Les progrès technologiques des trois dernières décennies ont permis des avancées majeures dans le domaine de l’augmentation du soldat permettant de passer du fantasme à la réalité. Il convient de s’attacher à la manière dont l’homme, et plus particulièrement le soldat, s’intègre dans cet environnement de plus en plus complexe. Le soldat plongé dans un environnement de haute technologie risque de plus en plus d’être limité par le phénomène de surcharge cognitive. Ainsi, le soldat augmenté apparaît comme une nécessité mais pose la question centrale de la place de l’humain dans cet environnement. Dans ce contexte, les sciences cognitives peuvent être un apport fondamental au travers de la densification de l’être tout en préservant le triptyque essentiel Corps-Esprit-Âme.
L’apport des sciences cognitives pour le soldat augmenté
Le soldat augmenté fait l’objet de nombreux champs de recherches depuis plus d’une décennie. La concrétisation du champ du possible, autorisée par les avancées technologiques des trois dernières décennies, permet aujourd’hui de passer du mythe du soldat augmenté à la réalité. Les premières expériences concrètes à grande échelle ont eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale. Durant la campagne de France en mai-juin 1940, les Allemands utilisent la pervitine, une méthamphétamine distribuée massivement aux soldats de la Wehrmacht et aux pilotes de la Luftwaffe pour augmenter leurs performances en luttant contre le sommeil, inhiber la peur et accroître leur capacité de concentration. Les alliés américains et britanniques vont, pour leur part, utiliser la benzédrine, une amphétamine proche de la pervitine, en la distribuant massivement aux pilotes dès la bataille d’Angleterre pour les Britanniques. Il s’agit des premiers cas d’utilisation massive de substances en vue d’augmenter la performance des soldats comme de leurs chefs. Les effets secondaires indésirables, notamment les addictions et les problèmes cardiaques, en ont limité la généralisation après-guerre.
À l’heure où l’utilisation de l’Intelligence artificielle (IA) se généralise, où le cyber prend une place majeure dans les affrontements entre puissances et où des technologies telles que le quantique pourraient révolutionner l’informatique, il convient de s’attacher à la manière dont l’homme, et plus particulièrement le soldat, s’intègre dans cet environnement de plus en plus complexe. Pour ce dernier, il s’agit de ne pas perdre sa nature profonde ni céder aux sirènes des théories transhumanistes ou de l’hyper-performance qui s’appuient sur un individualisme exacerbé au détriment de ce qui fait la force d’une armée ou d’une nation, à savoir le sens collectif et les forces morales.
Pour appréhender ce progrès de manière bénéfique, la nécessité de trouver un juste équilibre se dégage. Ainsi, une réflexion militaire de l’homme augmenté qui préserve le triptyque Corps-Esprit-Âme peut trouver sa voie au travers de la densification de l’Être (1). Les sciences cognitives, de par leur acceptabilité et leurs déclinaisons pratiques, peuvent être un apport fondamental au soldat augmenté tout en préservant ce triptyque essentiel. L’augmentation du soldat répond à un champ d’application très vaste qui mérite de poursuivre la réflexion sur son appropriation par les armées. Les évolutions technologiques de ces dernières décennies font néanmoins apparaître un enjeu majeur, celui de la gestion de la surcharge cognitive. Conscientes de cet enjeu, les armées développent différentes techniques pour l’affronter, à commencer par une prise en compte dans la formation de ses officiers.
Un champ d’application très vaste et une réflexion à poursuivre
La réflexion sur l’amélioration des compétences du soldat dans un monde hyperconnecté où la technologie prend parfois le pas sur l’humain est à poursuivre pour définir des objectifs clairs et des limites à ne pas franchir qui sont étroitement liées à notre approche culturelle et éthique de la guerre.
Les différents types d’augmentations
Le soldat peut individuellement être augmenté de différentes façons : physiquement ou psychiquement, de manière intrusive ou non, de manière définitive ou non. L’augmentation peut être comprise comme une amélioration des aptitudes. Dans le champ militaire, il s’agit avant tout d’une augmentation des capacités en vue d’une plus grande efficacité au combat.
Serge Tisseron, professeur psychiatre, relève trois types d’augmentation pour le soldat, ainsi que trois domaines de risques : les augmentations sont réparties entre « celles qui n’impliquent pas de modification biologique, celles qui modifient la biologie dans le domaine de ses capacités physiques et celles qui modifient ses capacités mentales » (2). Les risques inhérents couvrent les domaines éthique, psychologique et juridique.
Le fond de la problématique questionne sur l’intégrité physique et psychique, sur la morale (jusqu’où peut-on aller sans perdre notre humanité ?) et sur la nature humaine (limite homme–machine).
Les implants et les substances chimiques
Il faut admettre une porosité des mondes civil et militaire. Pour qu’une telle technologie rentre dans le panorama courant, il faut néanmoins atteindre cinq niveaux d’acceptation : celle du monde militaire, celle du soldat en tant qu’individu, celle du monde médical, celle du monde politique et enfin celle de la société civile. Ainsi, certaines catégories d’implants ayant atteint une maturité technologique suffisante semblent aujourd’hui acceptées ou acceptables. Les implants cochléaires pour réparer la surdité sont devenus parfaitement acceptés tout comme les implants dentaires pour remplacer une dent manquante. Ces implants font néanmoins l’objet d’un conseil médical préalable et d’un suivi après la pose afin de satisfaire à la santé du patient qui en bénéficie.
