour réinsérer la surprise et le stratagème dans un corpus doctrinal français rénové.

Redonner une place à la ruse

Redonner à la ruse une place dans la doctrine française, c’est aussi reconnaître que l’intelligence tactique peut se conjuguer avec les principes démocratiques. Loin d’être un reniement des valeurs, elle en est parfois la meilleure défense. Face à des compétiteurs peu scrupuleux, la surprise bien pensée, la feinte stratégique et l’exploitation des biais cognitifs adverses peuvent offrir des options efficaces, agiles et économes en vies humaines. La ruse, ici, devient un outil d’économie de la violence.

En outre, elle répond à un impératif opérationnel : dans un environnement informationnel saturé et surveillé, le contournement, le flou, le jeu sur les apparences deviennent des armes en soi. La maîtrise des seuils, la dissimulation des intentions, la réversibilité des postures constituent des vecteurs d’initiative et de liberté d’action dans les zones grises.

Vers un « corsairisme » stratégique contemporain

Dans un contexte marqué par la complexification des rapports de force, l’esprit corsaire offre une grille de lecture précieuse pour repenser la défense et l’influence de la France. Il éclaire deux dimensions essentielles : d’une part, le recours aux Entreprises de services de sécurité et de défense (ESSD) comme auxiliaires de souveraineté, et d’autre part, la mobilisation plus large des ressources civiles, économiques, numériques et informationnelles dans une stratégie hybride intégrée. Ce modèle ne vise pas à remplacer l’action régalienne, mais à l’étendre et la renforcer, en tirant parti d’acteurs privés et semi-publics dans une logique coordonnée.

Dépasser les blocages : vers une mobilisation des ESSD à la française

L’esprit corsaire, transposé au XXIe siècle, prend forme notamment dans l’essor des entreprises de services de sécurité et de défense. Le marché mondial des services de sécurité et de défense était estimé en 2022 à près de 450 milliards d’euros dont 63 % issus de la dépense américaine (22). Pourtant, en France, la difficulté à nommer l’objet révèle déjà une gêne conceptuelle. Le terme de « Société militaire privée » (SMP), couramment utilisé par nos alliés anglo-saxons, est rejeté : trop connoté, trop proche du mercenariat. L’acronyme ESSD, plus neutre, masque cependant l’essentiel. Faut-il dès lors inventer un nouveau vocable ? Pourquoi ne pas parler, par exemple, d’« entreprises patriotes de défense » ou reprendre l’héritage lexical du corsaire, en évoquant des « auxiliaires stratégiques sous mandat national » ? Cette querelle de mots n’est pas anodine : elle renvoie à une perception de légitimité, d’acceptabilité et d’éthique dans l’externalisation de certaines fonctions de souveraineté.

À l’image des corsaires d’antan, les ESSD agissent en périphérie de l’appareil militaire, dotées d’une autonomie opérationnelle dans des cadres contractuels négociés avec les États ou avec des entreprises privées (comme Total ou CMA CMG). Si la France reste réticente à leur emploi dans des missions de combat, l’évolution de la conflictualité et les capacités réduites des armées professionnelles imposent de réinterroger ce tabou stratégique.

Un retard doctrinal et institutionnel paradoxal pour une puissance militaire majeure

La France, puissance militaire dotée du 6e budget de défense en 2024 (23) et d’une Base industrielle et technologique de défense (BITD) parmi les plus performantes (c’est-à-dire 30 Mds € de chiffre d’affaires, 210 000 emplois (24)), accuse un net retard dans le développement des ESSD. Ce paradoxe s’explique par l’absence d’une doctrine d’emploi formalisée, d’un cadre légal précis et d’une stratégie nationale d’intégration de ces acteurs dans l’appareil de défense (25). Contrairement aux États-Unis ou au Royaume-Uni, qui ont su faire des ESSD un outil capacitaire structurant, la France adopte une posture défensive. Ce repli doctrinal se traduit par une externalisation souvent conjoncturelle, pilotée dans l’urgence, sans logique de moyen ou long terme (26). « Le recours aux ESSD ne semble s’effectuer que sous la forme ad hoc d’une substitution ou association subie » (27), sans articulation cohérente avec les stratégies capacitaires de long terme. Externaliser devient alors un expédient, dicté par l’urgence opérationnelle plus que par une planification stratégique.

