Asie - L'Inde, apaisante mais pas apaisée
En Inde, la déroute du Parti du Congrès, en juin 1996, et les changements de pouvoir chez les deux voisins les plus importants, le Pakistan et le Bangladesh, ont permis de régler quelques problèmes bilatéraux et, surtout, de changer radicalement le ton des relations entre l’Inde et les pays du sous-continent. Cette attitude apaisante va-t-elle durer ? Bien que battu aux élections, le Parti du Congrès reste suffisamment puissant pour jouer les faiseurs de rois. Il vient de le prouver récemment. Le nouveau gouvernement de coalition peut être mis en minorité à tout moment, dans un climat politique alourdi par les affaires judiciaires, les luttes internes aux partis et le terrorisme. Si l’Inde se montre apaisante pour ses voisins, sa vie politique intérieure est loin d’être calme. Dans ces conditions, quelle que soit la bonne volonté du Premier ministre indien Inder Kumar Gujral, on peut s’interroger sur sa liberté de manœuvre et la garantie des engagements qu’il pourrait prendre à l’extérieur.
À l’issue des élections du 15 mai 1996, le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste hindouiste, était sorti grand vainqueur avec 160 députés élus. Son président Lal Krishna Advani étant inculpé dans une affaire de pots-de-vin, c’est le responsable le plus modéré de ce parti extrémiste, Atal Behari Valpayee, qui fut désigné au poste de Premier ministre. La coalition de tous les autres partis l’empêcha d’obtenir un vote de confiance. Au bout de treize jours, au soulagement des voisins musulmans et des minorités ethniques indiennes, Valpayee dut renoncer. Le 1er juin, H.D. Deve Gowda, à la tête d’une Alliance du front uni, regroupant treize partis politiques nationaux ou régionaux du centre et de gauche, y compris les communistes, devenait le douzième Premier ministre du pays avec le soutien, sans participation du Parti du Congrès. Pour la première fois depuis l’indépendance, cinq communistes entraient au gouvernement.
Agé de soixante-quatre ans, né dans une famille paysanne d’une basse caste, Deve Gowda a eu une formation d’ingénieur civil obtenue à l’École polytechnique du district d’Hassan (Karnataka). Chief Minister (Premier ministre) de l’État du Karnataka, il s’est fait le défenseur des paysans et des basses castes en étant un des initiateurs de la révolution Mandal, renommée commission Mandal dans les années 80, qui a lutté pour que des quotas soient réservés à celles-ci dans l’administration et les universités. Pendant qu’il dirigeait le Karnataka, il avait encouragé l’arrivée de nombreux investissements étrangers.
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