Ceux qui ont eu le privilège d’approcher Norodom Sihanouk ne s’y tromperont pas. Il y a derrière sa rondeur bonhomme, au-delà de son espièglerie et de ses pirouettes, un prince conscient de son rang, un chef d’État scrupuleux, un patriote qui, malgré un lointain exil, entend rester aux yeux du monde le seul représentant de son pays.

Jean Lacouture, qui le connaît mieux que personne, nous livre ici des confidences du personnage qui, avec la faconde qu’on lui connaît, les eût exprimées tout à trac sans la trame serrée du questionnaire.

Combat pour l’indépendance, recherche d’une identité nationale par le recours décevant à un socialisme bouddhiste, approche d’une solution spécifiquement cambodgienne qu’un coup d’État rend soudain irréalisable, poursuite à Pékin d’un combat dont l’issue ne peut être que l’indépendance dans une neutralité indochinoise. Tels sont le passé, le présent, l’avenir d’un peuple épris d’amitié, de paix et de bonheur et qui se trouve mériter tout cela. « Je suis et resterai probablement un homme d’un autre âge et d’une autre phase historique nous dit Norodom Sihanouk », mais les héros sont intemporels, et il est des héros khmers dont l’arme est la foi et le sourire la défense. Personne au Cambodge ne les a oubliés. ♦