Dressant le bilan de quarante années de coopération entre la France et l'Allemagne, le professeur Daniel Colard distingue deux périodes : celle de la coopération franco-allemande pendant la guerre froide, puis celle du partenariat franco-allemand après la «crise» du couple résultant de la réunification allemande. En cet anniversaire, il revient à ces deux États d'être porteurs d'un vrai projet européen ; le partenariat Paris-Berlin a une triple mission : promouvoir une Europe-puissance, équilibrer une Amérique impériale, humaniser la mondialisation.
Le traité franco-allemand de l'Élysée : réflexions sur un bilan (1963-2003)
Le 22 janvier 1963, le général de Gaulle et Konrad Adenauer signaient à l’Élysée un traité historique qui scellait définitivement la réconciliation entre les Germains et les Gaulois, deux peuples, deux nations qui s’étaient affrontés militairement à trois reprises en moins d’un siècle : 1870 ; 1914-1918 ; 1939-1945.
La période de la réconciliation avait commencé, en fait, le 9 mai 1950 avec le lancement du Plan Schuman-Monnet sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) (1) ; elle s’était poursuivie avec la signature, le 25 mars 1957, des traités de Rome créant deux nouvelles communautés : la Communauté économique européenne (CEE), le Marché commun — et l’Euratom. Le retour au pouvoir du Général, l’homme du 18 juin 1940, en 1958 et le sommet avec K. Adenauer à Colombey-les-deux-Églises, au mois de septembre, allaient favoriser le développement d’une relation privilégiée entre la France et l’Allemagne.
L’échec du plan Fouchet en avril 1962, projet gaullien d’Union d’États, politique et militaire, proposé aux Six de la CEE, suivi de la première visite d’État d’un chancelier allemand à Paris en juillet, et d’une visite en retour du fondateur de la Ve République en RFA en septembre de la même année, sont à l’origine directe du traité d’amitié et de coopération du 22 janvier 1963. Quarante ans se sont écoulés depuis : quarante ans de coopération, de convergences et de succès, mais aussi de déceptions, de divergences et de mésententes selon les circonstances et les défis à relever dans le cadre bilatéral franco-allemand ou multilatéral européen en général, ou communautaire en particulier (2).
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