Par ailleurs, la France limite strictement le champ des fonctions pouvant être externalisées, conformément à son droit interne et à ses engagements internationaux. L’emploi des ESSD reste limité par une culture stratégique très attachée au monopole régalien de la force armée. « Il ne peut exister par conséquent de sociétés de rang 3 françaises (28) ou selon la terminologie anglo-saxonne, de sociétés militaires privées, mais seulement des sociétés de sécurité » (29). Cette prudence, légitime en théorie, a pour effet pervers de restreindre drastiquement le développement des ESSD nationales. Alors que la concurrence internationale s’intensifie, les acteurs français peinent à atteindre la taille critique nécessaire pour s’imposer sur les marchés mondiaux, comme le montre la délocalisation ou la disparition de plusieurs ESSD françaises depuis 2015 (Risk&Co (30) ou encore Sovereign Global France (31) placés en liquidation judiciaire).

Si ce cadre est indispensable pour préserver la légitimité et la cohérence éthique de l’action de l’État, il ne doit pas bloquer l’élaboration d’un modèle français d’ESSD, fondé sur une logique complémentaire, non substitutive, au service de la souveraineté.

Des atouts considérables encore sous-exploités

Malgré ce retard, la France dispose d’un socle d’atouts considérables pour structurer une filière ESSD crédible. Elle est un leader mondial dans les services B2B (32), forte d’une BITD solide, et d’acteurs déjà implantés à l’international. Des entreprises comme Sodexo ou DCI illustrent les savoir-faire disponibles dans le soutien logistique, la formation militaire ou le Maintien en condition opérationnelle (MCO). D’autres, comme Amarante, Erys ou Geos, déploient depuis des années des services de sécurité privée dans les zones grises africaines ou moyen-orientales. Des pépites technologiques comme Preligens (IA) ou Unseenlabs (SIGINT (33)) illustrent la capacité à maîtriser des domaines clés de la compétition stratégique contemporaine. Le groupe ADIT, enfin, pourrait devenir le noyau d’un futur « champion national du soft power », notamment par l’intégration de DCI (34).

La France possède donc les briques industrielles, humaines et technologiques pour structurer une filière d’ESSD, à condition d’en clarifier les finalités, le périmètre, et les outils d’intégration.

Un outil d’efficacité et de souveraineté à structurer

Dans un contexte marqué par des pressions budgétaires, des engagements militaires dispersés et une conflictualité hybride croissante, les ESSD peuvent permettre à la France de mieux calibrer sa dépense militaire, de protéger ses intérêts hors zone, et de soulager ses armées de fonctions périphériques. Néanmoins, pour être acceptée et efficace, l’externalisation doit répondre à un triple critère et doit se faire : 1) dans le respect des exigences de la sécurité opérationnelle et de la souveraineté nationale, 2) conformément aux bonnes pratiques internationales, et 3) suivant un pilotage continu de son bilan coûts/avantages. Cela suppose une gouvernance adaptée, une régulation transparente et une analyse prospective des risques induits (perte de compétence, dépendance, dilution de l’autorité).

L’un des principaux défis du partenariat public-privé en matière de défense réside dans l’articulation de deux logiques distinctes, voire opposées : d’un côté, celle des acteurs privés, dont l’objectif premier est la conquête de marchés ; de l’autre, celle des armées, centrée sur l’accomplissement des missions et la recherche de la supériorité opérationnelle. Pour surmonter cette tension, deux modalités complémentaires de recours aux ESSD peuvent être envisagées.

