Institutions internationales - Le « Sommet » européen de Rome - Standardisation « Atlantique » des armements - La Conférence Nord-Sud et la recherche d'un nouvel équilibre - Nouvel effort à Chypre - 1976, année de l'Afrique ?
Il est toujours difficile d’établir une hiérarchie dans les événements, parce que ceux qui paraissent les plus spectaculaires ne sont pas nécessairement ceux dont les conséquences s’inscrivent le plus durablement dans l’histoire. Il semble pourtant qu’en ce début de 1976 certains d’entre eux peuvent être considérés comme ayant affecté profondément les relations internationales.
Il y a un an, le monde entier était traumatisé par les conséquences du conflit israélo-arabe en matière de coût du pétrole. Tous les pays, quel que fût le niveau de leur développement économique, devaient s’adapter à une situation nouvelle, dont l’accélération de l’inflation ne représentait qu’un élément. Les producteurs de pétrole disposaient déjà de capitaux considérables, qui dépassaient de très loin leurs possibilités d’utilisation interne, et dont le déferlement anarchique risquait de perturber gravement un système monétaire déjà chancelant. Les pays du Tiers-Monde non producteurs de pétrole voyaient s’aggraver les conditions mêmes de leur existence. Les pays industrialisés devaient réviser toutes leurs conceptions relatives à la croissance et faire face à de sérieux problèmes d’emploi. La situation, en ce début de 1976, n’est plus exactement la même. Certes, les questions auxquelles étaient affrontés les pays du Tiers-Monde non producteurs de pétrole et les pays industrialisés n’ont pas toutes reçu des solutions satisfaisantes. Mais un dialogue a été engagé entre les puissances industrialisées et le Tiers-Monde sur les principaux problèmes de notre époque, qui ne sont pas ceux des relations politiques entre ex-colonisateurs et ex-colonisés, mais ceux du développement et des matières premières. Préparé par une série de conférences où chaque groupe de pays a progressivement atténué son intransigeance, ce dialogue pourrait, en 1976, préparer un nouvel ordre économique mondial.
Cependant, dans le même temps, la violence se déchaînait en plusieurs points du monde. Ce qui restait des empires coloniaux du Portugal et de l’Espagne s’est effondré : si l’opération s’est déroulée sans trop de heurts au Mozambique, il n’en va pas de même en Angola, dont on se demande s’il ne deviendra pas un nouveau Vietnam, cependant que l’Algérie, soutenue notamment par la Libye, n’accepte pas la politique marocaine à l’égard du Sahara occidental. Ainsi, si 1975 a vu la fin du plus long conflit du siècle, celui du Vietnam (qui s’est accompagné du succès des forces communistes dans une grande partie de l’Asie du Sud-Est) l’atmosphère internationale ne s’est pas éclaircie. La violence s’est déchaînée au Liban. « Le Liban se meurt sous nos yeux, écrivait M. Michel Debré dans Le Figaro du 1er janvier… Les appels à la raison, notamment ceux prodigués, au nom de la France, par M. Couve de Murville [NDLR 2025 : président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale], sont justifiés car briser le Liban serait une décision d’une gravité inouïe, mais est-il une chance de ranimer durablement ce petit État qui donnait une image de tolérance, au milieu des haines nationales, raciales, religieuses ? On en peut douter. Un certain Liban est déjà mort »… La violence continue à déchirer l’Irlande du Nord. Le conflit du Moyen-Orient n’est pas réglé. Alors qu’avec la conférence d’Helsinki certains pensaient que 1975 serait l’année de la grande réconciliation Est-Ouest, le refus de M. Brejnev d’envisager un « désarmement idéologique » et l’intensification de l’effort militaire soviétique ont remis la détente en question. Les perspectives générales de l’année qui s’ouvre sont ainsi très sombres…
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article





