Disposer de principes généraux de la guerre, ou désormais plutôt de l’action, reste une nécessité. Appliqués avec discernement, ils représentent les fondements de la pensée militaire. Loin de tout dogmatisme, les principes généraux proposés visent à créer cette communauté de pensée indispensable entre les différentes armées en vue d’une action interarmées efficace, dans des situations de plus en plus complexes. Issus de notre histoire, de notre culture militaire, de notre civilisation aussi, ils accompagnent l’officier dans sa manière de répondre aux défis posés.
Les principes de la guerre encore et toujours
A reminder of the enduring principles of war
There is still a need to have generalised principles of war (or, henceforth, of action). When applied with discernment they remain the foundation of military thinking,. The general principles proposed are by no means dogmatic, but aim to create that community of thought which is essential in the context of efficient joint operations in situations of increasing complexity. They derive from our history, our military culture, and indeed our civilisation, and guide the officer in his responses to the challenges with which he is faced.
La réflexion sur les principes de la guerre est toujours aussi nécessaire afin de préparer l’officier à gagner les conflits futurs, quelles qu’en soient leurs formes. Comme le rappelle cette devise de la défunte école de guerre de l’Armée de terre, « Si vis pacem, para bellum », « si tu veux la paix, prépare la guerre ». À l’image des guerres passées, l’action militaire aujourd’hui ne peut être menée que par une préparation intellectuelle s’appuyant sur des principes généraux clairement définis et adaptés à tous les conflits. Cependant, certains pourraient évoquer la fin de la guerre, et donc l’inutilité d’appliquer des principes la codifiant, en se référant à son habillage sémantique contemporain loin de toute rhétorique guerrière comme « coercition », « gestion des crises », « maintien de la paix », « restauration de la paix », « opérations de stabilisation »…. Le but de l’engagement des armées reste pourtant le même depuis au moins son expression par Clausewitz : atteindre par des moyens militaires des buts politiques qui ne peuvent l’être par la diplomatie.
En réalité, le changement réside dans le fait que la guerre n’est plus seulement militaire. Elle est devenue totale, non par son étendue géographique mais par l’imbrication de multiples acteurs, le plus souvent non militaires ; ce qui conduit à rechercher et à mettre en œuvre la solution la moins violente possible et la plus contrôlée au cours de son évolution, dans une sphère informationnelle mondiale. Dans sa planification et sa conduite, la guerre est devenue non seulement interarmées, mais aussi interalliés, internationale, interministérielle. La destruction de l’Autre, que l’on qualifiera de « source d’opposition » (1), n’est pas l’objectif principal. La préparation et la conduite des stratégies d’action ou de dissuasion sont menées juridiquement en situation du temps de paix. Elles font appel à toutes les ressources d’influence et de coercition dont dispose l’État, ou les États, pour atteindre le but politique ; toujours un but de paix et non plus un but de guerre, en évitant autant que possible que cela ne nuise à la qualité de la vie quotidienne des citoyens.
Dans cet environnement du XXIe siècle, se pose donc la question de la pertinence de principes de la guerre. Cette querelle est certes ancienne, opposant doctrinaires et dubitatifs. Comment parler d’ailleurs aujourd’hui de principes de la guerre alors que les forces armées ne feraient plus la guerre ? Quel intérêt à réfléchir à cette question ? Est-ce bien utile ?
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