La première relève d’une approche « compensatoire » : il s’agit d’externaliser certaines missions pour pallier des lacunes capacitaires – qu’il s’agisse de moyens Inexistants, Insuffisants, Inadaptés ou momentanément Indisponibles. Cette logique rejoint en partie la « règle des 4 I » qui encadre le recours aux armées sur le territoire national. La seconde relève d’une approche « proactive », dans laquelle les ESSD sont sollicitées non par défaut, mais parce qu’elles offrent un effet multiplicateur, une expertise ciblée ou une capacité jugée prioritaire par les forces armées (35). Les fonctions que les ESSD peuvent utilement remplir sont donc nombreuses :

• Soutien aux opérations de paix et de gestion de crise : sécurisation des zones arrière, formation des forces locales, missions de déminage – autant de tâches qui permettent aux contingents militaires de se concentrer sur les opérations robustes.

• Contribution au renseignement : certaines entreprises, comme l’ADIT ou des cabinets spécialisés en intelligence économique, apportent une expertise précieuse en veille géopolitique, cartographie des risques ou analyse des menaces, renforçant ainsi les capacités d’anticipation de l’État et des entreprises stratégiques françaises.

• Protection des intérêts français à l’étranger : plusieurs ESSD françaises assurent aujourd’hui la sécurisation de sites sensibles – installations pétrolières, sites miniers, infrastructures critiques – dans des environnements instables, notamment en Afrique.

• Accès à des expertises technologiques pointues (cyber, IA) : le secteur privé se montre souvent plus agile en matière d’innovation, notamment dans les domaines de la cybersécurité, de la surveillance satellitaire ou de l’analyse automatisée. Des entreprises comme Preligens développent ainsi des solutions d’IA appliquées à l’imagerie de renseignement, utiles tant aux armées qu’aux ESSD.

• Appui logistique et soutien aux forces : les ESSD peuvent prendre en charge des fonctions comme l’acheminement de matériel non sensible, la gestion de camps logistiques ou la restauration sur les théâtres d’opérations – à l’instar de l’expérience afghane, où les forces américaines ont massivement externalisé ces services.

• Renforcement des effectifs sur les théâtres d’opérations : en confiant à des ESSD des missions de gardiennage, d’escorte logistique ou de maintenance, les forces armées peuvent concentrer leurs soldats sur le combat tout en augmentant leur empreinte opérationnelle.

• Intégration dans les dispositifs interarmées de préparation à la haute intensité : leur expertise technique et leur agilité en font des partenaires utiles dans les exercices de type Red Team, les simulations cyber, ou la guerre informationnelle, apportant un réalisme accru aux scénarios d’entraînement.

Dans cette perspective, les ESSD ne sont pas des substituts aux armées, mais des compléments dans une architecture stratégique élargie. Elles redonnent de la profondeur à l’action extérieure, tout en rendant possible une meilleure adaptation à la diversité des théâtres. Comme les corsaires, elles n’agissent pas seules, mais dans une logique d’auxiliaires encadrés, et sous la bannière d’un intérêt national bien défini. Comme le souligne Gabriel Soubrier, alors colonel, dans la RDN (36), les ESSD peuvent également incarner une troisième voie entre l’intervention militaire directe et l’abstention. Leur emploi bien régulé ne menace pas la souveraineté, mais permet d’agir avec déni plausible, souplesse et réversibilité stratégique.

Un cadre à inventer pour un levier d’influence durable

L’avenir des ESSD françaises repose sur la capacité de l’État à élaborer une stratégie proactive, alignée sur ses intérêts et ses principes. Cela nécessite :

• La formalisation d’un périmètre légal d’externalisation, clair et stable : il est crucial de définir précisément les activités « externalisables » pour sécuriser juridiquement les opérateurs privés et lever les réticences internes (au sein des armées, de l’administration et de l’opinion publique).

• La définition d’un concept d’emploi des ESSD, dans une logique de complémentarité : l’objectif est de clarifier les rôles des ESSD pour éviter les chevauchements internes et favoriser les synergies.

