La tentation d’utiliser des toxiques lors d’un conflit n’est pas nouvelle même si son emploi à l’occasion d’un conflit de grande ampleur n’est que récent. La Convention d’interdiction des armes chimiques (CIAC) constitue un frein considérable à leur prolifération. Pour autant tout risque est-il écarté, à court comme à plus long terme ? Cette interrogation est d’autant plus pertinente qu’à l’occasion d’un conflit l’un des acteurs pourrait être tenté de recourir à une telle option si la situation devenait défavorable pour lui. Cela justifie l’intérêt de cet ouvrage qui nous offre une étude exhaustive des aspects entourant l’arme chimique, tant d’un point de vue historique, technique que sécuritaire.

L’arme chimique est parfois considérée comme « l’arme nucléaire du pauvre », à tort selon l’auteur, car c’est oublier que son utilisation n’offre qu’un avantage tactique comparé à l’arme nucléaire qui joue un rôle stratégique ; ce qui a des conséquences en termes de défense. Des mesures de protections efficaces contre l’utilisation des toxiques en temps de guerre existent. L’accent doit être mis sur la « détection et l’alerte » pour y faire face. Cette réflexion de l’auteur semble encore plus actuelle alors que le dernier Livre blanc a fait du renseignement une de ses priorités.

Il est intéressant de constater que même hors guerre ouverte, le chimique reste un danger. Des groupes terroristes, voire des États, pourraient mettre en œuvre directement ou indirectement des attentats contre des populations civiles ou militaires par ce biais. L’auteur ne se contente pas d’explorer cette voie. Il met en avant d’autre type de menaces tel que les accidents industriels qui mettent en péril les citoyens.

Enfin la défense chimique d’une population ne peut être conçue sans connaître la technique des armes chimiques. Dans cette partie, l’auteur fait une étude claire et technique, qui est simple d’accès sans être simpliste, des agents chimiques de guerre ainsi que de leurs mises en œuvre. L’analyse est exhaustive, met en valeur les éléments, tels que la météo et les supports, qui doivent être pris en compte pour appréhender la persistance et l’évolution dans la dispersion des toxiques.

Claude Meyer atteint son objectif de brosser un tableau complet sur la question des armes chimiques et nous offre un ouvrage didactique qui suscitera l’intérêt d’un public s’intéressant aux questions de prolifération. ♦