Guerre et climat (War and Climate, reviewed by Eugène Berg)
Guerre et climat
Le thème de la guerre et du climat est devenu classique et a fait l’objet de nombreux exposés et études depuis une vingtaine d’années. C’est au cours d’un débat nourri que l’abordent Dominique Bourg, philosophe franco-suisse, expert de l’écologie politique, et Jean-Vincent Holeindre, politiste, spécialiste de la pensée stratégique et des relations internationales, qui a été directeur scientifique de l’Irsem.
C’est après avoir effectué un tour d’horizon de la conjoncture internationale, et examiné les rapports entre guerre et société qu’ils en viennent au sujet central. Ce préalable n’est pas inutile tant la description des phénomènes climatiques extrêmes est effrayante, ceux-ci ayant l’effet de guerres contre la nature. Des pluies Kärcher de 762 mm en un jour comme on a pu l’observer à Valence en octobre 2024, des mégafeux avec une colonne de fumée s’élevant en Australie à 34 kilomètres d’altitude, un taux d’humidité de 50 % avoisinant la saturation. Or, une hausse de 1 degré entraîne un surcroît d’humidité potentielle de 7 % ! Et surtout des températures à 50 degrés qui exigent l’absorption de 3 litres d’eau par jour : peut-on faire la guerre dans de telles conditions ? Si l’on s’avoisine des 32 °C avec un taux d’humidité à 60 % on s’approche de la zone mortelle. Dans ces conditions, une hausse de la température terrestre moyenne de 2 °C décalera tout et bouleversera les conditions du combat à moins que l’on n’envisage l’emploi quasi exclusif de robots, de drones et d’autres machines. Ce serait un bouleversement, mais auquel on commence à se préparer fort vraisemblablement. L’autre aspect abordé par les deux auteurs, plus classique, est l’utilisation de la nature pour lutter contre l’adversaire en faisant usage de tous les moyens « weaponisation of everything ». Dès les années 1950, Américains et Soviétiques ont cherché à mettre au point des techniques pour utiliser localement le climat dans le but d’affaiblir l’ennemi. Ces techniques d’une certaine manière sont encore employées, mais sont-elles vraiment efficaces et n’assisteront pas dans les années à venir à leur perfectionnement ?
Ensemble ils bâtissent une typologie des nouvelles formes de guerre, asymétrique, hybride, climatique, cybernétique en s’interrogeant sur la pertinence des concepts anciens. À leurs yeux la menace provient de la sécheresse, de l’emballement thermique, de la désagrégation territoriale, autant de sources de conflictualité diffuses, éparses, mais autant d’obstacles auxquels les forces armées devront s’adapter en permanence. Ce court essai n’est que le début d’une réflexion qui devrait s’étendre en incluant des spécialistes émanant de nombreuses disciplines, autant de défis à relever. ♦
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