• La création de mécanismes publics de soutien (marchés publics, labellisation, lien avec les viviers militaires). Il s’agit de doter la filière ESSD de points d’appui concrets pour se développer :

– la mise en place de marchés publics adaptés aux Petites et moyennes entreprises ou de taille intermédiaire (PME/ETI) de la défense ;

– la création d’un système de labellisation nationale (pour certifier la conformité éthique, juridique et opérationnelle des ESSD) ;

– la construction de passerelles entre les viviers militaires (seconde carrière) et les entreprises privées.

• La reconnaissance institutionnelle de leur contribution stratégique. Sans celle-ci, la filière restera marginale et fragile, alors qu’elle pourrait devenir un atout dans la compétition stratégique mondiale. Il conviendrait de les intégrer dans les réflexions stratégiques interministérielles (Défense, Affaires étrangères, Intérieur), de les inclure dans les exercices de planification, et de les considérer comme des acteurs d’influence économique et diplomatique.

À défaut, les acteurs français resteront fragiles, sous-dimensionnés, géographiquement dépendants, et incapables de rivaliser avec les grandes ESSD anglo-saxonnes sur les marchés de reconstruction ou de stabilisation. L’esprit corsaire offre ici un modèle inspirant. Comme les corsaires d’autrefois, les ESSD peuvent agir sous mandat républicain, dans un cadre juridique maîtrisé, avec agilité pour prolonger l’action de l’État là où il ne peut intervenir directement. Il ne s’agit pas d’abandonner le monopole régalien, mais d’adapter l’action publique à la conflictualité contemporaine.

Élaborer une stratégie nationale hybride : information, flottes civiles et écosystèmes distribués

La lutte informationnelle est devenue un front majeur de confrontation. La Russie, la Chine et plusieurs acteurs non étatiques déploient bots, trolls, fermes à clics et réseaux de médias relais pour influencer les perceptions, perturber le débat public et saper la confiance sociale. En parallèle, le cyberespace constitue un autre champ d’affrontement, où attaques, intrusions et opérations de déstabilisation visent les systèmes informatiques et les infrastructures critiques. Face à cette double menace, il ne suffit pas de renforcer les services de renseignement ou les moyens militaires ; il faut bâtir un écosystème national associant acteurs publics, privés et citoyens.

En France, la Réserve citoyenne de cyberdéfense (RCC), créée en 2012, regroupe des civils volontaires issus de l’ingénierie, de la recherche, de l’enseignement ou de la cybersécurité, contribuant à la sensibilisation, à la formation et à la veille stratégique. La Réserve opérationnelle de cyberdéfense complète ce dispositif en mobilisant des experts civils et militaires pour traiter des incidents complexes (37). En parallèle, des collectifs de pirates informatiques éthiques, réunis notamment lors d’événements comme la Nuit du Hack, participent à la détection de vulnérabilités nationales. L’Ukraine, quant à elle, offre une illustration remarquable de cette mobilisation distribuée avec l’IT Army of Ukraine, qui associe des dizaines de milliers de volontaires numériques pour contrer à la fois les cyberattaques et les campagnes de propagande russes (38).

Au-delà du seul volet cyber, la France pourrait également envisager de fédérer un réseau d’influenceurs, de collectifs civils, de médias indépendants et de partisans numériques capables de détecter, signaler et contrer les ingérences informationnelles et les narratifs hostiles. Ce type d’écosystème distribué pourrait s’appuyer en partie sur des dispositifs existants, comme Viginum, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères, mais nécessiterait une articulation plus étroite entre l’État, la société civile et les acteurs privés.