Certains domaines se sont déjà approprié ces technologies. La société suédoise Epicenter a proposé, dès 2015, l’implant de puces sous-cutanées dans la main de ses employés pour leur permettre d’accéder à leurs sites (3) ou pour payer des cantines. Ces développements ouvrent la porte à de nombreuses applications militaires. Pour l’heure, les armées françaises restent prudentes sur ces sujets et se concentrent sur des méthodes non invasives d’augmentation des capacités. Pour chacune d’entre elles, la balance risque/bénéfice demande à être prise en compte. C’est pourquoi, l’utilisation de substances chimiques peut être de prime abord considérée comme plus acceptable en raison de leur effet limité dans le temps.
Certaines substances chimiques ont pour effet de galvaniser, de désinhiber le soldat, d’augmenter les capacités de veille, de contrôler la fatigue ou le stress ou de réduire la douleur. Ces substances ont, par le passé, déjà été utilisées. Ainsi, les amphétamines telles que la pervitine furent massivement utilisées tant par les Allemands que par les Anglo-Saxons pendant la Seconde Guerre mondiale pour augmenter leur capacité de veille et contrôler fatigue et stress. Le Tramadol (4) est, quant à lui, particulièrement utilisé au Nigeria par les membres du mouvement terroriste djihadiste d’idéologie salafiste Boko Haram avec un effet délétère de dissémination au sein de la population.
D’autres substances permettent d’augmenter les qualités physiques intrinsèques des individus : endurance et masse musculaire. Ainsi, des stratégies nutritionnelles peuvent contribuer à une augmentation du soldat par une complémentation alimentaire en acides aminés. Cependant, ces produits peuvent comporter des effets secondaires indésirables sur le moyen et le long terme comme le développement de problèmes cardiaques ou articulaires et la hausse non maîtrisée de l’agressivité. En effet, le métabolisme des acides aminés peut être perturbé sous stress conduisant à un défaut de synthèse de neurotransmetteurs. Dans ce cadre, prendre un supplément de tryptophane (5), précurseur de la sérotonine (6), permet par exemple d’apporter au cerveau le substrat nécessaire pour permettre la synthèse de ce neurotransmetteur. La tyrosine, précurseur de la dopamine (7), peut également voir ses voies de transformation perturbées sous le stress. Une suppléance nutritionnelle en tyrosine peut contribuer à permettre une synthèse suffisante de dopamine pour soutenir une meilleure régulation des émotions, ce qui de manière induite aide à la gestion de la peur ou du stress.
Les augmentations physiques, notamment permanentes, peuvent aujourd’hui sembler inacceptables. Les chercheurs et les comités éthiques (8) se penchent sur ces sujets à l’aune des évolutions technologiques et sociétales. Ainsi, si les opérations de la cornée pour réparer une myopie conduisaient à une inaptitude temporaire il y a 25 ans, ce type d’opération est aujourd’hui complètement intégré dans les opérations courantes de santé sans impact sur l’aptitude à servir. Ce cas d’école permet donc de s’interroger sur la manière dont des implants de membres bioniques post-amputation ou d’implants auditifs successifs à un traumatisme sonore pourraient devenir courants dans les armées. En effet, dans ces deux cas, les électrodes transforment un stimulus électrique d’une commande du cerveau en un mouvement ou en une information. Le cerveau humain reste au cœur de l’action.
L’intégration homme-machine
Au sein de l’armée de Terre, la recherche de l’amélioration des performances du soldat par une meilleure intégration homme-machine a commencé il y a plus de 25 ans. Ce processus a débuté à la fin des années 1990 avec le programme Félin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés) qui marquait une première étape in fine de l’augmentation matérielle du soldat, même si ce programme n’était pas présenté à l’époque dans la thématique du soldat augmenté. Il s’agissait de rechercher de meilleures intégrations « homme–machine » et entre les matériels eux-mêmes, avec une ergonomie accrue des équipements individuels du combattant (tenue, casque, radios, optique/optronique, armements), sujet particulièrement complexe pour le fantassin notamment. Le programme Scorpion, porté à l’échelle de l’ensemble des fonctions opérationnelles, en est, sous certains aspects, la continuité bien plus aboutie. Les exosquelettes testés par la Section technique de l’armée de Terre (STAT) et le Battle-Lab Terre en sont un autre exemple et probablement une des prochaines étapes de l’augmentation matérielle au niveau du combattant. Cependant, dans la perspective où une interface homme–machine prendrait l’ascendant sur la décision humaine, la question de la responsabilité juridique se pose.
La surcharge cognitive : un point clé à prendre en compte
Au-delà des théories de transhumanisme où le surhomme, voire le post-homme, prendrait l’ascendant sur le collectif, les neurosciences apportent une réponse adaptée à une nécessaire prise en compte de la surcharge cognitive à laquelle le soldat et le chef doivent faire face.
