Maritime - La Marine française au seuil de l'année 1963 - Dans la Marine américaine - Les difficultés britanniques - Nouveaux aspects de la crise des transports maritimes - La flotte commerciale et les chantiers français
Les lecteurs de la Revue voudront bien nous pardonner de ne pas analyser dès à présent le budget de la Marine pour 1963, puisque le projet gouvernemental vient seulement d’être examiné en commission le 5 janvier 1963 et que l’Assemblée nationale ne s’en saisira pas avant plusieurs jours. Certes, il ne subira guère de modifications au cours de la discussion générale, mais il paraît probable que sur un point important au moins un débat assez chaud s’ouvrira, dont on ne peut pour le moment prévoir le résultat.
Nous ne saurions cependant attendre le vote encore éloigné de la loi de finances pour rendre compte des problèmes essentiels, liés directement ou non à l’octroi des crédits budgétaires, qui préoccupent la Marine au seuil de l’année 1963.
Les deux premiers concernent le matériel. On se souvient (cf. chronique de janvier) que la Marine souhaitait avancer de 1964 à 1968 la construction de notre sous-marin à propulsion nucléaire et lanceur d’engins (SNLE). Le projet gouvernemental lui donne satisfaction : une autorisation de programme de 50 millions de francs permettra de commencer les travaux dès cette année ; la coque et ses aménagements intérieurs, aussi bien que le réacteur et les engins, seront présents – on a le droit d’y compter – au rendez-vous prévu en 1969 pour la « mise en condition opérationnelle » du bâtiment. – On se souvient également que, si les porte-avions Clemenceau et Foch disposent ou doivent disposer à bref délai d’une excellente aviation Anti-sous-marine (ASM) – le Breguet Alizé – et d’assaut – le Dassault Étendard IV –, ils manquent d’intercepteurs tous temps, le SNCASE Aquilon ayant vieilli. Nous songeons à acheter aux États-Unis un certain nombre de Vought F-8 Crusader, qui passent pour les meilleurs intercepteurs monoréacteurs (leur vitesse atteint presque le double de celle des Aquilon – 1 850 kilomètres/heure, au lieu de 960 –, et ils ne pèsent que 12 tonnes pleine charge, tandis que les biréacteurs McDonnell Douglas F-4 Phantom II, plus rapides, mais qui pèsent 18 t, ne pourraient embarquer à bord du Clemenceau). L’opération coûtera, il est vrai, 330 MF : souhaitons qu’elle ne soit pas compensée par des réductions excessives sur d’autres parties du programme, pour lesquelles aucun crédit n’est encore engagé. L’abandon ou le report à une date indéterminée de la construction de la troisième frégate lance-engins inscrite dans le plan quinquennal 1960-1964 serait particulièrement fâcheux : bien que ce type de bâtiment soit indispensable à la protection des Task Forces de porte-avions, nous n’en avons que 2 en chantier ou à la veille de l’être (tranches 1960 et 1962) ; la Royal Navy en compte 6 en service, en construction ou autorisés (1), la petite marine italienne elle-même 2 en achèvement à flot (2). Il ne faudrait pas que notre retard se prolongeât. Le 5 janvier, la Commission des finances y a insisté.
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