Par ailleurs, l’usage stratégique des flottes civiles constitue un levier discret mais redoutablement efficace de la conflictualité hybride contemporaine. La Chine a systématisé ce modèle avec ses milices maritimes : des centaines de navires de pêche civils, intégrés dans une stratégie d’État, sont mobilisées pour occuper, surveiller ou contester des zones maritimes. Ces navires, armés ou non, bénéficient d’un soutien logistique, d’un encadrement militaire discret et d’une impunité de fait, leur permettant d’user l’adversaire, de saturer l’espace contesté et d’imposer des faits accomplis (39). En mer de Chine méridionale, ces milices ont contribué à établir les revendications de Pékin en transformant la présence civile en outil de pression géopolitique. Pour la France, il ne s’agit pas de répliquer ce modèle autoritaire, mais de réfléchir aux synergies possibles entre ses flottes civiles – navires câbliers, bâtiments scientifiques, bateaux de recherche – et ses dispositifs militaires. Une meilleure coordination public-privé pourrait être envisagée pour la surveillance des Zones économiques exclusives (ZEE), la protection des câbles sous-marins ou encore la documentation des comportements hostiles en mer. Ce modèle pourrait également inclure des partenariats avec des entreprises spécialisées, à l’instar de CAE Aviation, active dans la surveillance et la reconnaissance au profit d’acteurs étatiques (4à).

Enfin, ce modèle trouve un prolongement dans la notion d’« État plateforme », issue des sciences de gestion et du numérique, et popularisée notamment par Tim O’Reilly (41), spécialiste de l’innovation numérique. L’État plateforme repose sur une logique d’orchestration : l’État ne cherche pas à tout contrôler ni à tout produire, mais il identifie les ressources, les connecte, facilite les interactions et coordonne les actions pour obtenir des effets systémiques. En cybersécurité, cette approche est déjà perceptible dans la coopération entre l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et des acteurs privés comme Orange Cyberdéfense, notamment par le partage d’informations et la gestion conjointe des incidents. Dans le domaine de l’influence, le programme européen EUvsDisinfo illustre une logique comparable, en associant institutions publiques, médias et ONG pour contrer les campagnes de désinformation russes (42).

Dans ce cadre, l’adoption d’une posture partiellement offensive, notamment dans les champs cyber et informationnel, apparaît indispensable. Il ne s’agit pas seulement de se défendre ou de réagir, mais aussi d’anticiper, de perturber ou de désorganiser les capacités hostiles en amont. Détecter et désamorcer une campagne de désinformation avant qu’elle ne produise ses effets, neutraliser des infrastructures numériques utilisées à des fins hostiles, ou fragiliser les réseaux de désinformation ennemis sont autant d’actions qui élargissent le spectre des options stratégiques disponibles. Le recours à des ESSD, en particulier dans ces domaines sensibles, offre un avantage supplémentaire : la possibilité de maintenir un degré de déni plausible, réduisant les risques d’escalade. Cependant, cette approche soulève des tensions éthiques. L’engagement d’acteurs privés dans des actions ambiguës, à la frontière de la légalité et de l’illégalité inter-nationale, confronte l’État à des dilemmes moraux et politiques, mais ignorer ces zones grises reviendrait à s’interdire d’agir sur une large part des conflictualités contemporaines. La véritable exigence stratégique consiste donc à inventer un cadre d’action qui assume l’ambiguïté tout en respectant les principes fondamentaux de l’État de droit. Cette articulation entre efficacité et légitimité constitue l’un des défis centraux de toute stratégie hybride dans un régime démocratique.

Prolonger l’esprit corsaire au XXIe siècle, c’est donc concevoir une stratégie nationale hybride, capable de mobiliser des ressources publiques et privées, et de les articuler autour de finalités stratégiques claires. Cette approche suppose un changement de culture stratégique et l’acceptation d’une conflictualité distribuée, où la souveraineté s’exerce non plus seulement par la force directe, mais aussi par la capacité à orchestrer des écosystèmes hybrides.

Penser l’action stratégique de la France à l’aune de l’esprit corsaire, c’est aborder la question centrale des marges de manœuvre dans un monde devenu fondamentalement instable et hybride. Il ne s’agit pas uniquement de déléguer des tâches périphériques ni de compenser des lacunes capacitaires ; il s’agit plutôt de réinventer la manière dont un État démocratique mobilise l’ensemble des ressources disponibles – publiques, privées, civiles, militaires – pour défendre ses intérêts et exercer son influence.