Préserver la capacité de décider
Le soldat augmenté n’est pas et ne doit pas être un homme désinhibé, déshumanisé qui n’a plus ni peur, ni limite éthique ou morale dans le fait de donner la mort ou de la recevoir. Au contraire, le soldat augmenté est celui qui a des capacités physiques et de discernement augmentées. L’objectif est d’améliorer ses capacités de combat et ses prises de décision. Cela implique notamment de détecter sa fatigue et le stress dépassé ainsi que leurs effets délétères. Cela nécessite une bonne connaissance de soi et de son fonctionnement psychique et cognitif.
De fait, des évolutions technologiques qui permettraient de poser un implant cérébral dans la tête d’un soldat afin de raccourcir la boucle OODA (Observe Orient Decide Action) pourraient revêtir un intérêt comme s’avérer dangereux. En effet, un implant cérébral capte un signal électrique et non une intention ou un raisonnement conscient. Ce dispositif pourrait donc priver son porteur de la possibilité de revenir sur sa décision et possiblement de l’amputer de son libre arbitre propre à l’homme (9). Le soldat, même augmenté, doit pouvoir préserver son intelligence de situation et son droit à l’erreur de jugement pour décider et assumer in fine l’action qu’il va conduire.
La guerre de demain sera dominée par l’interface homme–technologie (10). La capacité à interpréter les données et à les utiliser pour contrôler les actions et les systèmes dont le soldat se sert plus rapidement que l’adversaire peut lui apporter un avantage décisif. L’enjeu porte sur la manière dont la complexité sera gérée, par exemple lorsqu’il s’agit du choix d’un objectif : laisser la machine gérer les questions fermées de niveau technique et laisser l’être humain résoudre les problèmes ouverts d’ordre opérationnel laissant place à l’arbitrage et à la responsabilité du chef décidant l’action.
L’information physiologique
L’évolution des technologies permet également d’envisager de nouveaux types de renseignements pour l’aide à la décision (11) : le renseignement physiologique qui peut contribuer à des gains par l’utilisation de capteurs déterminants des informations sur la performance physiologique. Par exemple le rythme cardiaque, la tension artérielle, la transpiration sont des marquants de l’état de surprise ou de stress. De même, l’infrarouge permet de détecter le niveau d’oxygénation, l’eye tracking ou oculométrie dévoile les endroits où se pose le regard (12) et la dilatation de la pupille marque le niveau de stress dont on peut déduire un état de saturation cognitive (13). Ces techniques peuvent être utilisées par le commandement pour optimiser la capacité opérationnelle de ses subordonnés avant de l’engager sur une mission, mais également en cours d’action grâce à la pose de capteurs qui mesurent des marquants identificateurs de fonctions cognitives, de niveau de charge informationnelle, de réponses de stress. Toutefois, il peut également être utilisé par la force adverse, si elle accède à ces informations, à notre détriment. Celles-ci doivent donc être protégées (14). La mesure de taux de certaines hormones ou de différents neurotransmetteurs peut également s’avérer riche d’information comme le cortisol, renseignant sur le niveau de stress, ou l’ocytocine dont la libération par le corps marque le niveau de protection d’un être humain dans ses interactions sociales (niveau d’empathie). Pour autant, à ce jour, il n’existe pas de seuils validés de ces mesures permettant une utilisation sur le terrain pour monitorer le soldat.
La surcharge cognitive dans la guerre moderne
L’accélération continue du tempo des opérations et la complexification croissante des processus d’état-major en raison de la nécessaire prise en compte de facteurs nouveaux pose clairement la question de la charge cognitive qui pèse sur les chefs du niveau tactique au niveau stratégique. La réorganisation du système de Commandement et de contrôle (C2) au niveau stratégique et opératif pour mieux intégrer l’approche multi-milieux multi-champs (M2MC) constitue un premier élément de réponse qui pourrait probablement être optimisé par divers outils permettant l’augmentation des capacités (neurosciences ou l’IA). In fine, il s’agit de conserver l’ascendant sur tout compétiteur ou adversaire par la justesse des décisions prises et la mise en œuvre d’un processus décisionnel (boucle OODA) plus rapide qui amène à une inhibition, puis une sidération du C2 ennemi.
La guerre aujourd’hui revêt de nombreuses formes. Hybride, elle associe à la confrontation directe dans les champs militaires et non militaires, une guerre indirecte incluant des paramètres multifactoriels et évolutifs (IA, technologies, cyber, informationnel). Les futurs chefs militaires et l’ensemble des soldats ont besoin de gagner en endurance pour affronter la guerre sur tous les fronts, de gagner en capacité d’adaptation, en intelligence de situation et en créativité. Or, à l’heure de la surinformation – on parle aussi d’infobésité dans les médias ou dans les entreprises –, le soldat et le chef militaire a fortiori peuvent voir leurs compétences cognitives diminuées. En effet, la surcharge cognitive peut compromettre le succès de la mission et cela par différents facteurs : erreur de jugement, retard dans la prise de décision, limitation de la réflexion et de l’apprentissage. Éviter la saturation cognitive représente donc un enjeu majeur pour la réussite des missions et peut également revêtir un enjeu de sécurité dans certains cas. Le symptôme connu de l’effet tunnel (15) a été de nombreuses fois mis en exergue pour démontrer cet écueil.
