La recherche de profit contraint l'entreprise à se positionner dans des régions notoirement criminalisées, ainsi qu'à maintenir une présence ou à investir dans des contextes particulièrement criminogènes, tels que les sorties de crise. Selon la même logique économique, certains grands prédateurs criminels se positionnent au contact de l'entreprise afin de ponctionner ses ressources ou détourner ses capacités financières, logistiques et commerciales. Analyser cette exposition de l'entreprise à d'aussi fortes menaces permet de mettre en évidence l'existence d'un risque encore méconnu mais majeur : le risque criminel.
Entreprise et risques criminels
Pression financière constante exercée par le racket d’organisations criminelles, pertes d’actifs dues à des attaques de sites industriels en pays « difficiles », manque à gagner provoqué par la contrefaçon, menace permanente sur le personnel expatrié dans certains pays, mise en examen de dirigeants pour complicité de trafics ou de blanchiment d’argent, mise en cause de la responsabilité civile d’entreprises touchées par des attentats terroristes : l’exposition de l’entreprise à des risques d’origine criminelle est une réalité quotidienne.
Par ailleurs, deux caractéristiques donnent au risque criminel une dimension globale. Il touche l’entreprise dans son ensemble : actionnaires, dirigeants, outil de production, produit, marque, marché… Et il résulte de l’application sur l’entreprise d’une menace générée par des acteurs aussi différents qu’une mafia l’est d’une guérilla, usant de méthodes allant de la piraterie maritime à la manipulation d’actionnaires. De telles caractéristiques de fréquence et d’amplitude éloignent le risque criminel d’une perception pour l’heure trop souvent folklorique, et révèlent au contraire les contours d’un nouveau grand risque de l’entreprise. Saisir toute la dimension de ce risque en en gardant une compréhension claire impose une approche pragmatique. C’est pourquoi cette étude ne repose pas sur une déclinaison empirique des effets de telle ou telle pratique criminelle sur la sphère privée, mais sur l’analyse du lien logique qui relie menace criminelle et entreprise. Ce lien obéit à une rationalité particulièrement nette puisque entièrement centrée sur la recherche du profit :
– le profit qui suscite le positionnement d’acteurs criminels au contact de l’entreprise,
– le profit qui explique le positionnement de l’entreprise en zone criminalisée,
– le profit qui motive le positionnement de l’entreprise en environnement criminogène.
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