Dans les champs informationnels, cyber et économiques, l’enjeu n’est plus seulement de se protéger, mais d’anticiper et, lorsque nécessaire, de prendre l’initiative. L’intégration d’acteurs hybrides et le recours à des formes de déni plausible élargissent le spectre des options stratégiques, pour autant qu’ils s’inscrivent dans un cadre politique et éthique rigoureux. En effet, c’est bien là que réside le défi principal : concilier l’efficacité et l’agilité imposées par la compétition internationale avec les exigences fondamentales de la légitimité démocratique.

En définitive, l’esprit corsaire ne renvoie pas à une nostalgie du passé, mais incarne un réalisme stratégique assumé : celui de la ruse au service de la liberté, de l’engagement loyal à travers des formes nouvelles, et d’une stratégie indirecte capable de préserver nos intérêts sans nous renier. Il invite à redéfinir les lignes de crête entre visible et invisible, entre régulier et irrégulier – tout en restant fidèle aux principes qui fondent l’action publique dans une démocratie.

(1) Wang Xiangsui et Qiao Liang, La guerre hors limites (1999), Rivages poche, 2006, 310 pages.

(2) Susceptible d’être niée par les autorités – permettant un déni plausible.

(3) Le Brun Dominique, La vraie histoire des corsaires, Tallandier, 2024, p. 8-9.

(4) Berbouche Alain, « L’âge d’or des corsaires », Sciences Humaines, Hors-série n° 4, 2019, p. 70-73.

(5) Morieux Renaud, « Les pirates, l’État et la guerre sur mer », L’Histoire, n° 500, octobre 2022.

(6) Holeindre Jean-Vincent, La ruse et la force : Une autre histoire de la stratégie, Perrin, 2017, 480 pages.

(7) Le Brun D., op. cit., p. 9.

(8) Berbouche A., op. cit., p. 70-73.

(9) Charon Paul et Jeangène Jean-Baptiste. Les opérations d’influence chinoises (2e édition), Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), ministère des Armées, octobre 2021, p. 45-55 (https://www.irsem.fr/rapport.html).

(10) Commission d’enquête, Lutte contre les influences étrangères malveillantes. Pour une résilience nationale (Rapport d’information n° 739), 23 juillet 2024, Sénat, p. 68 (https://www.senat.fr/rap/r23-739-1/r23-739-11.pdf).

(11) Brustlein Corentin, La surprise stratégique : de la notion aux implications, Institut français des relations internationales (Ifri), rapport n° 10, octobre 2008, 47 pages (https://www.ifri.org/).

(12) Nikoula Daniel et Mcmahon Dave, Guerre cognitive : conquérir les cœurs et les esprits, Laboratoire sur l’intégrité de l’information (Université d’Ottawa), juillet 2024, 19 pages (https://labinfo.uottawa.ca/).

(13) Ostrovsky Victor, By Way of Deception: The Making and Unmaking of a Mossad Officer, Stoddart Publishing, 1990, 372 pages.

(14) Lauzon Chiasson Julien, Un cadre stratégique des opérations d’information de la Russie (mémoire), École nationale d’administration publique (ENAP), août 2019, p. 2 (https://espace.enap.ca/id/eprint/191/1/032321032.pdf).

(15) Comme la nouvelle doctrine en 2024 du Centre de doctrine et d’enseignement du commandement de l’Armée de terre sur les opérations de déception.

(16) Commandement de la Cyberdéfense (Comcyber), Éléments publics de doctrine militaire de lutte informatique d’influence (L2I), ministère des Armées, 2023 (https://www.defense.gouv.fr/).

(17) Wang X. et Qiao L., op. cit., p. 78.

(18) Liddell hart Basil Henry, Stratégie, Perrin, 1999, p. 394.

(19) Beaufre André, Introduction à la stratégie, Fayard, 2012 (1963), p. 146.

(20) Sun Tzu, L’Art de la guerre, Flammarion, 1972, p. 10-15.

(21) Hémez Rémi, Les opérations de déception : Ruses et stratagèmes de guerre, Perrin, 2022, p. 289-299.