Les neurosciences permettent de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau et notamment l’impact de trois contraintes physiologiques sur la compétence : le sommeil, le stress et la surcharge cognitive (16). L’utilisation des méthodes non intrusives issues des neurosciences a un coût non négligeable en formation et en équipement. Certaines sont par conséquent parfaitement adaptées à des « cibles individuelles à haute valeur ajoutée » mais s’appliquent moins facilement à un entraînement collectif. Afin de développer leur aptitude à prendre des décisions dans des situations complexes, les chefs militaires sont entraînés de manière progressive dès la formation initiale à faire face à cet environnement. Ce sujet a été pris en compte dans les écoles de formation initiale des officiers (voir infra).
En outre, un lien entre augmentation et résilience doit nécessairement être tracé. Il faut donc pouvoir mesurer l’impact de l’augmentation individuelle sur le groupe dont l’effet sur la cohésion et ce dans la durée.
Par ailleurs, comme souligné précédemment, les capacités de discernement pouvant parfois être amoindries sous l’effet de la fatigue, du stress et de la surcharge cognitive, il importe de conserver une part non négligeable au bon sens, sans se laisser aveugler par l’apport des nouvelles technologies dans la prise de décision. Le sujet se pose clairement avec l’apport de l’IA dans la décision tactique. Il doit être strictement cadré et des limites fixées afin de préserver la réflexion des chefs et leur libre arbitre. Le travail sur les forces morales doit permettre de réduire les impacts négatifs induits par l’augmentation technologique. Il s’agit donc d’augmenter simultanément le corps, l’esprit et l’âme pour conserver au militaire, simple soldat ou chef, son équilibre. C’est ainsi que les forces morales constituent un facteur de supériorité opérationnelle.
La prise en compte de ces paramètres pour préparer le soldat de demain
Marion Trousselard (17) souligne que la distribution des différentes fonctions biologiques suit une loi normale, ce qui implique que 95 % des individus fonctionnent de façon assez similaire et que les sujets sortants « biologiquement » de cette norme sont l’exception. Ce constat pose que l’entraînement peut améliorer chacun. Il en est de même pour les fonctions cognitives.
La gestion de la surcharge cognitive
Les solutions pour gérer la surcharge cognitive existent. Trois apparaissent comme accessibles par un grand nombre de personnes : la priorisation des tâches, la connaissance de soi et l’optimisation des ressources attentionnelles.
Tout comme dans l’analyse d’une mission et après étude des moyens disponibles, du cadre espace-temps et du rapport de force, un groupe de planification arrive parfois à conclure que pour réussir la mission il faut remplir les tâches successivement et non simultanément. Un séquencement des tâches est de nature à alléger la charge cognitive de l’exécutant. Certains pourraient penser que cette conclusion a été déjà théorisée par le taylorisme (18) ou le fordisme (19) pour améliorer les cadences de production et donc l’efficacité. Toutefois, ces méthodes ont été revues afin d’y inclure le sens de la tâche. Pour le soldat, il s’agira du sens de la mission, clé des leviers de motivation. Cette priorisation des tâches est prise en compte dans les processus d’état-major et les méthodes de réflexions qui cadencent les travaux. Aux bas niveaux tactiques, ce sont les cadres d’ordres et check-lists qui permettent de gagner du temps et d’alléger la surcharge cognitive.
La connaissance de soi, plaidée dès l’Antiquité par le philosophe Socrate (20), dépend d’une bonne acceptation de ses faiblesses et de ses points forts pour mieux réagir en gérant son stress ou ses peurs. Elle inclut l’expérience qui elle-même implique entraînement et drill. L’entraînement, individuel comme collectif, a en effet pour conséquence une meilleure connaissance des procédures et une automatisation des réactions face à une situation donnée permettant de réduire à la fois le temps alloué à la décision et la marge d’erreur de la réaction choisie. L’individu consomme ainsi moins de ressource cognitive dans l’exécution des tâches qui lui sont assignées. Par extension, l’entraînement collectif et la connaissance mutuelle de membres des petites entités tactiques permettent une meilleure connaissance des forces et faiblesses d’un groupe et induit les mêmes effets positifs. En outre, la connaissance de soi est encore amplifiée par les individus qui bénéficient d’une préparation mentale. On visualise très bien les sportifs de haut niveau, tels que les skieurs ou les parachutistes en vol relatif qui mentalisent l’épreuve à venir. Néanmoins, la comparaison avec le soldat s’arrête ici car le sportif de haut niveau prépare une épreuve pour laquelle il s’est exactement entraîné et connaît le parcours alors que le militaire doit faire face à l’inconnu et à l’imprévu dans la conduite de sa mission, ce qui constitue des facteurs de stress. Dans ce cadre, les militaires pratiquent le rehearsal (21) et tentent d’envisager tous les cas non conformes qui pourraient survenir durant leur mission et compromettre sa réussite. Le rôle du simulateur, notamment dans l’armée de l’Air et de l’Espace et dans la Marine nationale, trouve ici toute sa pertinence en générant des cas non conformes et des incidents pour entraîner à la réaction face à une situation inopinée.
D’autres facteurs viennent améliorer la gestion des ressources cognitives : la confiance en soi et en l’autre lorsque l’on agit en groupe est un élément clé de réussite. Elle s’acquiert par la connaissance de soi déjà évoquée et la connaissance mutuelle aux petits échelons tactiques, par le travail sur les forces morales et l’aguerrissement, par la formation intellectuelle et technique, par l’entraînement et le drill, par l’expérience. L’organisation peut également contribuer à un allègement de la charge cognitive. Il s’agit principalement du C2 (dont l’organisation du commandement et des structures subordonnées), de la priorisation des tâches, de la subsidiarité et de la gestion des compétences mais également de l’organisation des tâches qui peuvent être simultanées ou successives.
