Editorial
Éditorial
8 ou 9 mai 1945 : Ce quatre-vingtième anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie est plus qu’un enjeu mémoriel célébrant la fin de l’apocalypse en Europe – même si la guerre se poursuivait encore contre le Japon dans le Pacifique. C’est désormais une rupture stratégique majeure qui concerne, au premier chef, les Européens avec le conflit imposé par Moscou à l’Ukraine depuis plus de trois ans. C’est un véritable défi pour l’Europe, alors même qu’après 90 jours de pouvoir à la Maison-Blanche, Donald Trump a semé un chaos diplomatique, économique et géopolitique remettant en cause, là aussi, 80 ans de la politique américaine avec un retour à un isolationnisme plutôt stérile et pénalisant tout le monde, y compris les Américains eux-mêmes.
Il est désormais difficile de prévoir ce qui va se passer d’ici cet été. Les seules certitudes sont que la Russie va instrumentaliser ce 9 mai et vouloir se présenter comme la seule puissance victorieuse et que l’« Opération militaire spéciale » contre l’Ukraine était nécessaire, les néo-nazis y étant au pouvoir selon le Kremlin. Narratif hélas repris ici et là pour expliquer qu’il faudrait une paix, quel que soit le prix à payer… l’esprit de Munich n’a pas disparu !
Si la guerre en Ukraine est essentiellement terrestre, la marine russe ayant été repoussée en mer Noire, il ne faudrait pas oublier que les espaces maritimes sont des enjeux de confrontation et de rivalité stratégique. Mer Rouge et menace houthie, mer Baltique et ruptures de câbles sous-marins, golfe Persique et flux pétroliers, maritimisation du commerce international et croissance exponentielle du trafic par conteneurs… Plus que jamais, mers et océans sont redevenus cet espace de compétition y compris dans ses grands fonds encore peu explorés.
En juin, la France va accueillir à Nice la troisième conférence internationale de l’ONU sur la Mer. Cet événement sera la concrétisation de cette année de la Mer et sera l’occasion de mesurer tous les enjeux que représentent ces océans et qui concernent, au final, toute l’humanité. D’où ce dossier proposant plusieurs approches très différentes autour des nouvelles problématiques qui se posent notamment pour la France qui dispose de la deuxième Zone économique exclusive (ZEE) de la planète. La France est une puissance maritime qui s’ignore. En 2026, nous célébrerons les 400 ans de notre Marine nationale lorsqu’elle est devenue une force permanente sous une autorité unique. Cette dimension stratégique est encore aujourd’hui indispensable et notre sécurité immédiate se joue à la mer.
Entre les commémorations du 80e anniversaire, la guerre en Ukraine puis le sommet de l’Otan fin juin à La Haye (Pays-Bas), le printemps sera dans tous les cas exceptionnel et historique ! ♦