(22) Entretien avec le général de brigade Gabriel Soubrier le 26 mars 2025.

(23) Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), « Hausse sans précédent des dépenses militaires mondiales en 2024 » (Communiqué de presse), 28 avril 2025 (https://www.sipri.org/).

(24) « L’industrie de défense européenne en six questions », Vie publique, 2025 (https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/297652-industrie-de-defense-europeenne-bitde-en-six-questions).

(25) Cisse Djenabou, Menet Simon et Vries (de) Marie « Entreprises de services de sécurité et de défense russes et chinoises en Afrique : deux modèles concurrents ? », Document n° 09/2024, juin 2024, Fondation pour la recherche stratégique (FRS), p. 54 (https://www.frstrategie.org/).

(26) Soubrier Gabriel, « Définir le rôle des ESSD dans un contexte de compétition stratégique », Cahier de la RDN « Idées de la guerre et guerre des idées - Regards du CHEM - 71e session », 2022, p 109-122 (https://www.defnat.com/).

(27) Thomas Aude et Touret Vincent, Les entreprises de services de sécurité et de défense : nouvelles dynamiques et implications pour nos armées, Note n° 14, FRS, juin 2020, 44 pages (https://frstrategie.org/).

(28) Une typologie récente distingue quatre grandes catégories d’ESSD : conseil (classe 1), fourniture de ressources spécialisées (classe 2), capacité opérationnelle cohérente (classe 3) et visée stratégique (classe 4). Commission de la défense nationale et des forces armées, Les sociétés militaires privées (Rapport d’information n° 4350), 14 février 2012, Assemblée nationale, p. 52 (https://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/rap-info/i4350.pdf).

(29) Thomas A. et Tourret V., op. cit., p. 29.

(30) « Risk & Co placée en redressement judiciaire », Portail de l’Intelligence Économique, 1er septembre 2023 (https://www.portail-ie.fr/). Fondé en 1994, la société a été scindée en 3 entités en 2023 par le tribunal de commerce après redressement.

(31) Chapleau Philippe, « L’ESSD Sovereign Global France placée en liquidation judiciaire », Lignes de défense, 21 juin 2017 (https://lignesdedefense.ouest-france.fr/lessd-sovereign-global-france-placee-en-liquidation-judiciaire/).

(32) Les services B2B, ou « business to business », désignent l’ensemble des prestations qu’une entreprise fournit à d’autres entreprises et non à des particuliers.

(33) Signals Intelligence ou, en français, Renseignement d’origine électromagnétique (ROEM).

(34) « DCI passe sous contrôle de l’ADIT : naissance d’un champion français du softpower ? », Portail de l’IE, 24 mars 2023 (https://www.portail-ie.fr/).

(35) Soubrier G., op. cit.

(36) Ibidem.

(37) Commission de la défense nationale et des forces armées, Les défis de la cyberdéfense (Rapport d’information n° 2068), 17 janvier 2024, Assemblée nationale, p. 54 et 113 (https://www.assemblee-nationale.fr/).

(38) Burgess Matt, « Russia Is Being Hacked at an Unprecedented Scale », Wired, 27 avril 2022 (https://www.wired.com/story/russia-hacked-attacks/).

(39) Guibert Nathalie, « Comment Pékin organise ses milices maritimes », Le Monde, 18 novembre 2021 ; Poling Gregory, Prétat Harrison et Mallory Tabitha « Pulling Back the Curtain on China’s Maritime Militia », Center for Strategic and International Studies (CSIS), Washington, mars 2019 (https://www.csis.org/).

(40) « Opération Sirli : les mémos de la terreur », Disclose, 21 novembre 2021 (https://egypt-papers.disclose.ngo/fr/).

(41) O’Reilly Tim, « Government as a Platform », Innovations: Technology, Governance, Globalization, vol. 6, n° 1 hiver 2011, p. 13-40 (https://doi.org/10.1162/INOV_a_00056).

(42) European External Action Service, « EU vs Disinfo Initiative », 2022 (https://euvsdisinfo.eu).

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