D’autres techniques contribuent à la préservation des ressources cognitives, telles que la prévention de la dette de sommeil ou la gestion ajustée du stress. En effet, le stress est une réponse normale pour s’adapter à un changement de l’environnement. De ce fait, tout changement de l’environnement est un stresseur (température, hygrométrie, nuisances olfactives ou saturation sonores).
Si la dette de sommeil est un phénomène communément connu, le stress dépassé peut être induit par une situation survenant subitement et non préparée mais également par les conditions générales dans lesquelles se déroule une action : température, hygrométrie, nuisances olfactives ou saturations sonores. La dette de sommeil et un stresseur subit se combinent donc pour favoriser le risque de réponse délétère de stress à court terme et de maladies à long terme.
La résilience post-action peut être favorisée par une prise en compte de la récupération avant engagement et par une discipline de gestion du sommeil. Pour se reposer, il faut d’une part, un lieu et d’autre part, être en disposition de le faire, c’est-à-dire ne pas ressasser les événements passés ou se focaliser sur ceux qui devraient ou pourraient survenir. C’est ainsi que la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) a testé la mise en place de salles de siestes et travaillé des dispositifs tels que la cohérence cardiaque. Les techniques ORFA (Optimisation des ressources des forces armées) sont un élément clé et accessible pour se préparer à l’action, se renforcer pendant l’action et mieux récupérer après action (22).
La pleine conscience
Une des solutions pour mieux gérer l’impact négatif de l’exposition à la fatigue et au stress et d’en atténuer les limitations induites est d’accéder à la pleine conscience ou Mindfullness (23). Cette méthode de méditation et d’acceptation de la situation permet de renforcer la concentration face à une situation en ne s’arrêtant pas au jugement de soi sur la manière dont la situation nous impacte. La pleine conscience aide à gérer, voire diminuer, la charge cognitive grâce à une approche mono-focale des tâches, une meilleure gestion du stress, de l’anxiété et des émotions, et par la résilience mentale. Elle permet une concentration améliorée dans la durée, une efficacité attentionnelle accrue et une baisse de la fatigue mentale ainsi qu’une mémorisation supérieure, particulièrement utile en phase d’apprentissage. Cette technique n’est néanmoins pas accessible à tous. Elle repose sur des techniques de méditation qui nécessitent une réceptivité d’esprit à ce type d’approche, du temps et de la régularité.
Le sens de la cohérence (24) amplifie ces apports par la conjugaison de trois aspects : la compréhension des événements qui surviennent, le pouvoir de les gérer et le sentiment qu’ils ont un sens. Le rôle du chef militaire dans la réussite de la mission est donc essentiel. Certains sportifs de haut niveau en équipe ont su développer leurs compétences individuelles tout en s’attachant à construire un collectif fort. Le basketteur américain Mickael Jordan (25) est souvent mis en avant dans ce domaine. Ses atouts reposaient sur sa motivation, sa maîtrise de soi et la stabilité psychologique, sa capacité à fédérer ses coéquipiers, ainsi qu’une recherche incessante de développement personnel lui permettant notamment d’avoir une confiance en lui infaillible.
Apprendre à gérer la fatigue et le stress est un point clé de la formation initiale des officiers au travers notamment des différents stages d’aguerrissement qui ponctuent leur scolarité parmi lesquels les stages Troupes aéroportées (TAP), montagne, jungle, commando et survie.
La prise en compte des sciences cognitives dans la formation initiale des officiers
Aujourd’hui, les écoles d’officiers intègrent des modules s’appuyant sur les sciences cognitives pour améliorer leur formation. Ce processus est en cours de développement mais des difficultés, comme le coût induit en temps et en argent ainsi que la nécessaire adaptation individuelle (26), en compliquent l’intégration. Par ailleurs, ces méthodes sont moins propices à une formation collective qu’individuelle. Il apparaît donc évident que l’École de l’air s’est mieux approprié ces méthodes au bénéfice de formations telles que celle des pilotes ou des JTAC (27). L’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (AMSSC) et l’École navale ont porté l’effort sur l’apprentissage de l’ORFA (28) sans s’y cantonner.
À l’AMSSC, l’armée de Terre s’est résolument engagée dans cette voie. L’introduction des sciences cognitives a été prise en compte dès 2020 dans le volet de la réforme AMSCC 2030 visant au durcissement de la formation militaire. Le développement des forces morales (29) des élèves-officiers en est l’une des pierres angulaires. Il s’appuie sur l’aguerrissement et une approche profondément rénovée de l’Entraînement physique militaire et sportif (EPMS) dont la finalité a été clairement orientée vers la préparation physique et mentale au combat (30). Cette évolution a été optimisée par l’introduction des sciences cognitives et de l’ORFA (31). De plus, un psychologue militaire est affecté depuis deux ans pour mettre en place des modules utilisant les sciences cognitives en appui de la formation. Son travail vise à définir des modèles sur le fonctionnement cognitif cérébral (intelligences, mémoires, etc.) en vue d’améliorer les capacités d’adaptation des élèves-officiers dans un contexte de stress et de fatigue inhérent au métier de militaire, pour y faire face et, le cas échéant, améliorer leur capacité de résilience. Trois axes sont ainsi développés dans ces modules : la psychologie du commandement, l’aide au discernement et la pratique de l’ORFA. L’aide au discernement consiste à proposer aux élèves de mieux prendre conscience de leurs forces de caractère (travaux de Seligman (32)) sur lesquels ils pourront appuyer leur commandement afin de devenir des leaders authentiques donc plus confiants en eux, plus résilients.
Dans son objectif de développer davantage les forces morales, l’armée de Terre s’appuie en partie sur la diffusion plus large de l’ORFA (33). Les cadres instructeurs bénéficient d’une formation au niveau initiateur qui leur donne des pistes sur la gestion du stress et de la fatigue/récupération mais aussi sur la motivation ainsi que des techniques de préparation mentale et de récupération. Le but est de pouvoir, à partir de 2026, diffuser cette formation à tous les chefs de section et aux instructeurs spécialisés (EPMS, tir, etc.) dans les écoles de formation initiale ou dans les divisions d’application. Les élèves-officiers bénéficient, quant à eux, d’une formation initiale (FI ORFA) adossé à une préparation aguerrissement.
À l’École navale, les sciences cognitives sont progressivement mises en place dans l’enseignement (particulièrement grâce au simulateur de navigation où les élèves sont placés en situation et où deux enseignants-chercheurs mettent en lumière les phénomènes psychologiques d’effet tunnel, etc.). Une initiation aux techniques de l’ORFA est également dispensée, mais elle ne permet pas aux jeunes officiers de s’affranchir des moniteurs EPMS pour utiliser cet outil au cours de leur carrière et au sein de leurs équipages. Seules certaines spécialités bénéficient d’autres apports des sciences cognitives, tels les pilotes de l’aéronavale ou les commandos.
À l’École de l’air, l’apport des sciences cognitives trouve son plein intérêt dans l’optimisation de la formation des pilotes de chasse et des JTAC. Dans l’ensemble, les formations individuelles très techniques dispensées à Salon-de-Provence permettent d’optimiser l’apport des sciences cognitives à la formation des élèves-officiers quelle que soit leur spécialité. Des cursus théoriques obligatoires sont complétés par un module optionnel permettant des mises en situation pratiques en environnement simulé. Le module théorique est une initiation, voire une sensibilisation aux notions de situation awareness (34) et de biais cognitif ainsi qu’une étude de cas d’accidents aéronautiques et de problématiques concrètes dans la pratique professionnelle. Le module optionnel permet aux instructeurs de mettre en évidence les biais cognitifs des stagiaires en identifiant, par exemple, les causes d’une prise de décision inadaptée dans une opération aérienne complexe. Dans le cadre des formations militaires, l’AAE utilise des casques de réalité virtuelle pour aider à la gestion du stress, par exemple en amont du premier saut en parachute. Concernant l’enseignement de l’ORFA, comme pour l’armée de Terre et la Marine, elle a ciblé dans un premier temps les moniteurs de sport qui l’enseignent et le mettent en pratique.
Le Centre de recherche de l’École de l’air (CREA) participe par ailleurs à des recherches au profit de l’AAE afin d’identifier les difficultés rencontrées en apprentissage ou en pratique. Ils proposent ainsi des solutions de remédiation cognitive. La méthode de division de l’attention vise donc à corriger les difficultés rencontrées par le cerveau face au cumul de tâches, tel qu’effectuer un calcul mental et piloter ou procéder à des échanges radio et piloter. Ces recherches ont permis de faire évoluer les cours dans les écoles de mise en pratique et d’obtenir une réduction du taux d’échec en formation, en particulier par les stagiaires bénéficiaires du programme de remédiation. Ces méthodes essaiment (35) désormais dans différents centres de formation et certains escadrons.
La DGA, quant à elle, participe dans le programme du Système de combat aérien du futur (SCAF) à un projet de recherche de stratégie de baisse de la charge cognitive pour l’avion de chasse du futur.
De manière générale, tous ces dispositifs, issus des sciences cognitives et prenant en compte les facteurs humains dans la formation, apportent des bénéfices avérés. Ils permettent de réduire le niveau des ressources cognitives mobilisées pour une activité et réduisent ainsi le taux d’erreur. Intégrés à la formation, ils contribuent à l’acquisition des compétences indispensables tout au long de la carrière.
Conclusion
Dans un monde hyperconnecté et où règnent les développements techniques permanents, parfois résumés par l’acronyme NBIC (Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), le soldat augmenté est un sujet en perpétuelle exploration. Parmi les différentes techniques d’augmentation, physiques, physiologiques, psychiques, intrusives ou non, les sciences cognitives permettent d’atteindre un objectif d’augmentation des performances du soldat par un processus acceptable et accessible. Leur déclinaison constitue un apport fondamental.
Néanmoins, comme souvent en science, le risque majeur porte sur l’utilisation qui en est faite. L’adage transmis par Rabelais, nous rappelle que « Sciences sans conscience n’est que ruine de l’âme » (36). Ici, nous pensons aussi au mauvais usage que pourrait faire notre ennemi de techniques d’augmentations pour obtenir un avantage stratégique sur nous. Il s’agit donc toujours dans ces explorations de s’interroger sur l’utilisation qui peut être faite des techniques d’augmentation du soldat quelles qu’elles soient, l’ennemi bénéficiant des mêmes possibilités. Ainsi, un soldat augmenté affrontera un autre soldat augmenté avec des atouts comparables. Dans le cas d’implants électroniques, il faudra envisager qu’un ennemi puisse pirater le système d’arme qu’il porte et prendre le contrôle pour diminuer ses capacités ou le neutraliser. Il est sage de s’appuyer sur des comités éthiques pour peser les avantages et les inconvénients de tels dispositifs tout comme les risques induits à la fois individuellement, en particulier sur le psychisme des soldats dans le long terme, et collectivement afin que ces technologies n’impactent pas les forces morales qui font la force d’un groupe social. Les techniques d’augmentation non invasives et non définitives semblent, à ce titre, plus facilement accessibles, acceptables et assumables. Il reste à les généraliser pour que l’ensemble des soldats sachent mobiliser ces outils pour se densifier de manière équilibrée en préservant le triangle Corps-Cerveau-Esprit sans ignorer ce que nos ennemis peuvent faire en la matière avec des limites différentes des nôtres.
(1) Chaput Gérard, Venard Christian et Venard Guillaume, La densification de l’Être – Se préparer aux situations difficiles, Pippa Éditions, 2017, 192 pages.
(2) Voir Le soldat augmenté : Regards croisés sur l’augmentation des performances du soldat, actes du colloque du 15 janvier 2019 organisé par le Centre de recherche de Saint-Cyr (CReC) et la Fondation pour l’innovation politique avec le soutien de la Direction générale de l’armement (DGA) et de l’Agence de l’innovation de défense (AID), p. 63 et 64 (https://www.fondapol.org/app/uploads/2020/05/soldat-augmente-2019-12-18-w-1.pdf).
(3) 400 sur 700 employés avaient accepté de se faire implanter un tel dispositif.
(4) Utilisé dans le traitement de certaines douleurs modérées et sévères, le Tramadol est l’antalgique opioïde (donc qui expose à un risque dépendance) le plus prescrit en France.
(5) Le tryptophane est un acide aminé essentiel pour l’être humain qui sert à fabriquer nos propres protéines et plus spécifiquement un neurotransmetteur, appelé sérotonine.
(6) Substance aminée, la sérotonine agit notamment dans la régulation de l’humeur, de l’alternance veille-sommeil, de l’appétit, de la perception de la douleur, de la température du corps, de la libido et de la vigilance.
(7) Appelée également « molécule du plaisir », la dopamine est un neurotransmetteur qui influe directement sur le comportement. Elle renforce les actions habituellement bénéfiques telles que manger un aliment sain, en activant le système de récompense/renforcement. Elle est indispensable à la survie de l’individu. Plus généralement, elle joue un rôle dans la motivation et la prise de risque.
(8) NDLR : Le ministère des Armées a installé un Comité d’éthique de la défense qui a rendu de nombreux avis, notamment sur l’autonomie des systèmes d’armes létaux ou sur le soldat augmenté (https://www.defense.gouv.fr/).
(9) Au sens biblique du terme, le libre arbitre juxtapose la liberté de choisir et la responsabilité de choisir de manière juste. Ces notions sont également définies par de nombreux philosophes tels que Descartes, Nietsche et Kant.
(10) Miklaucic Michael, « Connecter l’esprit et la technologie : les humains, les machines et la guerre » (conférence), Paris Defence and Strategy Forum (PDSF), École militaire, 12 mars 2025. Miklaucic Michael est professeur à la National Defence University de São Paulo, membre du Irregular Warfare Center et de l’Université de Chicago.
(11) Casebeer William (Ph.D., MA), « Connecter l’esprit et la technologie : les humains, les machines et la guerre » (conférence), PDSF, École militaire, 12 mars 2025. En tant que directeur de l’Open Innovation Center de l’organisation indépendante à but non lucratif Riverside Research, il est responsable de l’IA et de l’apprentissage automatique (machine learning).
(12) L’oculométrie est une technique utilisée par le marketing pour déterminer la disposition des informations sur un panneau publicitaire ou la disposition d’articles dans un rayon commercial.
(13) Plus la pupille est grande, plus la charge cognitive est importante.
(14) RETEX : Des informations confidentielles ont été dévoilées par des montres connectées de soldats américains ou français dans leurs zones d’opération en Afghanistan, en Irak ou au Sahel, notamment par les données GPS.
(15) Réaction psycho-physiologique se caractérisant par une montée d’adrénaline qui provoque une réduction sensible des performances intellectuelles et physiques, et un rétrécissement du champ de vision. Elle est accompagnée de plusieurs symptômes, tels que la confusion et le manque de clarté mentale.
(16) Trois colloques sur le soldat augmenté, organisés par le Centre de recherche de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et par l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) entre 2021 et 2023, se sont tenus à l’École du Val de Grâce sur ces trois thématiques. Les actes enrichis ont fait l’objet de publications dans les Cahiers de la RDN, « Optimisation de la gestion du sommeil » (www.defnat.com/) ; « Pour une gestion optimale du stress » (www.defnat.com/) ; « Surcharge cognitive : la comprendre et la gérer » (www.defnat.com/).
(17) Ancienne médecin en chef des services de classe normale à l’unité de neurophysiologie du stress à l’Irba, Marion Trousselard est chercheure au sein du Human Adaptation Institute et professeure en neurosciences.
(18) Organisation scientifique du travail théorisée par l’ingénieur américain Frederick Winslow Taylor en 1911.
(19) Travail à la chaîne mis en pratique dès 1908 par le constructeur automobile Henry Ford.
(20) « Connais-toi toi-même » est une maxime gravée à l’entrée du temple d’Apollon à Delphes et reprise par Socrate.
(21) Répétition séquence par séquence du déroulement d’une mission permettant de vérifier que la mission est bien comprise et que les instructions de coordination sont maîtrisées par l’ensemble des entités tactiques participantes.
(22) Sur le sujet, voir Ravel Mickaël, « Se connaître soi-même et gérer son stress avec la méthode ORFA et la cohérence cardiaque », Cahier de la RDN « Le soldat augmenté : pour une gestion optimale du stress », 2022, p. 97-107 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article-cahier.php?carticle=540&cidcahier=1310).
(23) Kabat-Zinn Jon, « Mindfulness-based Interventions in Context: Past, Present, Future Clinical », Psychology: Science Practice, vol. 10, n° 2, 2003, p. 144-156 (https://onlinelibrary.wiley.com/). Se référer également à Trousselard M., « La pleine conscience pour la gestion des dilemmes éthiques : le cas du monde médical », Cahier de la RDN « Le soldat augmenté : pour une gestion optimale du stress », 2022, p. 179 (www.defnat.com/).
(24) Le sens de la cohérence est un concept élaboré par le professeur de sociologie Aaron Antonovsky dans les années 1990. Il est considéré comme le père fondateur de la salutogénèse. Il définit le sens de la cohérence comme une orientation générale, qui se manifeste par un sentiment permanent, mais dynamique, de confiance. Pour aller plus loin, cf. dans cette revue : Valade Éric et Trousselard Marion, « Vade-mecum des comportements de santé à l’usage des décideurs pour la gestion de la charge cognitive en situation de crise prolongée », Cahier de la RDN « Le soldat augmenté - Surcharge cognitive : la comprendre et la gérer », 2025, p. 199-212 (www.defnat.com/).
(25) « Le talent permet de gagner des matchs, mais le travail d’équipe et l’intelligence permettent de gagner les championnats ».
(26) Chaque individu a des niveaux seuils de saturation cognitive différents, des biais différents.
(27) Les Joint Terminal Attack Controller (ou Contrôleurs aériens avancés) désignent les spécialistes de l’armée de Terre chargés de coordonner les appuis venant du ciel (hélicoptères ou avions).
(28) Directive n° 770/ARM/EMA/CNSD/EIS/DGF du 19 juillet 2021 relative à la formation et à l’enseignement de la méthode d’optimisation des ressources des forces armées. L’ORFA est un dérivé des Techniques d’optimisation du potentiel (TOP) théorisées par le docteur Édith Perreault-Pierre, ancienne médecin militaire dans les années 1990.
(29) Résistance au stress, à la fatigue, lucidité dans l’effort, discernement et la capacité d’adaptation.
(30) Rééquilibrage et diversification des pratiques : renforcement musculaire, sports de combat pour développer l’endurance, la force morale, l’agressivité au combat et la capacité à prendre des coups, préparation physique et mentale des stages d’aguerrissement.
(31) Le développement de l’ORFA a nécessité la formation progressive des instructeurs d’Éducation physique militaire et sportif (EPMS) à compter de 2021.
(32) Martin Seligman est un chercheur en psychologie et professeur à l’Université de Pennsylvanie. Il a développé la théorie de la psychologie positive en 1998.
(33) Ce travail s’effectue en lien avec le Centre national des sports de la défense (CNSD) et le référent ORFA de l’armée de Terre.
(34) La conscience situationnelle est la compréhension d’un environnement, de ses éléments et de la façon dont il change en fonction du temps ou d’autres facteurs. Elle est importante pour une prise de décision efficace dans de nombreux environnements. Elle a été reconnue comme une base essentielle pour une prise de décision réussie dans un large éventail de situations, dont beaucoup impliquent la protection de la vie humaine et des biens. Les personnes ayant les niveaux de conscience situationnelle les plus élevés ont non seulement perçu les informations pertinentes pour leurs objectifs et leurs décisions, mais sont également capables d’intégrer ces informations pour comprendre leur signification ou leur importance, et sont capables de projeter des scénarios futurs probables ou possibles. Ces niveaux plus élevés de conscience situationnelle sont essentiels pour une prise de décision proactive dans des environnements exigeants.
(35) Elles sont depuis utilisées au Centre de formation à l’appui aérien (CFAA) de Nancy qui forme les JTAC, au Centre d’instruction de contrôle et de la défense aérienne (CICDA) qui forme les contrôleurs aériens de l’armée de l’Air et de l’Espace à Mont-de-Marsan, ainsi qu’au sein des 3e et 4e Escadrons de chasse de Saint-Dizier et Nancy pour favoriser l’orientation dans l’espace aéronautique au bénéfice des pilotes d’avions de combat.
(36) Rabelais François, Gargantua, 1534.






